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« Aɛattar » de Lounis Aït Menguellet :  reflet de nos traits burinés par l’épée !

 

Lounis Aït Menguellet au Mans. @H. Arab

« Aɛattar » est l’un des premiers titres, voire le premier, dans lequel la revendication identitaire est traitée à sa juste mesure, avec cette force tranquille qui caractérise notre barde.

« J’ai rêvé comme si c’était vrai, le présent n’est plus le passé ». Ce présent calqué sur le passé où de tous temps moult envahisseurs ont tout fait pour nous faire perdre nos repères et nous empêcher de nous émanciper de la tutelle des colons.

Dda Lounis ne réclame pas moins qu’un miroir pour voir si son ami dit vrai quand il affirme ne plus reconnaitre ses traits. «

Je veux savoir si c’est vrai, si l’épée m’a pas à ce point buriné ». Il s’agit évidemment de de toutes sortes d’idéologies, celles qui sont invitées chez nous sabres et mousqueton sà la main, de ces envahisseurs venus nous pacifier. Nos aïeuls n’ont-ils pas été forcés d’épouser l’islam par l’épée ?

À cet égard, il me revient en mémoire ma professeur de Français, une Algérienne debout, en seconde au lycée de l’émir Abdelkader d’Alger, quand pendant l’étude comparative des textes de Rabelais et Voltaire, la religion s’était invitée dans les débats : -« vous savez mes enfants, nous dit-elle quasiment en chuchotant, quoiqu’on en dise, l’Islam nous a été imposé par l’épée ». Ce jour-là, la moitié de la classe est devenue athée !

Comme quoi, l’éducation peut vous faire basculer d’un extrême à l’autre par une seule phrase empreinte de vérité.

Le marchand ambulant

J’ai rêvé de l’arbre édulcoré

Heureux de ses racines ravivées

 

J’ai rêvé de l’arbre édulcoré

Par ses racines enfin irrigué

 

J’ai rêvé de l’arbre édulcoré

Enfin dans ses terres planté

 

J’ai rêvé comme si c’était vrai

Le présent n’est plus le passé

 

J’ai rêvé comme si c’était vrai

J’ai vu la montagne se ranimer

 

J’ai rêvé comme si c’était vrai

Son tapis de givre enfin dégelé

 

J’ai rêvé d’une chaine en fer

Cousue de ficelles d’écrue

 

J’ai rêvé d’une chaine en fer

Reliée à des fils satinés

 

J’ai rêvé d’une chaine en fer

De soie, à la terre accolée

 

Ô toi le marchand ambulant

Vends-moi un miroir pour me voir

Mon ami vient de m’alerter

Qu’il ne reconnaissait plus mes traits

Je veux savoir si c’est vrai

Si le couperet m’a à ce point buriné

 

De laine j’ai tissé un tapis

On accoure de tous les pays

Tout le monde se le disputait

À l’ombre je ne faisais qu’observer

Quand je voulus le protéger

La gâchette s’est enrayée

 

Il m’en a demandé le coût

Ton prix sera le mien

 

Les gens ne trouveront pas

La place du fusil évidée

Je ne te le cèderai pas

Même en lingots d’or acquitté

 

Celui qui les connait est démasqué

Tel un têtard dans un ruisseau

 

Les flots qui l’ont entrainé

Sur les rives les germes se sont amoncelés

Leur amour n’est qu’impossible grimpée

Leurs connaissances que contrariété

Kacem Madani

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