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6e anniversaire du Hirak : tension maximale et surveillance accrue

Le Hirak

Le Hirak a nourri le rêve de changement pacifique du régime

À l’approche du sixième anniversaire du Hirak, les autorités algériennes ont renforcé la répression et multiplié les arrestations visant les militants et défenseurs des droits humains.

Le 22 février fait toujours craindre le pire pour le regime. Aussi, les limiers de la surveillance sont sur les dents. Ces derniers jours, plusieurs arrestations arbitraires ont été constatées, entraînant le report de certains événements. Cette montée en tension suscite l’inquiétude des observateurs et alimente les craintes d’un durcissement du pouvoir à l’encontre des voix dissidentes.

Fethi Ghares violenté  

La militante du Mouvement Démocratique et Social (MDS), parti suspendu par les autorités algériennes, Messaouda Cheballah, épouse du chef du parti Fethi Ghares, a dénoncé, via les réseaux sociaux, une violente interpellation menée par des policiers en tenue civile alors qu’elle rentrait du tribunal de Bab El Oued (Bainem) avec son mari.

Selon son témoignage, l’incident s’est produit à Raïs Hamidou, où un groupe d’hommes a tenté de maîtriser Fethi Ghares et de l’embarquer de force dans deux véhicules, une Clio et une Nissan. Sans aucune identification ni explication sur les motifs de leur interpellation, les policiers en civil « ont fait usage de violences et de propos insultants à leur encontre ».

Messaouda Cheballah a souligné l’absence totale de respect des droits fondamentaux et « des traditions algériennes ». Seule femme parmi les policiers présents, elle a dû faire face, avec son mari, à des insultes, des menaces et un traitement dégradant. Selon elle, Fethi Ghares a été menotté et a subi des coups, y compris au visage.

Arrestation de l’activiste Ali Fadel à Annaba 

Ali Fadel, ancien détenu d’opinion, a été arrêté le 17 février à Annaba. Il est actuellement en garde à vue et devrait comparaître devant le parquet. L’activiste et ancien détenu d’opinion Ali Fadel a été arrêté hier lundi 17 février 2025, à la wilaya d’Annaba.

Selon des sources locales, l’activiste a été placé en garde à vue en attendant sa présentation devant le parquet du tribunal. Selon sa famille, il sera présenté cet après-midi devant le parquet du tribunal d’El-Mhafer, dans la même wilaya.

Ihsane El Kadi interrogé puis relâché 

Le journaliste et ex-détenu d’opinion Ihsane El Kadi a été interrogé par les services de la sécurité avant d’être relâché le 19 février. L’interrogatoire aurait porté sur l’anniversaire du mouvement du 22 février 2019. Selon ses proches, l’interrogatoire a tourné autour du sixième anniversaire de la révolution pacifique du 22 février 2019.

Ihsane El Kadi a été libéré après 22 mois de prison, après avoir bénéficié le 30 octobre 2024 d’une mesure de grâce du Chef de l’Etat Abdelmadjid Tebboune. Par cette énième arrestation, le régime entend montrer qu’il  est étroitement surveillé et peut à tout moment le renvoyer derrière les barreaux.  

Répression des résidents en médecine : des cas alarmants 

Deux résidents en médecine engagés dans le mouvement de grève entamé depuis décembre fait face à un traitement méprisant de la part des autorités. Deux membres du collectif sont condamnés.

·     Aissani Mohamed Souleymane, condamné à un an de prison ferme à Annaba.

·     Dr. Charaf-Eddine Talhawi, coordinateur des médecins résidents grévistes, maintenu en détention à Tlemcen. Des ONG appellent à leur libération immédiate.

Taher Tamim : trois ans de prison requis 

Le militant Taher Tamim risque trois ans de prison et une lourde amende. Le verdict sera rendu le 24 février. Le militant et ancien détenu d’opinion Abtaher Tamim a comparu, lundi 17 février 2025, devant le tribunal d’Aïn El Hammam, à la wilaya de Tizi Ouzou. Lors de l’audience, le parquet a requis une peine de trois ans de prison ferme ainsi qu’une amende de 300 000 DA. Le verdict sera rendu le 24 février 2025.

Le militant est poursuivi selon son avocate, Me Samira Deioueche pour « diffusion et promotion de fausses nouvelles et de propos malveillants portant atteinte à la sécurité publique et à l’ordre public ».

Condamnation d’Abla Guemari : une injustice de plus 

Abla Guemari, militante emprisonnée pour « apologie du terrorisme », a été condamnée à trois ans de prison, dont deux ans fermes. Son arrestation en septembre 2024 avait déjà suscité l’indignation. La détenue d’opinion Drama Abla, Alias Abla Guemari, a été condamnée dimanche 16 février 2025, à trois ans de prison, dont deux ans de prison ferme et un an de prison avec sursis, par la Cour de la wilaya de Ouargla.

L’activiste incarcérée, a été condamné à 3 ans de prison ferme assortie d’une amande de 300 milles DA, par le tribunal de Ouargla, le 6 janvier 2025. Lors de son procès qui a eu lieu le 30 décembre dernier, le procureur de la république avait requis à son encontre 3 ans de prison ferme et une amende de 50 milles DA.

Arrêtée par des éléments de la police sur son lieu de travail le 27 septembre 2024, Abla Guemari est accusée « d’apologie du terrorisme » pour avoir dénoncé la situation de précarité et de misère dans la région du sud du pays. Le juge d’instruction du tribunal de la ville de Touggourt avait ordonné de transformer son contrôle judiciaire en détention préventive.

Le procès de l’universtaire Mira Mokhnache reporté

La Cour d’Alger a reporté le procès de l’universitaire Mira Moknache et ses co-accusés à la prochaine session criminelle.

Mira Moknache est poursuivie dans ce dossier en compagnie de huit militants et activistes pour des accusations en lien avec le « terrorisme » sur la base de l’article 87bis du code pénal.

Lors de leurs procès en première instance, le tribunal criminel de Dar El Beida avait prononcé l’acquittement de Mira Moknache, de Larbi Yahioune, de Nadir Chelbabi et de Arezki Hidja.

Le même tribunal a acquitté Hamza Benzrara, Mourad Miche, Djamel Didi, et Nacer Boukhari de l’accusation d’ »appartenance à une organisation terroriste. Il les a cependant condamné pour « apologie d’actes terroristes » à deux ans de prison ferme et une amende de 200 000 dinars chacun. Tous les quatre étaient en détention préventive.

Par ailleurs, deux autres accusés, qui se retrouvent à l’étranger, à savoir Souraya Sough et Menissa Kessi, ont été condamnés par contumace à dix ans d’emprisonnement.

Projet de loi sur les partis politiques en Algérie : une menace pour le pluralisme 

Le gouvernement algérien présente un avant-projet de loi sur les partis politiques qui suscite de vives réactions au sein de l’opposition. Parmi les mesures contestées :

·     Obligation d’une représentation dans une trentaine de wilayas pour les congressistes.

·     Intégration imposée d’une proportion de jeunes et de femmes dans les structures des partis.

·     Mandats limités à cinq ans, renouvelables une seule fois.

·     Dissolution des partis n’ayant pas présenté de candidats à deux élections successives.

·     Interdiction de l’usage de langues étrangères dans les activités partisanes.

Face à ces restrictions, l’opposition s’inquiète et dénonce. Le Parti des travailleurs parle d’une « caporalisation de l’activité politique » et le RCD d’un « effacement de la vie partisane ». 

La rédaction avec Riposte Internationale

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