A Zaknoun, Bouabderrahmane et Tiguemounine, villages de haute Kabylie, dans la commune des Ouacifs, à une quarantaine de km au sud-est de Tizi Ouzou, l’onde de choc provoquée par l’annonce, mardi dernier, du terrible naufrage, au large du littoral ouest de la wilaya de Tipaza, d’une embarcation qui transportait au moins 26 candidats à la migration clandestine n’arrête pas de provoquer ses effets dans les esprits.
Dans ces trois villages où l’on compte 5 victimes dont deux morts, deux disparus et un rescapé, on est partagé entre le deuil, la consternation et l’angoisse de la longue attente.
Depuis mardi dernier, et en l’absence de toute communication officielle, les informations relayées sur les réseaux sociaux ont alimenté les rumeurs les plus folles notamment sur le nombre exact des jeunes de cette région ayant fait partie du voyage qui n’ira, malheureusement, pas à son terme, y compris pour les deux rescapés de ce voyage mortel dont le jeune Amrane Idir de Zaknoune retrouvé vivant et gardé en observation à l’hôpital.
Expectative et angoisse
Pendant ce temps, l’anxiété et l’angoisse sont le lot quotidien des habitants de ces villages et des familles restées sans nouvelle de leurs enfants, caressant le fol espoir de les voir revenir sains et saufs.
Malheureusement, de terribles nouvelles finiront par tomber: les jeunes Ben Ameur Kousseila et Bensadi Malik font partie du lot des victimes décidées. Leurs dépouilles qui ont été rapatriées des morgues de deux EPH de la wilaya de Tipaza après leur identification par leurs parents ont été enterrées dans leur village respectif.
Jeudi, le jeune Kouceila Ben Ameur a été enterrée dans son village natal Zaknoune.
Dans la soirée de vendredi, c’était au tour de la dépouille de la deuxième victime, Malik Bensadi (49 ans et père de 4 enfants), d’arriver à son village, Bouabderrahmane, pour y être enterrée en présence d’une foule nombreuse venue s’associer au deuil des siens.
Quid des disparus ?
Beaucoup, aux Ouacifs, à commencer par les familles concernées par cette terrible tragédie, caressent l’espoir du retour bien en vie de Kara Djafar et Mouhoub Hocine qui font partie du nombre des naufragés qui ont été portés disparus.
Mais l’espoir de les revoir vifs ou morts tarde à venir de Tipaza où familles des victimes et villageois sont à l’affût de la moindre information qui leur sera livrée par les autorités compétentes qui pour l’heure brillent par leur silence.
Ni la gendarmerie nationale ni la justice n’ont communiqué sur ce drame passablement relayé par les médias.
Seul le service de presse de la direction de la protection civile (DPC) de la wilaya de Tipaza continue à publier des communiqués laconiques et parcimonieux sur le réseau social Facebook, faisant part des interventions effectuées par les agents de ses différentes unités pour le transfert de corps sans vie du port de Cherchell vers les hôpitaux les plus proches.
Au cours de leurs interventions effectuées le jeudi et samedi 8 et 10 juin 2023, les services de la Protection civile de Tipaza ont, en effet, indiqué avoir transféré un total de 12 corps sans vie repêchés en haute mer par les éléments des gardes-côtes, vers les morgues des EPH de Sidi Ghilas et de Cherchell et qui attendent d’être identifiés.
On dénombre au moins trois femmes et deux enfants parmi ces victimes décédées qui font, vraisemblablement, partie du groupe de candidats à la migration clandestine parmi lesquels se trouveraient des ressortissants syriens, selon diverses sources.
On estime à 26 le nombre de naufragés ayant embarqué, probablement, lundi dernier, depuis les rivages de la commune de Larhat, daira de Damoys, à l’ouest de Tipaza.
Samia Naït Iqbal