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Accident vasculaire cérébral : ce qu’il faut avoir à l’esprit pour sauver le cerveau

Santé

Accident vasculaire cérébral : ce qu’il faut avoir à l’esprit pour sauver le cerveau

Environ 20 000 personnes meurent chaque année des suites d’AVC en Algérie

En 2030, selon l’OMS, l’Accident vasculaire cérébral (AVC) sera responsable de 12 millions de décès parmi les 70 millions de victimes. Tous les experts s’accordent pour affirmer qu’un grand nombre de ces accidents peuvent être évité par la prévention, mais les chiffres ne cessent d’augmenter dans le monde et en particuliers dans les pays en développement.

En Algérie, 7 victimes d’AVC sont enregistrées chaque heure, ce qui représente environ 60 000 victimes par an, 1/3 décèdent suite à cet accident.

Outre cette mortalité élevée, c’est un accident responsable de nombreux handicaps non traumatique et de démence avec un lourd fardeau socio-économiques sur le plan individuel et collectif.

Les hémisphères gauche et droit du cerveau sont vascularisés par deux systèmes artériels carotidiens et vertébraux. Chaque hémisphère cérébral est formé de lobes qui assurent diverses fonctions parmi lesquelles on retrouve la motricité, la sensation, l’équilibre, la vision, la mémoire et les fonctions cognitives.

L’AVC ou attaque cérébrale semblable à l’infarctus du myocardique (crise cardiaque), est un trouble de la circulation vasculaire à l’intérieur du cerveau qui aboutit à un manque d’oxygène et de glucose. Les cellules nerveuses sont sensibles à la variation des apports et elles commencent à souffrir très rapidement. En fonction du territoire atteint, cette souffrance se manifeste par des symptômes qui s’installent brutalement. La capacité de récupération des cellules nerveuses dépend de la durée de cette carence, au-delà de 6 heures, les cellules meurent et perdent leurs fonctions de façon définitive car les cellules nerveuses ne sont pas remplacées.

Il existe deux types d’AVC qui diffèrent par leurs mécanismes de survenu. L’AVC ischémique est le plus fréquent, il représente 80% de l’ensemble des accidents. Il est dû à une obstruction d’un vaisseau sanguin par un caillot sanguin (embolie) ou une plaque d’athérome (thrombus) aboutissant à un arrêt de l’irrigation en sang d’un territoire du cerveau desservie par ce vaisseau. Cette région de cerveau subit des dommages allant jusqu’à la mort si le blocage n’est pas rapidement levé. L’accident ischémique transitoire (AIT) est une variante d’AVC ischémique et fait suite à un blocage brève sans infarctus constitué et dont les symptômes durent moins d’une heure, il représente un signe d’alerte et annonciateur de survenue ultérieure d’un AVC. Le deuxième type est l’AVC hémorragique, il représente 20 %, il survient lors d’une rupture d’un vaisseau soit à l’intérieur du cerveau, c’est l’hémorragie cérébrale et ou dans les espaces méningés, c’est l’hémorragie méningée.

L’apparition de l’AVC dépend de plusieurs facteurs favorisants, certains sont non modifiables comme le sexe (AVC est plus fréquent chez la femme) et l’âge (l’AVC est plus fréquent chez les personne âgées). Parmi les facteurs modifiables identifiés, on retrouve l’hypertension artérielle mal traitée, le tabagisme, l’hypercholestérolémie, la mauvaise alimentation, la sédentarité et le stress. 3 causes principales sont responsables des AVC ischémiques : l’athérosclérose, l’athérosclérose et les cardiopathies thrombogène (fibrillation auriculaire, valvulopathie et cardiopathie ischémique). Ces causes aboutissent à la formation soit d’une plaque d’athérome ou un caillot de sang qui migre dans la circulation sanguine et bouche l’artère cérébrale, d’autres causes sont plus rares et environ 30% des cas aucune cause n’est retrouvée.

L’hypertension artérielle élevée est le plus souvent la cause des AVC hémorragiques.

l’AVC est un accident qui survient de façon brutal, il se manifeste par une multitude de symptômes différents en rapport avec les territoires atteints dans le cerveau.  Parmi lesquelles on retrouve une faiblesse ou d’un engourdissement soudain du visage, du bras ou de la jambe intéressant en générale un seul côté droit ou gauche, les troubles de langage ou de compréhension, la diminution ou perte de la vision d’un coté, une perte de l’équilibre, les troubles de la mémoire ou de sensibilité, le mal de tête intense de cause inconnue et enfin un évanouissement avec ou sans perte de conscience.

Lors d’un accident d’AVC « The Time is Brain », ce qui signifie qu’il faut agir sans délai dans les premières heures voir moins de 4 h. l’objectif principal est de rétablir le flux sanguin très rapidement pour atténuer la souffrance des cellules nerveuses. Il doit se faire dans une unité neuro-vasculaire doté de personnel pluridisciplinaire hautement qualifié dans la prise en charge de ce type de pathologie. Le traitement adéquat est démarré aussitôt que le diagnostic précis de la nature de l’accident est posé par l’imagerie (scanner et IRM). Le traitement principal de L’AVC ischémique s’appui sur une thrombolyse qui consiste en une injection par voie intraveineuse d’un produit qui va dissoudre le caillot de sang. Une autre technique récente appelé la thrombectomie permet de retirer ce caillot par l’intermédiaire d’un cathéter. Le traitement de l’AVC hémorragique repose sur l’utilisation d’antihypertenseurs et la lutte contre l’hypertension intracrânienne.

Aujourd’hui, il existe sur le territoire nationale cinq unités neuro-vasculaires capables de prendre en charge de manière pluridisciplinaire ce type de patients, elles sont implantées dans les CHU de Blida, d’Oran, de Constantine, de Tizi-Ouzou et récemment au CHU de Mustapha Pacha.

90% des facteurs de risques sont modifiables et constituent la base de la prévention primaire, c’est-à-dire agir sur ces facteurs avant l’accident par des médicaments ou de simples actions sur le mode de vie. Le traitement de l’hypertension artérielle représente une des actions  éléments majeurs de cette prévention chez l’hypertendu connus il est aussi essentiel de dépister les patients hypertendus asymptomatiques. Le traitement du diabète, l’hypercholestérolémie constituent des moyens pour lutter contre la formation de plaque d’athérome. Enfin, réadapter le style de vie par l’arrêt du tabac, la pratique d’une activité physique (sport, marche quotidienne), une alimentation équilibrée et apprendre à gérer les situations de stress.

Selon les spécialistes, près de 30 0000 victimes d’AVC deviennent lourdement handicapées à cause probablement d’une prise en charge tardive. L’information du public à la reconnaissance des signes de l’accident vasculaire cérébral lors des campagnes nationales ou locales permettra une meilleure orientation vers des structures adéquates dans les plus brefs délais. L’affectation de moyens humains et matériels pour la mise place de nouvelles unités neuro-vasculaires et le développement de la télémédecine sont nécessaires pour répondre de manière efficace à ce problème majeur de santé publique.

Dr Tarik Yadaden

Auteur
Dr Tarik Yadaden

 




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