Abdelmadjid Tebboune fait encore des vagues avec ses déclarations sur l’avenir économique et social de l’Algérie. Annonçant des réformes ambitieuses et une volonté de lutter contre la corruption, il veut faire croire à un renouveau économique. Cependant, la réception de ces annonces mérite une analyse critique.
Mal élu, le chef de l’Etat veut se donner une contenance politique et économique. D’où sa conférence de presse qui, en réalité, ressemble à un simple raout dans lequel Tebboune s’entendait essentiellement parler sans échanges vigoureux de la part des journalistes.
Au cours de son speech, Tebboune a mis l’accent sur la nécessité de diversifier l’économie algérienne, historiquement dépendante des hydrocarbures. Si cette initiative est louable, elle n’est pas nouvelle.
Les gouvernements précédents avaient déjà évoqué cette diversification sans jamais mettre en œuvre de véritables stratégies. L’absence de mesures concrètes et d’un plan détaillé soulève des questions sur la sincérité de ses intentions. Les Algériens ont besoin de preuves tangibles plutôt que de promesses qui résonnent comme des échos du passé.
«Il a une méconnaissance manifeste du peuple algérien, observe un analyste. Il ne connaît même pas le prix d’une baguette de pain, ni d’un km d’oignons, comment peut-il se targuer de la bonne santé économique ?».
En matière de lutte contre la corruption, le chef de l’Etat a assuré que des mesures strictes seraient mises en place. Les corrompus ont de quoi s’inquiéter ! Mais les Algériens ne sont pas dupes. Le manque de transparence dans les enquêtes et la lenteur de la justice restent des préoccupations majeures. Les scandales passés, souvent étouffés, laissent entrevoir un système qui semble imperméable aux changements réels.
Les Algériens, qui ont manifesté leur puissant désir de changement lors du Hirak, se montrent sceptiques face à des discours qui semblent déconnectés des réalités quotidiennes.
Par ailleurs, Tebboune a également abordé les questions sociales, notamment celles relatives au chômage des jeunes. Bien que des initiatives aient été annoncées pour stimuler l’emploi, les résultats concrets tardent à se faire sentir.
Le marché de l’emploi en Algérie souffre de nombreux maux, allant d’une offre peu adaptée aux besoins du secteur privé à une bureaucratie lourde qui freine les investissements. Les jeunes, qui représentent une part significative de la population, attendent des actions plus immédiates et efficaces.
Il est aussi pertinent de souligner le contexte politique dans lequel s’inscrit ces déclarations. La volonté de Tebboune de renforcer son pouvoir face aux oppositions internes et à la méfiance populaire pourrait influencer ses discours. La rhétorique du changement pourrait ainsi être interprétée comme un moyen de légitimer son autorité, plutôt qu’un véritable engagement envers la réforme.
Enfin, la situation régionale et internationale complique encore la donne. Les tensions géopolitiques, notamment avec le voisin marocain, et les défis économiques globaux, exacerbés par les crises énergétiques et alimentaires, pèsent lourd sur l’Algérie. Les annonces de Tebboune doivent donc être prises avec précaution, car elles doivent s’inscrire dans une stratégie plus large de gestion des crises.
En conclusion, bien que les déclarations de Tebboune sur la diversification économique, la lutte contre la corruption et l’amélioration du chômage puissent sembler prometteuses, leur crédibilité repose sur des actes concrets et une volonté réelle de transformation. Ce dont elles souffrent terriblement quand on sait que son mandat a été particulièrement chaotique à tout point de vue.
Les Algériens attendent des résultats tangibles et une gouvernance transparente pour restaurer la confiance dans leurs institutions. Le défi est de taille, et le temps dira si les mots se traduiront en actions significatives.
Sofiane Ayache