18 avril 2024
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Le Hirak n’est pas une partie de belote

REGARD

Le Hirak n’est pas une partie de belote

Les journalistes sportifs appellent ça le débrief. Un bavardage inutile qui consiste à prolonger le match qui vient de se terminer.

On sollicite, pour cela, les experts, on évalue les causes de la défaite des uns et la victoire des autres, on compte le nombre de buts marqués et ceux encaissés, le nombre de tirs, de corners…L’exercice se prête fort bien au football. Mais pas du tout au hirak. On ne « debrief » pas le hirak. Le hirak n’est pas un match de football, ni une épreuve d’examen. Il n’a pas une limite dans le temps. Il n’a pas à réussir ou échouer. Il est le legs d’honneur que chaque génération laisse à la suivante.

Quand a-t-il commencé ? Nul ne sait. Peut-être un matin de l’année 1901, dans la bourgade de Marguerite, du côté de Miliana, aux pieds du Zaccar, quand la montagne rouge avalait les hommes et qu’une jacquerie de paysans révoltés avait fait trembler le pouvoir colonial.

Il pourrait avoir débuté un soir de famine, l’an 1863, sur la terre arrachée par le feu et le sang, ou, allez savoir, un jour de 1922, quand un jeune provincial de Tlemcen rencontra à Paris une vendeuse en parfumerie, fille d’un anarcho-syndicaliste et que de leur union naquit l’Etoile Nord-Africaine, qui deviendra PPA, MTLD puis FLN…Le hirak est, à la foi, aussi vieux que la première branche du premier arbre et aussi jeune que l’enfant à naître. Le hirak n’est pas le combat d’un soir, d’un mois ou d’une année.

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Le hirak n’est pas limité dans le temps. Il épouse le temps. Il est le temps. Nul arbitre ne peut siffler la fin du hirak ou rappeler le temps de jeu qu’il reste à jouer.

Le hirak n’est pas qu’un combat, c’est surtout une façon d’exister. un mode de vie. On ignorera toujours quand il doit se terminer.

Parce qu’il ne finira jamais. Il a ses espérances infinies, ses utopies éternelles , ses finalités, ses délires, une profondeur historiques, c’est-à-dire tous les condiments d’un phénomène appelé à survivre aux hommes, à les entraîner dans l’éternité parce que c’est cela, le combat, le processus révolutionnaire comme disent les théoriciens de la lutte des classes, c’est cela : s’inscrire dans l’éternité. On ne se soulève pas en février pour triompher en septembre.

Se désoler que le Hirak n’ait pas débouché sur une « nouvelle république » en moins d’un an, c’est lui imposer une date de naissance, une date de péremption et faire de lui une affaire divine. On y reviendra. (A suivre)

Auteur
Mohamed Benchicou

 




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