Jeudi 24 mai 2018
Acquisition de la raffinerie d’Augusta: Sonatrach avance de nouveaux arguments
Le PDG de Sonatrach, Ould Kaddour et son staff ont du mal à convaincre leur monde par ce rachat précipité d’une vieille raffinerie en Italie .Des arguments quant au choix d’acquisition de la raffinerie d’Augusta (Italie), qui a suscité une grande polémique, ont été apportés mercredi à Alger, par les responsables de la Compagnie nationale des hydrocarbures Sonatrach.
«L’achat de la raffinerie d’Augusta est bien étudié. Cinq raisons expliquent ce choix », a soutenu le Conseiller auprès du P-dg du groupe Sonatrach, Ahmed Mazighi, lors d’une conférence de presse dédiée à la présentation du bilan du premier trimestre 2018 ainsi que la stratégie de raffinage.
Ainsi, M. Mazighi a indiqué que la première raison est que la raffinerie d’Augusta est suffisamment «grande» et «complexe», précisant, à ce titre, que «plus une raffinerie est complexe plus son rendement est important».
Pour soutenir ses propos, il a avancé la taille d’Augusta comme critère «important» dans le choix de cette raffinerie, précisant que sa capacité de raffinage est de 10 millions de tonnes par an. Cette capacité la place deuxième parmi les positions de Sonatrach en matière de capacité après la raffinerie de Skikda (16 millions de tonnes /an).
Sonatrach compte acquérir une capacité de traitement de 10 millions de tonnes par an et plusieurs terminaux de stockage de carburants situés à Naples, Palerme et Augusta, pour une capacité totale de stockage de 925.000 barils.
Toutefois, cette raffinerie, a-t-il tenu à préciser, n’est pas non plus un «mastodonte » et peut s’intégrer rapidement au schéma de raffinage de Sonatrach.
La deuxième raison de ce choix, selon M. Mazighi est que cette infrastructure est munie d’unités de bitume et d’une autre unité de soufre.
L’acquisition de la Raffinerie d’Augusta est également expliquée par sa capacité de traiter des charges algériennes. Plus explicite, le même responsable a indiqué qu’Augusta peut traiter du Sahara Blend, du Zarzaitine et du fuel résiduel de Skikda. Il a, à ce propos précisé que cette raffinerie peut utiliser du Saharan Blend à hauteur de 85.600 bbi/j sans altérer la quantité et la qualité des huiles de base.
M.Mazighi a également ajouté qu’elle est «idéale» pour faire du processing physique de pétrole brut algérien.
Selon lui, l’utilisation du fuel de Skikda permet de réduire énormément les émissions de SO2 (dioxyde de soufre). Cette raffinerie pourra, a- t-il encore expliqué, offrir un débouché au fuel résiduel de Skikda même après la mise en service de l’hydrocraqueur de Skikda.
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Sonatrach a porté son choix sur Augusta, car cette infrastructure possède également une capacité de stockage devant améliorer la sécurité d’approvisionnement.
«La raffinerie d’Augusta ainsi que ses terminaux à Naples et Palerme occupent une position stratégique, car elle se trouve au cœur de la Méditerranée et voisine des principaux ports algériens», a-t-il ajouté.
Les terminaux de stockage apportent trois (3) jours de sécurité d’approvisionnement supplémentaires de gas oil et l’essence.
Cette raffinerie offre un avantage concurrentiel sur la Méditerranée, ce qui explique d’ailleurs son acquisition par Sonatrach.
A ce titre, M. Mazighi a fait savoir que la part de marché de cette raffinerie en Méditerranée était de 25%.
Faisant part des principales dates marquant la raffinerie d’Augusta, le même responsable a tenu à signaler que son âge moyen pondéré est de «46 ans».
Evoquant le problème de contamination des sols, sujet d’une forte polémique, M. Mazighi a expliqué que la surface concernée par le traitement des sols est de 20 hectares (HA) sur 360 ha et non pas 330 ha comme l’avait rapporté des médias.
Le coût estimé de traitement des sols est de 30 millions de dollars par an sur sept (7) ans. Ce coût est inclût dans le modèle économique de valorisation de la raffinerie.
Pour rappel, le groupe Sonatrach a acquis la raffinerie d’Augusta (Italie) auprès d’Esso Italiana à un prix ne dépassant pas un milliard de dollars. Le transfert de propriété n’intervient qu’en fin d’année 2018.
L’acquisition d’autres raffineries à l’étranger n’est pas à l’ordre du jour
A une question sur l’acquisition de Sonatrach d’autres raffineries ou non à l’étranger, Outre celle d’Augusta, M. Ould Kaddour a affirmé qu’elle n’était pas à l’ordre du jour du groupe «Pour l’instant il n’y a pas une nécessité de regarder d’autres marchés mais si une autre opportunité se présente, nous l’étudiera» , a ût-il dit.
Il a regretté, à ce titre le retard accusé quant à la livraison de la raffinerie de Sidi R’cine.
«Je suis frustré de ne pas voir nos raffineries réalisées. Je parle précisément de la raffinerie de Sidi R’cine (Alger) qui a pris beaucoup de retard. Il s’agit d’un projet très important et stratégique pour Sonatrach», a-t-il indiqué.
Selon lui, la priorité pour le groupe est d’achever les projets programmés dans sa stratégie.
Il a affirmé dans ce cadre que le premier objectif était de terminer la raffinerie de Sidi R’cine la fin de l’année en cours ou début 2019, puis lancer la raffinerie de Hassi Messaoud.
«Avec la raffinerie d’Augusta, de Sidi R’cine et celle de Hassi Messaoud, nous répondrons largement à nos besoins et si des opportunités se présentent, il ne faut pas les rater.», a -t-il enchaîné.