Le désaveu cinglant infligé par le peuple algérien au processus électoral engagé par Abdelmadjid Tebboune pour sa réélection suscite toujours des critiques acerbes de certains personnalités politiques.
Après Mohcine Belabbas et Sofiane Djilali, c’est autour de l’ancien diplomate et ministre, Abdelaziz Rahabi d’intervenir dans un débat.
Son constat est sans appel : »L’Algérie est entrée dans une période de non-gouvernance, après les élections présidentielles », assène-t-il, dans un message publié sur son compte X (ex-Twitter).
Tout est dit dans le court message de l’ancien ministre de la Communication qui a décrit le taux élevé d’abstention observé lors du vote du 7 septembre comme étant l’expression du « Hirak » qui semble, pour lui, toujours en mouvement au sein de la société algérienne.
« Le Hirak silencieux a parlé. Ce que j’ai toujours redouté et dénoncé à plusieurs reprises vient de se produire », prévient l’ancien ministre, qui s’est converti à l’opposition du temps du défunt président Abdelaziz Bouteflika après que ce dernier l’eût démis de ses fonctions en plein conseil des ministres.
Abdelaziz Rahabi a terminé sa salve par un cinglant constat : « L’Algérie a atteint un stade de non-gouvernance. »
Pour l’ex-ministre, la crise politique auquelle est arrivé le pays s’explique par le refus du pouvoir d’exaucer les revendications principales du mouvement populaire de 22 février 2019. A savoir une justice indépendante, le respect des libertés publiques, la lutte contre la corruption, la libération des champs politiques et médiatiques. »
Des revendications qui ne sont pas l’apanage et la tasse de thé du régime d’Abdelmadjid Tebboune qui s’est illustré par la manipulation, une répression judiciaire et policière tous azimuts touchant les opposants, les activistes politiques, les journalistes qui ne s’inscriventpas dans sa doxa. Soit l’exact contraire de tout ce que réclamait la rue algérienne.
La déclaration de Rehabi intervient à la lumière de la confusion qui s’est installée suite à l’annonce des résultats par l’Autorité indépendante des élections, annonce qui a suscité l’étonnement et les sarcasmes de la majorité des citoyens.
Le FFS et le MSP dont les candidats ont été humiliés par les résultats annoncés par l’ANIE sont dans l’attente des réponses que réservera le Conseil constitutionnel à leurs recours.
La direction de campagne d’Abdelmadjid Tebboune qui a obtenu une majorité écrasante de 5 329 253 voix, soit 94,65% des voix a curieusement accompagné les directions de campagne de Youcef Aouchiche et de Hassani Cherif, en cosignant un communiqué dans lequel ils ont remis en cause les chiffres annoncés par Mohamed Charfi.
Dans leur communiqué, les représentants des candidats ont souligné « l’ambiguïté et la contradiction des chiffres des taux de participation ; la contradiction des chiffres annoncés par le chef de l’autorité avec le contenu des rapports de dépouillement et de collationnement des votes délivrés par les municipalités et des commissions électorales des wilayas et l’ambiguïté de la déclaration annonçant les résultats provisoires des élections présidentielles, dans laquelle la plupart des données de base étaient absentes. Pour autant, aucune remise en cause de la victoire attendue d’Abdelmadjid Tebboune.
Samia Naït Iqbal