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Abderrazak Makri et ses tristes élucubrations

COMMENTAIRE

Abderrazak Makri et ses tristes élucubrations

Les dernières déclarations du Président du MSP Abderrazak Makri sont pour le moins étranges, des allégations qui viennent s’insinuer dans la confusion politique que connaît le pays en cette fin d’année tumultueuse et incertaine.

Je ne connais pas personnellement le personnage, mais il ne m’est pas étranger vu le nombre de déclarations qu’il faisait à longueur de mois, les unes plus fracassantes que les autres.

Pour ne pas perdre mon objectivité, et croyez que ce n’est nullement aisé dans cette circonstance carnavalesque, j’admets que le Président du MSP a tout à fait le droit d’exprimer sa vision des choses, telles qu’il les conçoit.

J’admets par la même occasion que la communication est primordiale, elle est le socle sur lequel se base un homme politique quel que soit son projet, c’est une manière « de faire » universelle, les algériens n’ont pas inventé le fil à couper le beurre, d’ailleurs, quel usage en feraient-ils vu le prix du beurre. 

Nous sommes bien loin des procédés de communication « boosté » à coups de millions de dollars dans d’autres pays, les scandales y inhérent sont souvent retentissants lors des campagnes électorales, les exemples de ce genre ne manquent pas, croyez-le.

Cela dit, les partis politiques algériens qui croient animer la scène médiatique sont loin des budgets réservés à la communication dans les pays dits « développés », il faut le savoir, mais le manque de moyens ne peut justifier certaines déclarations nerveuses  parsemées d’absurdités, en vérité, elles ne font qu’embrouiller ce qui est déjà assez compliquer à démêler.

C’est exactement le cas du Président du MSP qui ne cesse de s’enfoncer dans des abîmes jamais atteintes par un homme politique en Algérie, c’est à croire, que Monsieur Makri a raté sa vocation, il aurait fait un excellent spéléologue et encore, vu sa maladresse, il risquerait de toucher au mauvais rocher et provoquer un séisme dévastateur qui décontenancerait Loth Bonatiro.

Makri déclare, tout de go, je le cite : « Certains nouveaux venus en politique après le 22 février, n’ont pas considéré le Mouvement populaire comme une opportunité pour réaliser une transition démocratique. En revanche, ceux-là croyaient que le mouvement débarrasserait l’arène politique de toutes ses composantes, sépareraient le bon grain de l’ivraie, de sorte qu’ils auraient soudainement la chance de monopoliser la scène politique, sans consentir des efforts ou avoir au préalable une quelconque expérience ou un parcours politique. Cela répond à la logique de l’argent facile. Donnez la priorité à la démocratie, c’est tout le monde qui en sortira gagnant »

Il en rajoute une couche, verbale et non terrestre, je le cite toujours : « Depuis le début du Hirak, nous nous sommes fixés comme objectif de construire notre position et notre discours, en premier lieu sur la démocratie et des réformes politiques, et en second lieu, conformément à la volonté du peuple ».

Dans le cas de Makri, nous ne pouvons parler de manque de moyen en matière de communication mais d’absence de logique dans le discours quant à la méthode je vous laisse le soin d’imaginer tout cartésien que vous êtes peut-être   .

En mettant la démocratie en amont de la volonté du peuple, Makri postule un nouveau précepte en politique, une nouveauté qui doit être enseignée en Algérie et autour du monde, un aphorisme qui ferait pâlir de jalousie Socrate lui-même, décidément notre Docteur frappe fort les esprits et ébranle les théories.

Effectivement, il a raison sur ce fait, les jeunes sortis le 22 février n’ont, pour la plupart, aucune expérience en politique, je ne connais pas leur motivation de l’époque mais, peut-être, leur désir premier était de séparer le bon grain de l’ivraie, cela reste plausible.

Si c’est le cas, les jeunes manifestants eurent une tâche ardue qui fut impossible à réaliser puisqu’il n’y avait plus de bon grain, donc leur démarche était vouée à l’échec.

Rien que de suivre le feuilleton judiciaire national suffit à me donner raison, de plus, Makri, prête une naïveté puérile au mouvement populaire qui est loin de l’être.

Dans son déballage médiatique, il dit que certains mal intentionnés voulaient débarrasser l’arène politique algérienne de toute ses composantes, cette «nouvelle» du Président du MSP est, ma foi, inintelligible même pour un vétéran de la politique que je ne suis point, mais de quelle arène politique voulait parler Makri ?

Certes avant le 22 février il y avait une arène bosselée, celle d’un cirque et non pas d’un Colisée ou s’affrontaient des gladiateurs à coups de programmes et de vision du futur pour un pays prit en otage par une gouvernance sénile qui puisait sa légitimité dans un « zaimisme » obsolète.

En revanche, il y avait une surabondance de clowns qui amusaient la galerie c’est certain, mais nous ne pouvions parler de compétition d’idées, non, c’était des divertissements qui nous occupaient pendant que les autres se barraient avec la caisse sans laisser un sou, même pas une pièce comme pourboire à un peuple qui a souffert le martyr.

Pis encore, selon Makri, les personnages qui « naquirent » après le 22 février voulaient se retrouver seuls sur la place politique et prendre le pouvoir, il ne le dit pas expressément, cependant ça clignote en rouge dans ses déclarations, donc selon sa vision nietzschéenne, le nihilisme veut s’exprimer dans le pays à travers des énergumènes sans aucune expérience et dénués de tout parcours politique.

Comment pourrais-je faire pour expliquer à Makri sans trop en faire que c’est justement ce que veut   le peuple, les algériens ne veulent plus d’expérience politique qui mène un pays riche vers un désastre économique et social ou, tout bonnement, vers l’impasse ou nous nous retrouvons aujourd’hui.

Quant au parcours, il faut rappeler à Monsieur Makri que leur ancien président en a fait du chemin en politique, il a tracé sa route à coup de milliards, un cheminement qui, finalement, l’a menée tout droit à El Harrach pour réviser ses plans.

Le fait que le pouvoir désire maintenir les élections prévues pour cette fin d’année est un problème certes, mais il ne doit aucunement laisser libre cours aux élucubrations de personnes, politiques soient elles, qui croient avoir une légitimité parce qu’ils ont marché un vendredi ou deux sous bonne escorte.

De peur de me répéter, je pense humblement qu’il faut un minimum de pudeur en politique et savoir faire profil bas quand le parti auquel vous appartenez était au grand banquet du partage des richesses de notre pauvre Algérie.

Il faut savoir quitter la table tant qu’il en est temps, la colère d’un peuple n’est pas une chose à prendre à la légère ou faire comme si tout va normalement.

Je comprends que le Président du MSP veut repositionner sa formation politique sur l’échiquier, oui, je peux le comprendre même si c’est irritant, mais il faut savoir manœuvrer et faire oublier plus vingt années de flirt avec le pouvoir, se présenter aux algériens en ce moment avec de telles déclarations c’est, pour ma part, une insulte à l’intelligence de tout un peuple qui rame toujours sans voir de rivage.  

Auteur
Nazim Maïza

 




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