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37e marche : 1er novembre, de la libération à l’indépendance

DISSIDENCE CITOYENNE

37e marche : 1er novembre, de la libération à l’indépendance

Alger, le 1er novembre 2019. Crédit photo : Zinedine Zebar.

Les marcheurs bravent des kilomètres de barrage et de blocages de toutes sortes pour être présents dans la capitale en ce jour historique. En voiture, train, taxi, bus, voyageant quelquefois depuis deux jours, ils sont enfin là.

Certains sont arrivés dans la soirée d’hier. Ils ont défilé, chanté, klaxonné, pilonné, dormi dehors afin de fêter le 65ème anniversaire du 1er novembre 1954, date du déclenchement de la lutte armée contre la puissance coloniale. Ensemble ils se réapproprient leur histoire. Jamais un premier novembre n’aura été aussi fièrement célébré. Traditionnellement organisée par l’administration et les officiels, cette commémoration ne suscitait qu’un intérêt relatif chez la population.

Mais neuf mois de protesta changent la donne, et l’état d’esprit des jeunes  manifestants. Ils redécouvrent l’histoire et comprennent qu’elle leur a été contée différemment. Ils se rendent compte tristement  qu’un des héros de cette révolution qu’ils honorent est actuellement en détention et crient : libérez Bouregaâ. Ils scandent indépendance, indépendance. Ils ne veulent pas d’un pouvoir militaire et réclament un Etat civil. Ils refusent également les élections, en cette année 2019, et répètent qu’ils sont maîtres à bord. 

Aujourd’hui la circulation piétonnière est pénible. Ce qui rappelle l’ampleur de la foule du 22 Février. On avance difficilement. Femmes, enfants, bébés, personnes âgées ne font qu’un et hurlent :  » Ya Ali , Ya Ali i.e hé Ali, hé Ali se rappelant le héros de la bataille d’Alger et se remettant ainsi dans une atmosphère de révolution somme toute inachevée, qui s’est avérée très longue, duré 65 ans, débuté par une lutte armée et en phase d’aboutir par une lutte pacifique.

Les marcheurs veulent leur indépendance. Ils ont pris la mesure de leur condition. Ils connaissent leurs atouts et leurs faiblesses. Ils restent unis. Ils prennent conscience que leur pays  a été territorialement libéré mais que leur indépendance leur a été confisquée. Ils ont assimilé le fait qu’ils ont été écartés de toute forme de prise de décision depuis 1962.

En ce 1er novembre 2019, réveillés d’un long sommeil, rodés par neuf mois de protesta, leur message est éminemment politique : ils sont dorénavant des citoyens à part entière, rien ne pourra se faire à l’avenir sans eux ou contre leur gré. 

L’éveil des peuples comme au Chili, Bolivie, Liban, Egypte, Irak, Equateur, Guinée, Algérie, Maroc, Tunisie, Haïti, Hong Kong n’est qu’un prélude à de futurs bouleversements mondiaux. Internet, les réseaux sociaux et les diverses avancées technologiques sont assurément les facteurs déclencheurs de tels changements.

Les dirigeants de ce monde ont du mal à s’y faire, à suivre ces évolutions. Ils restent accrochés à des rapports stéréotypés et dépassés. 

Les marcheurs aujourd’hui changent de statut ils passent fièrement et élégamment de celui d’hommes libérés à celui d’homme libres et indépendants. 

Auteur
Djalal Larabi

 




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