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114e vendredi : « Détenus, détenus, nous ne nous arrêterons pas »

DISSIDENCE CITOYENNE

114e vendredi : « Détenus, détenus, nous ne nous arrêterons pas »

La cohorte qui descend comme chaque vendredi la rue Didouche Mourad est moins dense que celle de la semaine passée mais toujours aussi fermement résolue à ne pas s’arrêter.

On scande en s’adressant aux 22 détenus qui ont entamé une grève de la faim : « ya lmo3taklin ya lmo3taklin maranach 7abssine » i.e. détenus, détenus on ne s’arrêtera pas.

Maître Chekirine, avocate des grévistes de la faim, confie : « J’aimerais alerter l’opinion, ils sont dans un état critique,  certains d’entre eux n’ont même pas eu la force de se rendre au parloir.

Les marcheurs qui commencent à prendre conscience que le but est loin d’être atteint, que petit à petit, ils arracheront la liberté et répètent qu’ils parviendront à installer un président légitime. Ils s’en prennent aux services secrets et les qualifient de terroristes. 

La police est très discrète et en nombre réduit. Marcheurs et forces de l’ordre attendent de voir la réaction des manifestants de Bab El-Oued suite à l’arrestation des dirigeants de l’association S.O.S Bab El Oued. La circulation des véhicules, habituellement interrompue à l’aide d’un cordon de camions au niveau du siège de  l’APN, est libre. Mais les forces de l’ordre se ravisent rapidement à la vue de l’importance du flux des manifestants venant de Bab El Oued. Ils finissent par stopper la circulation des véhicules.

D’un pas alerte, espacés d’un mètre a un mètre cinquante les uns des autres ils arrivent en reprenant à l’unisson « Tebboune Lemzaouar »  i.e. Tebboune le mal élu. 

Ils enchaînent par leur fameux slogan : « 60 ans française, fils de Bigeard, nous la voulons algérienne, dégage dégage, nous sommes encore debout espèce de gang et nous vengerons nos martyrs, ne nous arrêterons pas ».

En effet, sur les réseaux sociaux il leur a été soufflé que les dirigeants de SOS Bab El Oued ont été appréhendés avec l’assentiment de l’administration française qui a tenu les enfants du quartier pour responsable des slogans anti-Francais  prononcés il y a  deux vendredi. 

On scande : « Absam Ya bousba3 absam Ya Bousba3 dir la chaine ou taba3 » i.e. signe l’homme au doigt signe fais la queue et pousse pour désigner les électeurs récurrents à chaque élection. On crie sans se lasser durant toute la procession : « les généraux entouma elirhab sba3tach nyoum khaoutna fi idrab » i.e. les généraux vous êtes le terrorisme 17 jours que nos frères ont entamé une grève de la faim.

Les jeunes de Bab El-Oued, engouffrés sous les arcades des immeubles haussmaniens du boulevard Che Guevara entonnent leur nouveau slogan : « Rais echa3b Iidirou outkoun 3andou echaria machi nta ya generaux la soussa lfarancia 3adala bla mizan  ou essa7afa rahia mensia Oh Oh Oh la liberté » ! i.e. « le président c’est le peuple qui le choisit pas toi monsieur le général ni la sangsue française, une justice sans balance et la presse est oubliée Oh Oh OH la liberté ! »

On réclame la chute du régime. Au niveau du commissariat, une rixe est sur le point d’éclater quand un agent de l’ordre perd son sang-roid et veut interpeller un manifestant. Les marcheurs s’interposent et le manifestant reprend sa place dans la foule. On s’adresse aux policiers en leur rappelant que leur « vénalité » est à l’origine  de la situation dans laquelle se trouve le pays.

D’autres jeunes sont fiers de faire découvrir leur nouvelle composition : « GIA el  MAK el 9a3ida moukhabarate khadamin koul djemaa hadja jdida oullah marana 7&bssin » i.e. GIA, MAK et Al Qaida, les services sont à leur poste, chaque vendredi une nouvelle trouvaille, on jure que l’on ne s’arrêtera pas, …

On redit les enfants d’Amirouche comme chaque semaine et on hurle haut et fort : « Imazighen Casbah Bab El Oued ».

Après une semaine mouvementée, durant laquelle Saïd Djabelkhir est condamné à trois ans de prison pour avoir osé pensé, Nacer Meghnine président de SOS  Bab El Oued et huit de ses collaborateurs placés sous mandat de dépôt pour « activités subversives financées par une représentation diplomatique » et que les mandats de dépôts des 22 détenus grévistes de la faim aient été confirmés par une justice qui devrait faire rougir de honte tout algérien qui se respecte.

La situation économique et sociale est effrayante. Elle ne cesse de se détériorer pour la quasi-totalité des Algériens.  S’il n’y a pas rapidement un changement  de braquet, tout porte à croire que ce n’est pas les quelques milliers de marcheurs  que l’on devrait voir investir les rues mais des millions de manifestants.

Dans le même ordre d’idée ce n’est pas quelques voix qui auraient dû s’indigner contre l’appel au meurtre lancé contre les militants du MAK par un certain pitre qui se dit influenceur mais tous les Algériens. 

Auteur
Djalal Larabi

 




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