A croire que Tebboune s’ennuie terriblement au palais d’El Mouradia. A défaut d’avoir un agenda digne d’un président, il a entretient celui d’un ministre quelconque. Impopulaire et mal élu, il peine également à être audible à l’international.
Dans quel pays voyez-vous un chef de l’Etat recevoir à tour de bras PDG, ambassadeurs, imams, conseillers… ? Seul Abdelmadjid Tebboune (79 ans) est capable de cet exploit !
Aujourd’hui son agenda était chargé ! il a reçu le boss du groupe malaisien Lion et l’ambassadrice de Grande-Bretagne ! Le tout avec les tambours médiatiques ! Beaucoup d’encre pour peu de choses.
Il y a pourtant comme un air d’isolement total de ce chef de l’Etat à l’international. En crise avec une tripotée de pays, il ne trouve plus personne à recevoir. Ni à rencontrer. Jamais l’Algérie n’a peu compté à l’internationale que depuis 2019. « La diplomatie sous Tebboune est comme maudite, s’alarme un ancien ministre. Plus personne ne l’a prend au sérieux.». Un journaliste à la retraite enchaîne : « C’est quand même invraisemblable, impopulaire à l’intérieur, le régime sous Tebboune se paye le luxe de collectionner les crises à l’international, personnellement dès que j’assainie mes affaires et je quitte le pays », se désespère un homme d’affaires.
Les Chinois et les Turcs ne nous voient que comme un tiroir-caisse pour rafler les marchés de la construction. Quant aux Russes, on se rappelle comment Tebboune a été reçu à Moscou allant jusqu’à qualifier Vladimir Poutine d' »ami de l’humanité » avant que ce dernier ne daigne lever le petit doigt pour défendre l’Algérie aux Brics !
Si l’on évoque nos plus proches pays ; avec le Maroc, tout le monde le sait, on est en plein guerre froide. Et avec la France on macère carrément dans le délire ! Les dernières accusations de tentative de destabilitation du pays par la DGSE ont été balayées avec mépris par le ministre des Affaires étrangères français. Leur gravité n’y a rien fait.
Mais tout remonte à fin juillet quand Emmanuel Macron a annoncé son soutien au plan marocain pour l’autonomie du Sahara occidental. Tebboune et ses parrains ont pris la mouche depuis ce soutien et le net réchauffement des relations entre Paris et Rabat.
Comment peut-il dicter les relations diplomatiques à Emmanuel Macron, alors qu’il est sourcilleux quand on fait la moindre critique de l’Algérie ?», s’interroge ce vieux routier des rédactions algéroises. Soyons clair, même si nous savons que la question du Sahara occidental doit être réglée au niveau de l’ONU, l’Algérie ne peut raisonnablement dicter les choix diplomatiques d’un autre pays, la France en l’occurrence. Ce que Tebboune a d’ailleurs essayé sans succès avec l’Espagne.
Dans ce cas, pourquoi Tebboune n’a pas rappelé l’ambassadeur d’Algérie à Washington quand les Etats-Unis ont annoncé en 2020 leur soutien au plan de Mohammed VI ?
Il y a une semaine, Abdelmadjid Tebboune était en Mauritanie pour ramener ce pays dans le giron de l’Algérie et l’éloigner de l’influence du palais royal marocain. C’était la première fois qu’un président algérien se rendait à Nouakchott depuis l’ère de Chadli Bendjedid. Mais voilà qu’on apprend ce mercredi que le président Ould Cheikh El Ghazouani a pris l’avion pour Rabat. On attendra de voir ce qu’il sortira de cette visite surprise. L’arc frontalier du Sahel échappe depuis quelques années à l’influence de l’Algérie. Depuis qu’ils sont dirigés par des juntes militaires, le Mali et le Niger ont pris de nouvelles trajectoires. Le premier a mis son destin aux mains des mercenaires Wagner. Donc de la Russie. Le Niger que dirige d’une main de fer le général Tiani entretient toutefois la même paranoïa que Tebboune et ses parrains.
Impopularité
«Comment voulez-vous être respecté et pris au sérieux à l’étranger si vous ne respectez pas votre peuple ?», s’interroge un citoyen. De juste, il y a un fossé insondable entre le peuple et le système en place. Ce que celui-ci nie et refuse de voir. «Tebboune c’est l’approximation permanente, beaucoup de bruits, des déclarations ronflantes mais peu suivies d’actes», ajoute notre ancien ministre. Il est vrai qu’avec sa novlangue, Tebboune est sans nul équivalent. Même le défunt Bouteflika et sa morgue ne lui arriveraient pas à la cheville ! Il y a comme une grave crise de confiance entre les dirigeants et le peuple. Et le Hirak a été l’expression la plus aboutie de ce désaveu.
Le comble c’est que Tebboune qui a prétendu avoir répondu aux manifestations du Hirak fait exactement le contraire. Un état de fait qu’il est incapable de reconnaître. Sûr de lui, il refuse de voir que le monde change, que le peuple algérien aspire à autre chose à cette gouvernance mortifère que le système lui impose.
La répression, l’arbitraire sous toutes ses formes, la paranoïa… ne peuvent être des instruments de gouvernance durable.
Y a-t-il encore quelqu’un qui puisse faire entendre raison à ceux qui gouvernent le pays ?
Sofiane Ayache