Mis en cause dimanche par le site d’information Mediapart pour son activité présumée fictive d’assistant parlementaire pendant cinq ans, le candidat des communistes à la présidentielle française, Fabien Roussel, a lancé sa contre-attaque ce lundi 21 février. Le candidat communiste à l’élection présidentielle jure de son innocence.
« J’entends bien que vous avez des questions. Je vais y répondre. » Dans la cohue de journalistes l’accueillant après son passage au « grand oral » du Medef, Fabien Roussel garde le sourire.
Pour le candidat du PCF, les soupçons d’emploi fictif soulevés par Mediapart sont sans fondement. « Je suis complètement estomaqué, puisque beaucoup de ceux avec qui j’ai travaillé pendant cette période, Jean-Jacques Candelier, mes collègues ; tous ceux-là attesteront que nous avons beaucoup travaillé ensemble », assure-t-il.
Mais quand la question des documents prouvant un travail concret d’assistant parlementaire auprès de l’ancien député Jean-Jacques Candelier est posée, Fabien Roussel élude : « Mediapart me demande de retourner mon bureau à un moment où je suis en pleine campagne électorale. Si vous avez vos SMS d’il y a dix ans, champion ! »
Pas de mail non plus… Fabien Roussel l’assure, son rôle était celui d’un conseiller politique et plutôt par téléphone. Un argument convaincant, selon François Bayrou, patron du parti centriste Modem, interrogé sur France 2 : « C’est absolument normal qu’un député faisant de la politique, son assistant aide aussi à faire de la politique », estime-t-il.
Pas sûr toutefois que Fabien Roussel apprécie particulièrement ce soutien : François Bayrou est lui-même soupçonné par la justice d’avoir fait indûment travailler des assistants parlementaires pour le compte de son parti.
Le moment Roussel
Il y a encore quelques jours la presse parlait du « moment Roussel » dans la campagne. Le candidat communiste Fabien Roussel, porté par son franc parler, quelques polémiques orchestrées sur les réseaux sociaux et une campagne qui dépoussière le PCF, semblait vivre une petite dynamique.
Mais le media d’investigation Mediapart a publié dimanche une enquête qui suspecte le dirigeant communiste d’avoir été rémunéré comme collaborateur sur des fonds de l’Assemblée nationale, alors qu’il travaillait en fait pour son parti. Présumé innocent, Fabien Roussel n’a pas réagi, pour le moment, à la publication de l’article.
Un « assistant parlementaire fantôme ». C’est ainsi que Mediapart résume les cinq ans de Fabien Roussel comme collaborateur auprès d’un député communiste du Nord de la France. D’après le média d’investigation, de mai 2009 à juin 2014, le dirigeant communiste a été payé 3.000 euros net par mois par l’élu Jean-Jacques Candelier pour l’aider, à temps plein, dans sa tâche parlementaire prolifique. Fabien Roussel assure qu’il remplissait un « rôle très politique ».
Problème : Médiapart affirme que le collaborateur Roussel ne travaillait pas à la permanence du député, que d’anciens collègues ne savent pas dire ce qu’il faisait, et que celui qui est aujourd’hui candidat à la présidentielle ne leur a fourni aucune preuve tangible de son travail auprès du député.
A cette époque, à partir de juin 2010, Fabien Roussel était aussi à la tête de la puissante fédération du Nord du parti communiste. « A titre militant et bénévole », a-t-il assuré au journal en ligne. Mais pour Mediapart, plusieurs documents et témoignages accréditent l’idée qu’il a été rémunéré sur des fonds publics, alors qu’il travaillait, en réalité, pour son parti.
Présumé innocent, Fabien Roussel a réagi ce lundi sur la radio Europe 1. Il a assuré lundi qu’il avait « les documents » prouvant son activité. « Je dis aujourd’hui que j’ai travaillé pendant ces cinq années avec (l’ex-député du Nord, NDLR) Jean-Jacques Candelier, avec les collègues que j’avais auprès de lui. Jean-Jacques comme eux pourront témoigner du travail que nous avons fait ensemble », a-t-il déclaré sur Europe 1. « Les pneus de ma voiture s’en souviennent, tellement j’ai roulé, tellement j’étais présent… », a assuré Fabien Roussell.
Les précédentes affaires
Lors de la présidentielle de 2017, la campagne du candidat de droite, François Fillon, s’était effondrée après les révélations de la presse sur l’emploi de sa femme Pénélope, que la justice soupçonne d’être fictif. Deux autres dossiers, concernant des assistants parlementaires (au niveau du Parlement européen) du Modem et du Front national sont actuellement en cours d’instruction, rappelle encore Mediapart : les juges soupçonnent ces partis d’avoir rémunéré plusieurs assistants européens alors qu’ils travaillaient essentiellement pour leur parti, ce qui s’apparenterait à des détournements de fonds publics. Avec RFI