Onze personnalités de l’opposition viennent de prendre rendez-vous avec l’histoire. La société civile et sa classe politique commence à réagir. Le pouvoir n’aura finalement pas réussi à anesthésier les forces vives ni à neutraliser par la répression tous les segments du pays.
« Non aux mascarades électorales sous la dictature !… Oui à une démocratie véritable et à la souveraineté populaire ! », écrivent dans une tribune onze personnalités de l’opposition qui se disent fidèles à l’esprit du Hirak du 22 février 2019.
Pour Ali Laskri, Mohcine Bellabas, Karim Tabou, Fodil Boumala, Mohamed Hennad et d’autres personnalités de l’opposition issues du Hirak, le présent est sombre et l’avenir pas du tout rassurant pour notre pays. C’est le moins qu’on puisse dire quand on connaît le coma généralisé dans lequel Abdelmadjid Tebboune et le général-major Saïd Chanegriha ont plongé depuis quatre ans. Tétanisant et affligeant.
« L’Algérie d’aujourd’hui traverse une situation plus critique qu’avant, avec des perspectives ,à court et à moyen termes, encore plus complexes et plus périlleuses », écrivent-ils dans une tribune publiée hier, soit juste après le dépôt la déclaration de candidatures des 16 prétendants à l’élection présidentielle du 7 septembre 2024.
Un rendez-vous que les rédacteurs de la publication qualifient très justement comme « un autre fiasco à venir ».
« La mascarade du scrutin présidentiel du 7 septembre 2024, sera, sans aucun doute, plus désastreuse que les précédentes. Non parce que ce scrutin ne sera qu’une simple auto-validation du pouvoir en place par son vieil clientélisme mis-à-jour mais aussi parce qu’il approfondira les fractures et divisera le peuple selon un agenda visant à perpétuer, vaille que vaille, un régime sans légitimité ni crédibilité encore moins un projet », assènent les 11 cosignataires du document politique particulièrement courageux et cinglant pour le régime et ceux qui comptent se compromettre dans la mascarade du 7 septembre.
« Face à cette obstination rejetant toutes solutions radicales et tangibles et face à cette imposture conditionnant tout « changement politique sérieux » par de miséreux et parodiques cycles électoralistes aux résultats tranchés au préalable, il nous incombe à toutes et à tous, de tracer aujourd’hui d’autres perspectives pour faire front commun contre » l’incertitude et l’inconnu » qui attendent inéluctablement l’Algérie et son peuple », écrivent les auteurs de la tribune qui, visiblement, veulent prendre date en alertant sur les périls qui pèsent sur le pays, en raison de jusqu’au-boutisme qui caractérise la démarche du pouvoir en place.
Rejet de la présidentielle et transition démocratique réclamée
« Il est, donc, clair que notre responsabilité historique ne se limite pas à un rejet absolu de cette énième mascarade électorale mais exige impérativement de nous la construction d’un rapport de force populaire pacifique et alternatif pour sauvegarder notre entité collective; peuple et patrie. Et ce dans le cadre de nos droits et libertés tels que garantis par la constitution et l’ensemble des pactes et conventions internationaux que l’Algérie a ratifiés depuis des décennies », écrivent les rédacteurs de cette tribune qui s’affichent irréductiblement fidèles au perspectives tracées par le Hirak du 22 février 2029. »
Cette salve politique constitue un premier coup de marteau dans le cercueil de ce scrutin cousu de fil blanc. Il reste à savoir quelle suite que comptent lui donner ses rédacteurs. Car, des dizaines de tribunes et d’appels sont publiés depuis le printemps 2019 sans qu’aucune ne trouve une suite avec un cadre politique clair à même de faire proposer un contre-projet au pouvoir.
Samia Naït Iqbal