Site icon Le Matin d'Algérie

À Paris, le restaurant L’Avenue ne veut ni Arabes ni femmes voilées

Le gérant d’un restaurant chic accusé de racisme

À Paris, le restaurant L’Avenue ne veut ni Arabes ni femmes voilées

Réputée pour être fréquentée par tout le gratin parisien et les célébrités internationales de passage dans la capitale, la brasserie chic L’Avenue se retrouve aujourd’hui au cœur d’un scandale sur fond de racisme et d’islamophobie.

Les responsables sont en effet accusés par quatre de leurs anciennes serveuses de faire du profilage racial, comme le rapportent leurs témoignages recueillis par BuzzFeed News.

Selon elles, la direction du restaurant demandait quotidiennement de « ne prendre aucune réservation de personnes au nom d’origine arabe ou de touristes venant du Moyen-Orient », explique ce jeudi 17 le site d’informations.

Ce que l’enquête montre, c’est que la direction de L’Avenue n’aime pas trop les Arabes, ni les femmes voilées. Pour leur fermer les portes du restaurant, ils ont mis en place un véritable système discriminatoire en plusieurs étapes. 

Les quatre anciennes employées affirment que leur hiérarchie leur faisait régulièrement passer la consigne de ne prendre aucune réservation de personnes au nom «d’origine arabe» – c’est l’expression du directeur – ou de touristes venant du Moyen-Orient (les pays ciblés sont le Qatar, les Émirats arabes unis, le Bahrein et l’Arabie saoudite). Les quatre femmes assurent que si une femme voilée se présentait, elles devaient la refuser, prétextant que le restaurant était plein, même s’il ne l’était pas. En outre, elles assurent que ce système bien rodé est toujours à l’œuvre aujourd’hui.

« Le directeur dit souvent qu’il préfère avoir deux personnes blondes, belles, en terrasse, avec deux cafés, plutôt que des femmes voilées, même si elles sont riches. Celles-là, on devait les refuser, et à chaque fois qu’une hôtesse prenait une réservation d’un client avec un nom arabe, il demandait qui avait pris cette réservation et rappelait la consigne de les refuser autant que possible en faisant croire que le restaurant est complet », a ainsi raconté une serveuse.

Les noirs interdits de rez-de-chaussée

Refoulées par le restaurants, certains n’ont pas hésité à dénoncer des faits similaires sur des sites tels que Trip Advisor ou Google, qui permettent de noter les restaurants en ligne. Il faut prendre ces messages avec des pincettes, car il est difficile de les authentifier, mais la multiplication des avis dénonçant des pratiques discriminatoires interroge. L’enquête a recensé une dizaine de commentaires évoquant implicitement ou explicitement les manip’ discriminatoires de L’Avenue. 

Le gérant déjà accusé de harcèlement sexuel et moral

D’après l’enquête, ce n’est pas la première fois qu’Alexandre Denis, le gérant de L’Avenue mais aussi de La Société (un autre établissement de la galaxie Costes à Paris) est accusé de recourir à des méthodes de management répréhensibles. En 2010, une serveuse avait porté plainte contre lui pour harcèlement sexuel et moral.

«Les agissements du gérant sont aussi directement dirigés contre Mme F. personnellement. Pour exemples : après un service du midi, [Alexandre Denis] exige qu’elle se rende à son domicile « pour coucher avec lui », peu avant son mariage, pour « enterrer sa vie de garçon ». Comme elle ne s’y rend pas, le lendemain il lui attrape la tête, lui presse les tempes et lui demande : « Pour qui tu te prends ? ». À plusieurs reprises, quand elle prend les commandes sur l’ordinateur, il se frotte contre elle ; il lui fait des commentaires à caractère sexuel sur son physique : « T’as une grosse poitrine »on copain doit se régaler. » Parfois, quand elle manifeste son mécontentement, il prend de la bave de son chien et la lui étale sur une épaule ; il lui donne un coup de pied dans les jambes, pour lui faire mal et au risque qu’elle fasse tomber les piles d’assiettes.»

 

Auteur
Avec Buzzfeed

 




Quitter la version mobile