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4 propositions pour la seconde république

TRIBUNE

4 propositions pour la seconde république

Maintenant que le Hirak est agonisant pour s’être fracassé contre le mur malgré les avertissements de certains dont je fais partie, il est temps qu’il reprenne la direction du projet politique sérieux.

Voici quatre propositions qui me semblent incontournables pour lui, à la condition que la prochaine fois il saura s’entourer d’autres symboles que ceux des foulards et de la TV du rejeton de Madani comme projet politique.

Ce jour là, le Hirak retrouvera le chemin de la vraie révolution, sans youyous et marches du vendredi après-midi.

1. La laïcité 

La religion doit être circonscrite hors du domaine et du financement public par son éviction de la constitution. 

Il faudra bien que le peuple algérien comprenne un jour la définition de la laïcité qui n’est absolument pas l’interdiction de la religion mais, au contraire, sa protection.

En continuant dans cette direction, la religion musulmane qui terrifie les citoyens de ses interdits et de ses dogmes, est condamnée à disparaître de l’espace public car aucune avancée de l’humanité n’a permis la perpétuation d’un pouvoir théocratique.

Ce jour là, la religion musulmane trouvera dans la laïcité la protection de la liberté de conscience que les démocrates accordent toujours aux citoyens qui se conforment aux institutions laïques et démocratiques.

Il appartient aux croyants algériens de prendre leur responsabilité et, pour une fois, se rendre compte de ce qu’est leur intérêt. La laïcité est leur dernière chance avant que les mosquées deviennent des endroits à touristes et des perchoirs à pigeons, dans le meilleur des cas.

2. La régionalisation

Sans remettre en cause l’unité et l’intégrité nationale, elle donnerait enfin aux langues et cultures une base anthropologique libre afin de s’épanouir.

Si ce pays n’est pas capable de faire vivre plusieurs langues et cultures dans un cadre officiel, il est alors condamné à se poser la question de l’utilité de son unité. Car les langues et cultures de ce pays sont une réalité qu’aucune incantation ni interdiction ne sauraient ignorer.

La régionalisation fut demandée de longue date et existe dans de nombreux pays. Le problème de la Catalogne est justement celui d’une erreur fondamentale d’avoir voulu occulter le passé franquiste sur prétexte d’unité nationale et d’oubli du passé. 

3. L’abrogation du code barbare de la famille 

Aucune avancée civilisationnelle et de modernisation, sociale et économique, ne pourra être dans l’agenda de l’Algérie sans l’égalité et les droits de la moitié de la population, les femmes.

C’est une exigence incontournable de l’humanité du XXIème siècle. La jeunesse algérienne n’a aucun avenir avec cette barbarie d’un autre âge. Elle aussi n’a aucune chance de se perpétuer, il appartient également aux croyants de se rendre compte de leur intérêt car ils ne pourront pas justifier pour longtemps encore cette loi du 7ème siècle.

4. Jugement d’officiers félons et des milliardaires offshore 

La justice n’est pas la vengeance mais l’assurance d’un futur apaisé. Aucun pays dans l’histoire qui a cru mettre sous le tapis cette étape judiciaire n’a pu éliminer les démons et les frustrations du passé qui reviennent, un jour ou l’autre, les hanter.

Sous prétexte de tourner une page douloureuse et d’avancer, éviter une justice pénale à ceux qui ont terrorisé et pillé ce pays est une faute lourde. Car comment envisager une constitution et un droit dans la seconde république en justifiant que les plus grands criminels et corrompus ont eu un effacement aussi facile de leurs actes ?                                                          

La démocratie prévoit toujours dans son droit la disposition de l’amnistie pour apaiser les souvenirs des passés douloureux. Mais d’une part, elle ne peut être acceptée pour les responsables les plus incriminés et, d’autre part, elle ne s’envisage qu’après la condamnation pénale et la restitution des biens mal acquis, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays.

Si le Hirak, pour le moment décédé, veut revenir à la politique révolutionnaire et ressusciter, il lui faudra passer par de sérieuses résolutions politiques et arrêter les marches du vendredi après-midi, rendez-vous à la grande poste à 14 heures. 

Ces quatre propositions lui sont destinées, outre-tombe.

Auteur
Boumediene Sid Lakhdar, enseignant

 




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