Il n’y a rien à dire, quand on a occupé quelconque poste de responsabilité dans les rouages de l’État, on ne peut échapper à un formatage qui vous fait débiter des discours suivant un modèle précis. À l’image de cette obsession grotesque à toujours pointer du doigt la main de l’Étranger pour expliquer tout et n’importe quoi, quand on est à court d’arguments.
À cet égard, la dernière sortie médiatique d’Abdelaziz Rehabi sur BRTV (voir vidéo ci-dessous) ne déroge pas à une règle éculée du sérail politique. Ainsi, pour expliquer l’échec du dialogue qu’il avait chapeauté pendant le Hirak, notre ex-ambassadeur s’adonne à toute une gymnastique syntaxique. Ebouriffant !
Selon notre ancien diplomate, « le Hirak a duré longtemps, ce qui a créé un stress chez les services de sécurité, puis son infiltration par des groupes radicaux algériens et par l’étranger ». Voyons ! Ah cette main de l’étranger toujours bonne pour lui faire porter toutes les compromissions imaginables.
« Au début, c’était une affaire algérienne, mais en prenant la dimension qu’il avait prise, il était devenu une affaire de sécurité régionale », analyse doctement notre ancien ministre.
Par ailleurs, comme à son accoutumée, Abdelaziz Rehabi n’hésite pas à incriminer feu Gaid Salah. Pour lui, « il était exclu d’envisager une quelconque discussion avec le chef d’état-major », d’autant plus, dit-il, que « la radicalisation du Hirak, il en est en partie responsable ». Quel courage à posteriori ! Que dira-t-il de Tebboune après son départ ?
En attendant, souvenons-nous qu’en début d’année, le même vénérable Rehabi avait tenu le même discours : « Si l’Algérie a raté son rendez-vous avec l’histoire, la responsabilité réside essentiellement dans l’intransigeante rigidité du chef d’état-major de l’armée et son incapacité à comprendre que le Hirak était d’essence patriotique ». Évidemment, les morts ont toujours tort.
On le voit donc, selon Rehabi, si la révolution pacifique n’a pas tenu ses promesses, c’est essentiellement à cause d’Ahmed Gaïd Salah et la main de l’Étranger. Corolaire : Si le Hirak est d’essence patriotique, qui peut l’avoir étouffé sinon des antipatriotes ? De quoi dérouter les quelques neurones coriaces qui circulent encore dans la caboche !
Si on ne peut qu’être d’accord sur la responsabilité de l’ancien patron de l’armée, on reste sur sa faim quant à cette prétendue infiltration de l’étranger !
Qui se cache derrière cette main invisible ? Le Maroc ? la France ? Israël ? Pétaouchnok ? Dites-le nous donc M. Rehabi ! Que nous sachions enfin qui sont nos ennemis pour nous en méfier !
Être une heure, rien qu’une heure, une heure seulement dans la peau d’un homme du sérail, pour ne pas mourir idiot.
Kacem Madani