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A comme Algérie (25)

Hygiène

A comme Algérie (25)

 Le monde actuel nous fait payer trois choses vitales qu’il n’a pas fabriquées et qu’il ne cesse de saboter : l’eau, la nourriture libre que sème  la nature et la vidange du côlon. Quand on tend l’aumône au SDF qui résiste au naufrage, il doit compter les sous pour le pain, ceux pour la bouteille d’eau et en garder pour les toilettes s’il y en a autour de lui. Quand il ne cherche qu’à remplir son estomac et faire sur lui, il est déjà hors des espèces vivantes. La chienne qui met son petit au monde, d’emblée lui apprend à garder son environnement propre.

Du temps des sources en veux-tu en voilà, du temps où les forêts étaient le garde-manger des humains, le mendiant ne parasitait la tribu que pour fuir une jungle  où il risquait d’être la nourriture naturelle d’autres bêtes.  De nos jours, curieusement, c’est les pays les plus civilisés qui offrent la possibilité à leurs habitants de jouer à Tarzan ou à Robinson Crusoé. En Angleterre, la TV peut nous montrer une femme universitaire capable de rejeter sa vie de Londonienne à la page et d’aller vivre comme une sauvage en pleine nature. Impossible en Algérie  même pour un homme ceinture noire et kalachnikov au bras. Sauf pour  un terroriste jouissant de la grotte sophistiquée d’un  émir. Pour la simple raison que l’Etat a tout saccagé  sources,  forêts, rivières,  bêtes… y compris la mémoire berbère sans réussir  à greffer l’arabe.  Ce qui explique qu’en une seule génération et sous le même étendard de l’Islam, sans aucun envahisseur et les poches pleines d’or noir,  les enfants des révolutionnaires se sont transformés en  génocidaires.  Dès sa réouverture en 1962, la Régence interdit aux Algérois ce que les colons n’ont pas osé : les W.C. publiques et l’accès à la mer comme secours. Dès lors, Alger la Blanche ne devait plus sentir que le pipi et le caca au propre puis au figuré grâce à la France de Chirac et à l’Amérique d’Obama. Souvenons de sa première toilette pour accueillir le premier, puis ses bras ouverts au second pour ressusciter son grenier au blé en le débaptisant en secret  Monsanto pour gommer Rome.  Les Romains, si amoureux des bains et des toilettes publics qu’ils leur inventaient des dieux : Steriutius pour les « lieux d’aisances » et le fumier ; Crepitus pour les gaz. Ainsi que la déesse Cloacima qui veillait sur l’égout principal, cloaca Maxima pour les eaux de pluie( Wikipedia).   « L’argent n’a pas d’odeur », disait l’empereur romain Vespasien, qui avait eu l’idée de faire un impôt sur l’urine que récupéraient les teinturiers et blanchisseurs pour dégraisser les vêtements.

Grâce aux archéologues, on sait que depuis la nuit des temps, l’homme comme la chienne sentait d’instinct qu’il devait s’éloigner de tout ce que le corps expulse. XXV  siècles av J-C, dans la ville d’Harappa dans la civilisation de l’Indus, les chercheurs ont découvert des toilettes fonctionnant à l’eau et des égouts en briques dans chaque maison.  Des milliers d’années plus tard, la Mésopotamie, l’Egypte, la Chine  puis Rome en firent autant.  Au IVe siècle av J-C, les moines bouddhistes du Sri Lanka utilisaient des pots poreux pour  récupérer comme engrais  les déchets. Partout où l’agriculture dominait, on utilisait ce genre d’engrais. Au Yémen, dans la ville de Sanaa, célèbre pour sa propreté et encensée par l’historien al-Hamdani, les toilettes se trouvaient en haut des constructions et les résidus  tombaient dans des fosses en contrebas. Vidés et desséchés pour servir de carburant et d’engrais.  De nos jours des pays comme la Belgique, la Norvège qui a pourtant du pétrole, utilise ce procédé comme énergie pour leurs usines…En Chine, 90 % des excréments sont utilisés dans l’agriculture. La Chine, devenue une grande puissance à partir du jour où elle a cessé d’avoir faim. C’est-à-dire quand elle a laissé ses paysans libres de choisir le fruit de leur culture. Si Confucius conseillait parfois le « copiage », il poussait toujours  au juste milieu : la prudence.  

En Amérique, chez les Aztèques, il y avait aussi  des toilettes publiques fabriquées avec des roseaux pour les besoins de la tannerie.   En Europe, on a utilisé à Paris, Londres, Berlin… le même procédé pour nourrir la terre. Les édifices (châteaux, abbayes…) construits avec un plan hydraulique…tous les déchets tombaient dans le vide, direction  les eaux des douves et des canaux. On a ignoré le savoir-faire des Romains.  À Paris, les toilettes publiques étaient des cabanes sur les rivières, fossés…Les plus riches dans leur résidence vidaient leur pot de chambre par la fenêtre avec les ordures. À Versailles, les courtisans pouvaient se soulager derrière une porte.  Idem à Londres où La Rochefoucauld se plaignait de ses hôtes londoniens qui gardaient leur pot de chambre à côté de la table et s’en servaient sans gêne durant le repas. L’expression « Gardy  loo ! » (Prenez garde à l’eau !), les Anglais l’utilisaient pour avertir les passants quand les pots de chambre se vidaient au-dessus de leur tête.  Curieusement les Britanniques désignent les toilettes par loo (l’eau) et les Français préfèrent le water (eau en anglais) .  Pourtant,  en 1592 c’est John Harington, poète et filleul de  la reine Elisabeth 1ere d’Angleterre, qui  fabriqua la 1ere chasse d’eau. À la fin du 18e, la situation hygiénique en Europe devint intenable avec l’arrivée d’un engrais bon marché : le guano. Résultat, les fosses ne furent plus vidées, la Seine et la Tamise ne charrièrent plus que des excréments. L’époque de la « Grande Puanteur) ouvrit les bras aux épidémies de la peste, du cholera, de la diphtérie…et toutes les épidémies dues à la pollution de l’eau.  Il a fallu attendre l’invention en 1836 de la toilette à eau par l’anglais Thomas Crapper et la toilette à terre par son compatriote Thomas Sziburne (Wikipedia) . En 1880, pour se débarrasser de la « Grande Puanteur », Paris imposa enfin l’égout plus de 26 880 années  après la civilisation de l’Indus. Et dire qu’on les appelle les primitifs, les sauvages et en arabe, les ignorants.

