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À Kateb Yacine, à notre butin de guerre !

HOMMAGE

À Kateb Yacine, à notre butin de guerre !

Yacine, mon frère, Yacine notre butin de guerre ! Durant les interminables sombres et glaciales nuits du rude hiver, à partir de Cirta de Massinissa, comme tous tes compatriotes, tu voyais et tu aspirais fortement à « Nedjma ». Tu voulais qu’elle brille intensément et éclaire toute Tamazgha, même « homme aux sandales de caoutchouc » que tu étais, et même pieds nus, dans ton long « soliloque » et dans le noir, tu gardais espoir. 

Après une révolution si féroce que « la guerre de deux mille ans », même que « minuit passé de douze heures « , et même que les gens chantaient et dansaient, ta « Nedjma » n’a toujours pas brillé, car le « vautour » et ses acolytes ont formé « Le cercle des représailles » pour décimer « la poudre de l’intelligence » semée par le héros qu’on a transformé en « cadavre encerclé » sur les hauteurs d’Alger. 

Tu n’as survécu au massacre de Kherrata que pour te blottir dans les bras de ta « Nedjma » sur la terre de ta maman. Mais c’est cette même « Nedjma » qui t’a dit : comme, tu rivalises ceux qui monopolisent, la décision est prise, « Mohamed prends ta valise ». 

Oh « polygone étoilé » ! Tes angles offensifs et aigus ne t’ont pas sauvé. Désormais, ta terre est une seconde « Palestine trahie », après la France, c’est la naissance de la « Boucherie d’espérance ».

C’est sur cette terre qu’un nul du Nil, un semeur de sel qu’on a importé pour transformer des générations en têtes de mule, c’était ce borné de Ghazali qui a émis une fatwa qui t’interdisait d’être enterré dans ton Algérie afin que tu demeures un « cadavre encerclé » pour l’éternité.

Yacine notre lion ! Les gérants ont dévié le sillon. Ils poussent les intellos et les savants à traverser, les mers et les océans. Pour régner, ils ont divisé ce peuple qui a perdu son élan en croyants et en mécréants.

Leurs discours, c’est des hi-han, leurs promesses, c’est du vent, toujours en arrière et jamais en avant. Leur modèle est le califat du levant. Leur boulevard est puant et la direction, c’est le néant. Le sanguinaire se repent, ils lui ont tendu le micro pour dispenser des leçons aux cerveaux pensants. 

Kateb au grand bagage, c’est l’orage. À tes idées, ils font barrage. Le troupeau qui croit aux mirages maudit tes ouvrages. Heureux que tu n’aies pas assisté à ce naufrage et à ce saccage. Malheur à nous qui continuons à la nage sans être certains d’atteindre le rivage. Tout décourage, le peuple est à l’image du bourreau qui l’a pris en otage. 

C’est l’école au diabolique breuvage qui fait aux cerveaux des lavages dès le jeune âge, qui enseigne aux élèves les rites du tuage et qui réduit la foi à l’habillage et au non-rasage par le gavage des idées du moyen-âge.

Maquisard de la plume, repose en paix ! Ton « cadavre encerclé », un jour sera libéré. 

 

Auteur
Rachid Mouaci

 




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