Ils étaient nombreux à venir en cette journée du samedi 3 août à Tassaft Ouguemoun (Kabylie) pour rendre hommage au grand militant que fut Mustapha Bacha
En effet, malgré la chaleur caniculaire ayant sévi ce jour-là sur le fameux village du colonel Amirouche, une foule nombreuse est venue prendre part à la 30ème commémoration de la disparition de l’infatigable militant des causes justes Mustapha Bacha, décédé le 08 août 1994.
Cette activité, organisée par la fondation qui porte son nom, a été une occasion, encore une fois, pour se recueillir sur la tombe de l’homme mais aussi pour rappeler son combat pour l’amazighité, la démocratie, les droits de l’homme, les revendications syndicales… En effet, Mustapha était, de son vivant, sur tous les fronts pour se battre pour toutes les causes. Il ne rechignait jamais à la tâche ni à la militance tant il était imprégné des valeurs humanistes.
Homme de conviction et d’action, il était connu pour son franc-parler et son engagement sans failles pour toutes les causes justes. Il fut l’un des principaux acteurs du printemps berbère 1980, ce qui lui valut à l’époque poursuites judiciaires et emprisonnements. Mais Mustapha ne recula point, il rejaillit à chaque épreuve.
Ainsi, après avoir recouvré sa liberté, il participa activement à l’organisation du séminaire du Mouvement culturel berbère (MCB) de Yakouren en août de la même année. Un conclave qui, à l’image du congrès de la Soummam, a jeté les premiers jalons de la lutte pour la reconnaissance de la culturelle amazighe.
Il a été aussi de toutes les luttes syndicales ; sa rectitude morale, son abnégation et son sens de l’organisation ont fait de lui le représentant parfait et le grand défenseur de la cause des travailleurs dans les syndicats où il a eu à militer.
Conscient de l’importance de la politique pour faire valoir les droits du peuple, l’homme milita par ailleurs au sein du GCR (Groupe communiste révolutionnaire) de 1982 à 1984, puis de l’ORT (Organisation révolutionnaire des travailleurs) de 1984 à 1987, avant de fonder en 1989, en compagnie des animateurs du MCB, le rassemblement pour la culture et la démocratie RCD dont il devint le secrétaire national à l’organisation et à la formation.
L’homme de Tassaft Ouguemoun était donc à l’avant-garde de tous les combats et mérite tous les hommages. Ce qui explique d’ailleurs la présence, ce samedi, de cette foule nombreuse composée de ses proches, de ses amis et compagnons, des responsables locaux, des militants associatifs et syndicaux, des enseignants de tamazight.
Même le très cultivé Imam d’At-Yenni, Dda Noureddine, a été de la partie. Il lui a rendu un vibrant hommage tout en se rappelant les moments et les activités militantes qu’il avait partagés avec le défunt.
L’anniversaire de cette année a connu, par ailleurs, la présence des enseignants précurseurs de tamazight qui ont été invités et honorés à cette occasion. Les responsables de la fondation, à leur tête Ali Bacha, ont remercié et salué particulièrement ces formateurs de la première promotion de 1995, pour leur dévouement dans l’enseignement de cette langue.
Ils ont rappelé devant le public présent le courage et l’abnégation dont ils ont fait preuve pour enseigner, dans des conditions difficiles, une langue qui était à l’époque démunie d’un statut officiel.
Des attestations de reconnaissance ont été ainsi remises aux enseignants présents. Les responsables de la fondation n’ont pas manqué également de rendre hommage à ceux parmi cette promotion ayant tiré leur révérence. Des trophées ont été ainsi remis, à titre posthume, à de nombreux enseignants décédés dont Ferhat Chelmouni, Nour Ouled Amara, Ferhat Nait Mohand, Mhenna Boudinar, Naima Hadid…
A noter enfin ce message lancé par certains enseignants à l’occasion de cette 30ème commémoration. Ils ont demandé à poursuivre et à accélérer au plus vite la généralisation de l’enseignement de tamazight.
Cette langue étant le patrimoine de tous les Algériens, il faut, dès lors, l’enseigner dans toutes les villes et villages du pays. C’est le meilleur antidote pour se prémunir, avertissent-ils, contre tous les particularismes néfastes et préserver ainsi l’unité nationale de notre pays.
Salim Guettouchi, universitaire