Te savoir enfermé est une clameur dans nos veines.
Un outrage. Une obscénité.
Un homme de vérité jeté dans l’ombre comme on jette un rocher à la mer.
Ils t’ont arraché à la lumière, croyant t’étouffer.
Mais c’est eux, aveugles, qui vacillent.
Ils t’ont pris. Mais ils n’ont rien compris.
On n’enferme pas un écrivain de ta trempe.
On ne menotte pas un esprit libre comme le tien.
On ne jette pas en cellule une vie entière passée à défendre l’amour contre la haine,
la pensée contre la propagande,
l’universel contre le repli.
Le 16 novembre, ils ont frappé.
Ils ont cru faire tomber un homme.
Mais ils ont frappé l’Histoire.
Et l’Histoire n’oublie rien.
Ils t’ont pris.
Un soir de novembre 2024.
Comme on emporte une braise pour l’étouffer.
Comme on kidnappe la lumière pour mieux régner dans l’obscurité.
Ils t’ont arraché à la vie libre, à la page blanche, au vent du monde.
Mais ils n’ont rien compris.
On n’arrête pas un cri.
On ne bâillonne pas l’éclat d’une conscience.
Tu es plus qu’un homme, Boualem.
Tu es une voix debout.
Une colonne de feu dans un désert de lâcheté.
Ils t’ont cru seul.
Mais nous sommes là.
Partout.
Des milliers.
Des milliers de voix qui te ressemblent.
Des milliers de cœurs qui battent à l’unisson de ton courage.
Tu n’es pas un prisonnier.
Tu es leur miroir,
et ce reflet leur fait peur.
Tu as brandi l’universel.
Ils ont voulu t’enfermer dans leur petite prison nationale.
Tu as défendu notre liberté à tous.
Ils t’ont puni pour leur propre servitude.
Mais nous ne sommes pas dupes.
Ils t’ont pris, Boualem, parce que tu déranges.
Parce que tu éclaires.
Parce que tu écris avec un feu qu’ils ne savent pas éteindre.
Parce que tu rappelles aux peuples que la vérité n’est pas négociable.
Et nous ne pardonnerons pas.
Cinq mois.
Cinq mois que ton corps souffre.
Que la maladie ronge.
Que la solitude oppresse.
Mais ils oublient : un esprit libre ne ploie pas.
Ils peuvent salir ton nom sur leurs plateaux.
Mais nous,
nous l’écrivons sur les murs,
dans les rues,
dans les consciences :
BOUALEM SANSAL. HOMME LIBRE. HOMME JUSTE. HOMME VIVANT.
Tu es là où l’honneur respire.
Et eux, là où le mensonge se terre.
Tu es le battement du cœur du monde qui résiste.
Ils sont l’agonie d’un régime qui pourrit.
Ils ont cru faire taire ta plume.
Mais chaque ligne que tu as écrite est une arme de lumière.
Chaque mot une braise qui ronge leur silence.
Chaque livre un acte de résistance.
Nous sommes là, Boualem.
Et notre voix est la tienne.
Ils t’ont pris pour faire peur.
Mais c’est leur peur qui suinte à chaque barreau de ta cellule.
Leur peur de la liberté,
leur peur du courage,
leur peur de toi.
Ils tremblent, Boualem. Et nous, nous marchons avec toi.
Nous portons ton nom comme on brandit un flambeau dans une nuit trop longue.
Ton nom est vivant, nous le portons très haut.
Il claque au vent de notre révolte.
Il se glisse dans nos poitrines.
Il murmure à ceux qui n’osent plus rêver.
Nous ne lâcherons rien.
Ni ta mémoire.
Ni ta voix.
Ni ta liberté.
Tu es un homme debout dans un monde à genoux.
Tu es un phare qu’ils ont voulu éteindre,
mais dont la lumière traverse encore les brumes les plus épaisses.
Ils t’ont mis en cage. Mais c’est l’oiseau qui vole.
C’est la cage qui rouille.
Boualem, tiens bon !
Ta liberté est proche.
Ta voix est intacte.
Kamel Bencheikh