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À la mémoire de Abdelhak Brerhi

Opinion

À la mémoire de Abdelhak Brerhi

 

Même si de leur vivant, nous ne les glorifiions pas et, qu’au contraire, nos regards ne furent que méfiance et incompréhension à leur égard, du fait de les avoir vu, du haut de leurs diplômes et de leur intelligence supérieure, côtoyer et se mettre au service, quasi-adorative, de cette bande de brigands qui occupe le pouvoir indûment, il n’empêche que les voir ainsi disparaître est, un tant soit peu, remuant !

Voir des hommes de la stature de Brerhi se mettre au service de ces potentats au sommet soulève des interrogations qui mutent souvent en irritation quand de tels cadres, qui donnent tous les signes d’une éducation et d’une sagesse distinguées, mettent autant de zèle à suivre des ordres, pour le moins incohérents, édictés de plus haut ! À l’image de cette loi, la plus scélérate de toutes, à l’origine du top départ à la médiocratie ambiante, qui place les bacheliers en sciences islamiques (pardon au mot science) au-dessus de toutes les autres séries ! Un bac, mention supérieure, qui permet à son titulaire un accès en toute majesté à toutes les filières universitaires, y compris celles de la médecine et des sciences exactes. Une règle des plus saugrenues que Monsieur Brerhi s’était empressé d’accepter et d’appliquer sans rechigner du temps de Chadli ! Une loi, souvenons-nous, immédiatement suivie d’un coup d’accélérateur irréfléchi à cette arabo-islamisation forcenée qui a coulé le pays en moins d’une décennie !

Pourtant, lors des assises universitaires organisées à la coupole du 5 juillet, au milieu des années 1980, il me revient en mémoire cet exploit sportif de notre ministre qui, en toute spontanéité, n’hésita pas à effectuer un saut en hauteur périlleux, digne des champions olympiques, pour enjamber une barrière limitrophe de la scène et de la salle pour se diriger vers un groupe de l’UNJA, campé au fond et pollué par des islamistes, afin de mettre fin à un vacarme incessant qui perturbait les débats ! Ces jeunes acquis à la cause de la grotte d’Arabie huaient toute intervention qui osait remettre en question cette arabisation amplifiée qui nous a coulés. Quelques jours après cette prouesse, un journaliste d‘Algérie-Actualité fait remarquer à Monsieur Brerhi que son geste sportif relève de la pure démagogie. Un reproche que notre ministre avait évacué en ces termes : -si c’est faire preuve de démagogie que de vouloir remettre de l’ordre dans une salle surchauffée, alors vive la démagogie ! Le soir même ou le lendemain, wa Allahou a3llam, Brerhi est remercié ! Le pouvoir supérieur n’a pas dû voir d’un bon œil qu’un ministre à son service ose descendre de scène pour aller gronder ses petits protégés, ceux-là même qui allaient, 2 ou 3 années plus tard, renforcer les rangs des groupes islamistes qui ont mis à feu et à sang le pays !

Comme tant d’autres, comme Sid-Ahmed Ghozali, lequel ne s’est pas encombré de quelconque facétie pour avouer n’avoir été qu’un Harki du système, Abdelhak Brerhi s’est peut-être laissé bercer par l’illusion de ses capacités à faire avancer un système qui a résolument enclenché la marche arrière vers l’an…622 !

Quoiqu’il en soit, quand bien même, de leur vivant, nous n’applaudissions pas ces tripatouillages indécents avec le pouvoir, il est impossible de rester indifférent à leur disparition, de refouler ce sentiment de tristesse qui vous envahit ou ces petites pensées d’empathie pour les leurs, en ces journées d’affliction !

Nos sincères condoléances à la famille, aux proches, et aux amis de Monsieur le ministre qui, quoi qu’on dise, avait certainement à cœur de libérer, à sa façon, le pays du joug de ses innombrables démons ! Comme tant d’autres, il s’en va, l’échec et les désillusions devançant ses derniers pas, mais qui osera prétendre réussir là ou des Brerhi, des Ghozali, des Saïd Sadi et des Aït Ahmed ont failli, face à des Aek-el-Mali endurcis ?

Reposez en paix Monsieur le Ministre !
 

Auteur
Kacem Madani

 




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