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L’affaire Boualem Sansal vue sous l’angle de l’article 87 bis

Boualem Sansal.

Boualem Sansal, une des nombreuses victimes de l'arbitraire en Algérie.

Ainsi donc Boualem Sansal est poursuivi en vertu de l’article 87 bis du Code pénal algérien, qui punit « les actes qui menacent la sécurité de l’État » et les considère comme des « actes de terrorisme ».

Remarquez bien le vocabulaire utilisé dans l’article, lequel mentionne bien « actes de terrorisme » …à quels actes de terrorisme s’est donc adonné notre Boualem national pour ainsi le traîner dans la boue comme un vilain petit canard ? Comment peut-on ainsi confondre des déclarations verbales avec des actes ?

Décidément, quel que soit l’angle d’analyse sous lequel on entrevoit les choses, force est de constater que le pouvoir d’Alger ne comprend même pas ses propres lois ! Les vrais terroristes, il faut aller les chercher sur les hauteurs de Kouba et des Tagarins… Boualem Sansal n’est ni plus ni moins qu’un détenu d’opinion qui rejoint les centaines d’autres qui croupissent dans les geôles d’Alger et d’ailleurs.

Présidant dimanche une réunion du bureau de la chambre basse du Parlement, Brahim Boughali a dénoncé « l’adhésion du Parlement européen et certains cercles médiatiques et politiques français dans une tentative d’ingérence dans les affaires intérieures de l’Algérie », lit-on dans un compte-rendu mis en ligne par l’APN sur les réseaux sociaux.

« Il s’agit d’une tentative flagrante de détourner les regards des véritables violations des droits de l’Homme et du droit international », a ajouté Boughali, en référence à la situation au Moyen-Orient, notamment la guerre que mène Israël contre Gaza depuis plus d’une année.

Tout en se demandant « ce qu’il reste de crédit à ces relais concernant la séparation des pouvoirs et l’indépendance de la justice », le président de l’APN a salué la justice algérienne qui « veille à protéger les droits et les libertés » et assuré que la loi s’appliquera à quiconque se permet « d’attenter à la sécurité et à la stabilité de l’Algérie ».

Indépendance de la justice, « il a dit lui » !? Ils se moquent de nous, ma parole… quant à détourner l’attention de ce qui se passe au Moyen Orient, il suffisait simplement de ne pas arrêter Boualem Sansal pour que les regards restent fixés sur les massacres perpétrés par Netanyahu !

De ce côté de la Méditerranée, dans des déclarations à la chaîne d’information France Info, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot dira : « Rien dans les activités de Boualem Sansal ne donne de crédibilité aux accusations qui ont conduit à son emprisonnement en Algérie ». Il a ajouté : « L’arrestation injustifiée d’un écrivain français est inacceptable ».

Voilà une déclaration qui démontre que les relations entre Alger et Paris se déroulent toujours sous forme de la formule de Gainsbourg : « je t’aime, moi non plus » … il ne manque plus que l’oreiller pour que telle déclaration prenne forme.

Reprenons le cas de Muhend Taferka, considéré comme détenu d’opinion… comment diable ose-t-on ainsi désigner de détenu d’opinion un homme de culture qui ne comprend rien à, et n’a aucune opinion sur la politique … nous avons eu, par le passé, tout le loisir d’en discuter avec lui, et rien dans ses propos ne permet de déduire que Dda Muhend s’intéresse, de près ou de loin, à tout ce qui touche aux imbroglios politiques…

Ces deux affaires, quasiment concomitantes, démontrent, si besoin, l’acharnement du pouvoir d’Alger à museler tout discours contradictoire à la cacophonie qui règne en haut lieu.

Kacem Madani

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