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Acte XXI : Le temps du réalisme

DISSIDENCE CITOYENNE

Acte XXI : Le temps du réalisme

Crédit photo : Zinedine Zebar.

Les  marcheurs arrivent par vague, à leur circuit pédestre,  tout le long de l’après-midi. Il y a ceux qui affrontent les chaleurs dès 13h et les autres qui préfèrent attendre de voir le soleil commencer à décliner.  Ni le carême, ni la pluie, ni la chaleur, ni les interpellations, ni les arrestations, ni les blocages de route et entrées d’Alger, ni l’occupation de la place de la Grande Poste et de la place Audin par les forces de l’ordre, ni  le blocage de l’accès au Boulevard Mohamed V et du tunnel , ni le rétrécissement du parcours par la disposition de camions de police sur les côtés, ni le gazage, ni l’utilisation de pistolet paralysant, ni le recours au badigeonnage de graisse en certains endroits populaires et certains lampadaires devenus célèbres, ni l’interdiction de l’emblème amazigh,  ni même la campagne anticorruption menée par les autorités n’ont arrêté, n’arrêtent et n’arrêteront nos jeunes manifestants de s’exprimer chaque vendredi jusqu’à la satisfaction de leur principale revendication : choisir eux-mêmes leurs représentants.  

Ils ont crié leur détermination à ne pas aller nager  jusqu’à l’atteinte de leur objectif. Ils ont scandé leur attachement à la liberté  et réclamé la libération des détenus. 

Aujourd’hui ils ont surtout répondu au dernier discours du chef d’état-major dans lequel il a fustigé les contestataires qui crient dawla madani machi 3Askaria (état civil et pas militaire) : ils ont scandé ce slogan sans arrêt durant toute la manifestation. Enhardis par la belle victoire, la veille, de l’équipe nationale,  ils inventent un autre slogan hostile au vieux général : dites a el gaid navigue une carte chiffa, le peuple est conscient il a enlevé Bouteflika, dites-lui durant 20 ans vous avez spolié tout le pays, dites-lui il n’y a pas d’hôpital et durant 20 ans vous n’avez construit que des prisons. 

Ils se répètent sans cesse depuis plusieurs semaines et le pouvoir s’entête de plus belle. Les uns émettent en pâle et les autres reçoivent en secam.

Les marcheurs démontrent encore une fois qu’ils sont bel et bien majeurs, vaccinés, lucides : la conscience politique nationale s’est réveillée. Il faut l’accepter au lieu de la combattre ; la considérer comme un bienfait à la place de la qualifier de crise. L’époque où l’on impose, doit céder la place à celle où l’on discute. Les choses ont changé depuis le 22 février, le paradigme de l’algérien aussi. 

Il faut l’accepter afin de gagner du temps au lieu d’en perdre en rejetant l’incontournable : c’est le temps du réalisme.

Auteur
Djallal Larabi

 




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