Le député insoumis Adrien Quatennens a effectué un retour sur les plateaux de télévision remarqué après plus d’un an d’abstinence médiatique, sans que cela permette de totalement redorer son image après sa condamnation pour violences conjugales.
« Je sors mon joker », balaie une membre de la direction de La France insoumise quand on évoque les apparitions du député du Nord. Signe que les questions autour de sa personne ne sont pas indolores au sein de LFI, formation politique qui se veut à la pointe sur les questions liées au féminisme.
Son retour dans les médias « n’a pas été débattu au sein du groupe », regrette un autre député insoumis, qui assure que caméras ou non, Adrien Quatennens « est sorti du jeu politique et qu’il n’y a que lui qui ne le voit pas ».
Le député de 33 ans a été condamné en décembre 2022 à quatre mois de prison avec sursis par le tribunal correctionnel de Lille pour des violences envers son ex-épouse.
Surtout, dès le lendemain de sa condamnation, il avait adopté lors d’un long entretien sur BFMTV un ton offensif, ce qui lui avait été reproché par beaucoup d’élues féministes de sa propre famille politique.
« J’ai payé bien assez cher sur tous les plans. Je ne céderai pas », avait-il notamment déclaré, dénonçant un « lynchage médiatique ».
De quoi « inverser le rapport agressée/agresseur », avait déploré à l’époque la députée LFI Danielle Simonnet.
Mardi 6 février, lors de sa première apparition télévisée après plus d’un an de diète, Adrien Quatennens a dit sur France 2 « regretter » « d’avoir mal compris à l’époque que certains mots pour ma défense étaient mal choisis ».
« Aujourd’hui, je ne les redirais pas », a ajouté celui qui était longtemps considéré comme l’héritier de Jean-Luc Mélenchon.
Mais ce mea culpa n’est pas suffisant pour la députée insoumise Clémentine Autain, qui avait déjà estimé l’année dernière que le délai de quatre mois pendant lequel son collègue avait été éloigné du groupe LFI à l’Assemblée était « trop court ».
« Il y a eu toute une séquence qui n’a pas été correctement conduite », a-t-elle estimé lundi soir sur France 5, estimant que « son retour ne peut pas se passer dans les conditions qu’on aurait pu souhaiter ».
«Député qu’on ne peut intimider»
« Je n’ai pas pour habitude d’éviter ce sujet, même si j’espère qu’on ne m’y renverra pas sans cesse », a prévenu mercredi 14 février sur RTL celui qui a perdu avec ce scandale son poste de coordinateur de La France insoumise.
Et sur BFMTV dimanche, Adrien Quatennens est allé plus loin pour justifier sa réintégration dans l’espace médiatique: « Il y a beaucoup de Français qui souhaitaient mon retour ».
Une prestation globale qui a, semble-t-il, beaucoup plu au leader insoumis Jean-Luc Mélenchon. Celui qui avait défendu bec et ongles son protégé au moment du scandale a félicité sur X « un député qu’on ne peut intimider et qui maîtrise ses dossiers sur le bout des ongles ».
« Adrien ne s’était jamais caché qu’il avait l’intention de reprendre la parole après avoir effectué le travail qu’il avait besoin de faire », indique à l’AFP Matthias Tavel, proche de Jean-Luc Mélenchon, soulignant que l’élu du Nord « a manifestement appris de son erreur ».
Même s’il est resté actif sur les réseaux sociaux, Adrien Quatennens se fait plutôt discret à l’Assemblée nationale, où il avait repris la parole dans l’hémicycle en février 2023 après y avoir effectué son retour en tant que non-inscrit.
En août dernier, lors des premières universités d’été du mouvement de gauche radicale depuis sa condamnation, il n’avait pris la parole, discrètement, que lors d’un atelier, se contentant le plus souvent d’écouter les prises de parole des autres figures insoumises depuis le public.
Avec AFP