En Algérie, nos ancêtres savaient enrichir la terre  pour réussir leurs champs de céréales mieux que tous les paysans  du bassin méditerranéen.  De 1830 à 1962, l’Algérie, colonie française,  a dû utiliser le guona comme engrais puisque la France fut l’un des trois principaux importateurs avec l’Angleterre et les USA. Le guona dont le principal exportateur, le Pérou, est  un engrais naturel  et très efficace (sang séché os broyés  d’animaux, excréments marins,…) De nos jours, l’Algérie qui n’a pas réglé ses problèmes de toilettes publiques, a fait mieux que la France, elle n’importe pas seulement  les engrais Monsanto, elle lui livre ses  terres  et  son ministre de l’Agriculture d’expliquer que tout ce qui devrait être fait se fera.  On sait que nous ne pouvons  pas revenir vers l’ancien engrais puisque seul le naturel est susceptible de nourrir le naturel. Avec Monsanto en la demeure, tout sera contaminé  par les éléments dangereux :   hormones, résidus de traitement médicaux et autres pollutions chimiques. Il suffit de  taper « santé en Argentine » pour découvrir  les horreurs de toute une génération Monsanto. Ce n’est pas pour rien que les plus grands producteurs d’OGM d’Amérique ont refusé le blé RR Monsanto. Sans compter les 1001 procès. Et les juges, de l’International Monsanto  Tribunal  pour violation des droits humains  et écocide, qui ont conclu que ses activités ont un impact négatif sur les droits humains  fondamentaux.  (La Haye 18/04/2017) Ce qui n’a pas empêché, le moteur de l’Europe, l’Allemagne, tout en lui fermant ses portes,  de racheter le leader mondial des pesticides  avec sa marque Bayer, célèbre elle aussi pour ses femmes cobayes : les déportées d’Auschwitz. C’est vrai que là où il y a problème ou besoin, le sexe faible est une cible idéale. On sait, avec ou sans les statistiques, que les femmes ont besoin d’aller aux toilettes deux plus que les hommes. L’absence des W.C. ou leur incommodité, les sanctionnent particulièrement lorsqu’on y ajoute la période de la menstruation. 

Que dire quand trois éléments se conjuguent  en  même temps: – des toilettes payantes (insécurisées ou inexistantes) – un besoin pressant- les poches vides ? Le problème n’est pas négligeable puisque, depuis 2001,  l’ONU s’en est emparé et a fait du 19 novembre la journée mondiale des toilettes.   En 2014, on comptait au moins 1 milliard de personnes dans le monde privé de sanitaires. Et à l’OMS de souligner que  ce manque accroît le risque d’épidémies du choléra, la peste, la diphtérie, Ebola etc. Dans la zone subsaharienne, chaque deux minutes trente, un enfant meurt  après avoir bu une eau polluée (OMS, novembre 2014).  La même année, Ban-Ki-Moon (SG de l’ONU) soulignait le lien entre violences sexistes et l’assainissement : « Nous avons l’obligation morale de mettre un terme à la défécation à l’air libre et le devoir de protéger les femmes et les fillettes contre le risque d’agression et de viol découlant de l’absence et installations sanitaires. » Pour en arriver là, à briser ce tabou, il a fallu que les chiffres soient bien alarmants. À New York, depuis 2005, on oblige les bâtiments publics à réserver 2 fois plus de WC pour les femmes.

À Paris, on multiplie les toilettes gratuites et mixtes 24h sur 24h. En Belgique, le plan des « Infirmiers de la rue » porte le titre de « la réinsertion par l’hygiène ». Des blouses blanches sensibilisées par les dégâts causés par l’absence de toilettes publiques et gratuites au sein d’une population fragilisée. Leur but est  d’enrayer « Bruxelles poubelle ». Il faut dire qu’à Bruxelles,  même le Molenbeek des kamikazes est cerné de verdure, d’étangs, d’immenses parcs et terrains de jeux. Et si on  s’y connait géographiquement parlant, on peut trouver des vergers gratuits, des bibliothèques  où on peut boire de l’eau, lire, surfer sur le net et bénéficier des W.C. le tout sans débourser un sou. Sans oublier les foyers et le social qui va avec,  à condition de n’être ni  alcoolique ni accompagné d’un animal domestique. Que dire d’ « Alger Poubelle »  qui, à chaque remontrance internationale, se précipite pour rafraichir son maquillage  aux endroits les plus vernis c’est-à- dire les plus visibles. Loin de l’invisibilité et du brouhaha des camps de concentration et des asiles de ses banlieues. Remplis d’irresponsables, de mabouls  à qui n’importe quel  robot  mécanique peut rassurer de la sorte : tout ce qui doit se faire, se fera…

Auteur
Mimi Massiva

 




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