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A propos de l’exercice politique : la norme et l’erreur 

Hirak

Le dire aussi clairement que modestement, c’est s’épargner les critiques qui pourraient venir de ceux dont les soucis majeurs sont la surenchère, la démagogie, le populisme, réflexes propres au sujet moderne obsédé par les progrès techniques qui auraient « sauvé » l’humain de ses errances idéologiques et des sens qu’il devrait retenir de ce qu’il a vécu dans une terreur ressentie comme syndrome d’une existence standardisée (être, c’est déjà problématique, et ceux qui cherchent le bonheur seraient ridicules, voire vicieux), c’est-à-dire une plateforme sacralisant les droits acquis passivement par l’humain : le droit à la mort, le droit à l’oubli, le droit à l’effort, etc.

Droits ayant nourri les sociétés bourgeoises (bourgeois n’est pas utilisé comme concept sociologique, mais comme notion philosophique dont l’intérêt scientifique entrave ce que nous pourrions appeler l’épistémè.) ayant pu retenir, malgré tous les efforts fournis par les philosophes, le récit-type de l’humain. La narratologie qui résume la structure du récit à trois phases a renforcé le pouvoir de l’idéologie bourgeoise et permis aux idéologies hégémoniques (principalement le militarisme qui aurait suivi le conservatisme, l’ethnicisme considéré comme pur produit des sociétés névrosées, etc.) de reconstruire les événements selon une logique sans matrice émotionnelle commune (la famille).

Nous avons pu reconsidérer l’union, mais nous n’avons pas accepté le conflit (serait-il juste d’évoquer les travaux de Addi Lahouari ?) comme surface de compétition existentielle « légitime ».

Dans une famille il doit y avoir un certain relâchement dans les tendances comportementales, alors qu’un ordre mené d’une main de fer (les idéologies monothéistes) ne peut jamais être sinon remis en cause, du moins discuté, la Kabylie ne semble pas pouvoir être vaincue par ses névroses, notamment celles liées à la terre.

L’Algérie serait la propriété des militaristes, l’Islam la propriété des islamistes et la Kabylie celle des kabylistes. La kabylité est une posture universelle, née d’une civilisation qui a ses propres dogmes et ses propres projets dont pourrait s’inspirer tout Être historique. 

Joindre les kabylistes aux deux précédents protagonistes, c’est s’offrir un très confortable raccourci. En ces moments, c’est comme tirer sur l’ambulance. 

Toutefois, ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain : l’Algérie a ses spécificités et c’est aux gouvernants de permettre à la Nation de se perpétuer avec tous ses composants. Les militants n’ont pas à être persécutés, pourchassés et traqués.

Ce sont ceux qui exercent la politique, les militants et autres promoteurs de la pensée libre et responsable qui devraient être protégés des agissements des hordes et appareils institutionnels qui représentent le vrai danger qui pèse sur la patrie.

Si le comportement de l’impérialisme est à dénoncer sans la moindre réserve, il faut que les groupes qui agissent au nom d’idéologies conservatistes soient interdits d’accès à l’espace public. Ceux qui, au nom du populisme, se permettent le luxe du leadership, doivent quitter l’espace politique. Certes, la conscience a démissionné, mais des voix dignes restent à l’écoute des anonymes ; cela est un acquis révolutionnaire.

Il n’y a pas de complexe à voir les politiques exercer de la pédagogie, c’est d’ailleurs la tâche majeure qui leur appartient, mais à mettre en mode politique des questions qui touchent les névroses originelles -constitutives et transitoires-, c’est menacer de convertir les entités nées de la préservation de l’humain en pathologies que nul ne peut soigner, c’est-à-dire céder à la tentation droitiste : les subversions rentables pour les groupuscules qui luttent contre la communion des existentialités et des politiques.  

Abane Madi       

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