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Abdelaziz Belkhadem : 40 ans de grâce, 10 ans de disgrâce !

Belkhadem

Belkhadem à gauche du général-major Saïd Chanegriha

Que deviendrait le pouvoir sans la réserve de génies que constituent les caciques du FLN ? Le cas de Belkhadem représente l’étalon même de la serpillière au service de l’État. Notre premier « empastillé » officiel avait été banni par Bouteflika en août 2014 en le faisant chuter de son trône de ministre d’État, pour des raisons encore floues et que l’ancien président avait habillé de subterfuges aux relents de haute trahison, sans fournir la moindre preuve ni explication, évidemment.

Le 26 août 2014, Bouteflika met fin par décret aux fonctions de Belkhadem en qualité de ministre d’État, conseiller spécial à la présidence de la République ainsi qu’à toutes ses activités en relation avec l’ensemble de structures de l’État. Il est également exclu du FLN. Il faut avoir été mêlé à des histoires d’espionnage pour recevoir autant de disgrâce par un simple décret présidentiel.

La carrière de Belkhadem est remarquable à maints égards, tant ce pur produit du système aura traversé les arcanes du pouvoir depuis l’âge de 26 ans. En effet, c’est en 1972 qu’il est sollicité par Boumediene pour occuper divers postes successifs, dont ceux de député, de président de l’Assemblée et de Premier ministre. Qui dit mieux ?

Le retour de cet ancien fidèle du FLN qui n’avait jamais caché ses positions islamistes, osant aller à l’encontre de l’armée en 1991-1992, démontre que la boussole en haut lieu est irréversiblement coincée et tournée vers la Mecque.

À noter qu’en termes d’âge, Abdelmadjid Tebboune est né une dizaine de jours après Belkhadem. C’est dire que notre président semble décidé à donner un bon coup de jeune aux acteurs politiques au sommet.

D’ailleurs, à y regarder de près, c’est une réhabilitation méritée de notre « empastillé ». En pleine effervescence du mouvement Barakat, n’avait-il pas appelé au respect de la liberté de manifester contre le 4e mandat et pour le boycott des élections présidentielles du 17 avril 2014, s’opposant ainsi de plein front à son mentor Bouteflika ? Un hirakiste avant l’heure, en somme.

Allez circulons, il n’y a rien à voir ! Laissons nos octogénaires nous mener à ce bon port qu’ils sont les seuls à connaître. 62 ans après 1962, la platitude politique occupe le terrain et nous nargue de ces vieux malotrus inassouvis.

Kacem Madani

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