Vendredi 14 mai 2021
117e vendredi : la protesta atteint son point de non-retour
Des dizaines de manifestants ont été arrêtés.
Dès 13h15 les centaines de marcheurs qui débutent la marche hebdomadaire de la mosquée Errahma, le font silencieusement. Point de rassemblement aux alentours de la mosquée, les journalistes présents se font discrets. La circulation automobile est fluide. En haut de la rue Victor Hugo les policiers dressent un cordon et les prieurs sont invités à circuler.
Empruntant les trottoirs ils descendent la rue Didouche sans dire leurs slogans. Dès le croisement de la rue Richelieu dépassé, ils crient état civil et pas militaire. Ils sont pris en chasse par les brigades de la BRI qui les repoussent vers les rues adjacentes. Les différents accès au boulevard Amirouche sont bouclés et en moins de quinze minutes, vers 13h 30 l’affaire est pliée. Point de marche sur Didouche. Le ton est sec et les récalcitrants embarqués.
Côté front de mer El Kettani et Bab El-Oued la tactique est la même. Etouffement de la marche dans l’œuf à la sortie des mosquées et dispersion des rues principales vers les rues attenantes. Interpellation des fortes têtes et des malchanceux.
Le face à face entre forces de police et marcheurs dure 30 à 40 minutes et de la même manière l’affaire est rapidement clôturée. Vers 14h30 plus de marche à la Casbah Bab El Oued et les manifestants vaquent à leurs occupations.
L’impressionnant dispositif sécuritaire déployé sur la rue Didouche Mourad, le boulevard Amirouche, Asselah Hocine, Che Guevara, El Kettani en plein fête de l’Aid , camions et brigades anti-émeute fusil à pompe sur l’épaule, 4X4, « saladiers » le long des routes et l’efficacité de la tactique mise en œuvre ont eu raison des marcheurs.
Les forces de police qui ont subi un revers le vendredi précédent ont visiblement tenu à faire une démonstration de leur force, et le pouvoir dont le ton est monté d’un cran à travers le communiqué non paraphé émis par le ministère de l’intérieur, soumettant les marches à une autorisation préalable, n’avait d’autre option que d’appliquer sa loi afin d’affirmer son autorité à la veille du début de la campagne pour des législatives qu’une bonne partie de la population rejette.
Les manifestants, pris au dépourvu ce vendredi, ne cessent de répéter qu’ils ne s’arrêteront pas. De quoi sera fait demain ?
Dans un avion, le pilote calcule le point de non retour (PNR) sur un trajet donné. Selon différents paramètres dont la vitesse de l’appareil, la distance à parcourir, l’autonomie en kérosène, le sens et la vitesse du vent, la météo il détermine le point à partir duquel il lui est impossible de faire demi-tour, de rebrousser chemin au risque de se crasher. La protesta semble voir atteint ce point.