Aɣṛum est cet aliment de base qui accompagne presque tous types de plat. En nourrissant depuis des siècles les siens, il a su se faire meilleure réputation pour pouvoir ainsi conserver son statut.
De ce fait, notre Aɣṛum n Lqbayel , cet aliment rassembleur et d’origine ancestrale, est bien une denrée à part qu’on appréciera toujours autant pour ses intenses saveurs pour notre faim et son odeur qui nous mène, comme à chaque fois, par le bout du nez.
Par ailleurs, depuis les temps anciens, les kabyles ne manquent pas, dans un geste de fraternité traditionnelle, de proposer ce pain en signe de partage, d’hospitalité et de loyauté.
C’est d’autant plus important que chez nous, il n’est pas rare d’entendre ce qui suit au sujet de cet ami loyal et digne de confiance : «On a mangé du pain ensemble », ce qui signifie qu’ils ont affronté côte à côte les difficultés de la vie. Ceci montre qu’une amitié solide a été forgée entre les deux parties, notamment depuis cet instant où ils ont partagé le pain (tagula d lemlah) et ont mangé ensemble. Cette tradition reste d’ailleurs encore respectée de manière symbolique.
De toute évidence, notre pain est un très fort symbole du savoir-faire et savoir-vivre à la kabyle. C’est bien là un riche patrimoine culturel des Amazigh que nous avons si bien protégé et jalousement préservé, assurant ainsi sa transmission de génération en génération.
Il est alors temps de se poser la question suivante : pourquoi alors ce pain des autochtones berbères ne fait-il pas, d’ailleurs à l’image de la baguette française, son entrée sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’Unesco ?
Il convient cependant de vite s’accorder sur une appellation commune, sachant que cet incontournable pain que chaque kabyle apprécie et consomme tout au long de l’année est désigné sous plusieurs appellations.
Mais alors, que choisiriez-vous entre Aɣṛum n Leqbayel, Aɣṛum aquran, Afḍir, Aɣṛum bu skir, tamtount n Leqbayel, etc.
Yazid Sadat