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Affaire Khashoggi : la Turquie change de tactique pour impliquer MBS

DECRYPTAGE

Affaire Khashoggi : la Turquie change de tactique pour impliquer MBS

Dans l’affaire  de l’assassinat du journaliste opposant au régime saoudien Jamal Khashoggi,  la Turquie, confortée par la position du président français qui a fait savoir au prince lui-même qu’il souhaitait internationaliser l’enquête et par le biais de son procureur général, vise pour la seconde fois en un mois des mandats d’arrêt contre deux anciens membres de la garde rapprochée du prince héritier Mohamed Ben Salmane dit MBS, dans le cadre de l’enquête turque sur le meurtre cette affaire.

Le bureau du procureur général d’Istanbul, si l’on se réfère à la dépêche de l’AFP du mercredi 5 décembre 2018,a demandé l’émission de mandats d’arrêt contre Ahmed Al Assiri et Saud Al Qahtani, soupçonnés de faire partie des « planificateurs » et «exécuteurs» du meurtre odieux du journaliste.

Touchée à la main qui lui fait mal, la réponse de Ryad ne s’est pas faite attendre.  Le ministre des Affaires étrangères Adel al-Jubeir a refusé dimanche d’extrader en Turquie des personnes suspectées d’être impliquées dans l’assassinat, le 2 octobre dernier, du journaliste Jamal Khashoggi, alors qu’Ankara insiste. «Nous n’extradons pas nos concitoyens» a annoncé le ministre lors d’une conférence de presse à Ryad. Pourquoi ?

Ces deux hommes sont très proches du prince héritier, c’est pour cela que le parquet de Riyad a retenu contre eux « une participation à l’exécution accidentelle » de Khashoggi. Les autorités turques par contre ne croient pas à cette théorie et pensent que seul à travers eux et eux seuls qu’elles peuvent impliquer davantage le prince héritier qui se dit à ce jour ignorer les tenants et les aboutissants de cette opération.

En les impliquant comme « planificateurs », ils seront obligés de dénoncer leur commanditaire pour se défendre. Saud Al Qahtani  gère les réseaux sociaux en Arabie saoudite pour le compte du prince héritier Mohamed Ben Salmane. 

il a mené l’opération ayant conduit à l’arrestation de centaines de membres de l’élite saoudienne au Ritz-Carlton, son nom apparaît dans la détention, il y a un an, du Premier ministre libanais Saad Hariri.

Et, selon deux sources au sein des services de renseignement, c’est encore lui qui a orchestré le meurtre de Jamal Khashoggi à l’intérieur du consulat saoudien à Istanbul en donnant ses ordres sur Skype.

Les derniers mots de Jamal Khashoggi,  ont été : « Je ne peux pas respirer », a affirmé dimanche 9 décembre la chaîne d’information américaine CNN en citant une source qui dit avoir lu la transcription d’un enregistrement audio du meurtre. Cette source, dont CNN ne précise pas l’identité, a déclaré à la chaîne américaine que la transcription montre que le meurtre du journaliste saoudien était prémédité et que plusieurs appels téléphoniques ont été faits pendant le meurtre pour décrire le déroulement de l’opération, effectuée au consulat d’Arabie saoudite à Istanbul. Selon CNN, des responsables turcs estiment que ces appels téléphoniques étaient adressés à de hauts responsables saoudiens à Riyad.

Dans le cadre d’un échange de renseignements turco-américain, la CIA a rapporté que le prince a écrit au moins onze messages à son plus proche conseiller, Saoud al-Qahtani, qui supervisait l’équipe de quinze hommes envoyés en Turquie pour tuer Jamal Khashoggi.

Le conseiller royal a été limogé et officiellement accusé en Arabie saoudite d’avoir joué un rôle central, ainsi que sanctionné par le Trésor américain avec seize autres Saoudiens. Saoud al-Qahtani communiquait directement avec le chef d’équipe durant l’opération. Il est l’idéologue du cabinet princier pour avoir dressé « une liste noire » des opposants au régime pour lesquels, il leur réserve le même châtiment que le prophète Mohamed (SWS) lors de son retour à la Mecque. Mais il a déclaré dans un de ses tweets récents ne rien entreprendre sans l’aval de MBS.

Quant au  général Ahmed al-Assiri, n° 2 des services de renseignement saoudiens, il est depuis la mi-octobre désigné par Riyad comme celui qui aurait donné l’ordre de ramener le journaliste « de gré ou de force ». Il est limogé mais pas aux arrêts car selon le rapport de la CIA, il accepte ce rôle de lampiste dans l’intérêt du royaume mais sans prendre tout sur son dos. Ces deux limogeages étaient apparus comme une manœuvre pour dédouaner le prince héritier, et un gage aux partenaires internationaux, obligés de prendre parti dans l’affaire.

A ce jour, le royaume saoudien fait la sourde oreille aux demandes du président turc, Recep Tayyip Erdogan, d’extrader 18 de ses ressortissants, mis en cause dans la disparition criminelle du journaliste en exil.

Selon une dernière analyse de Washington Post, le royaume wahhabite est pour l’instant out et ne dispose aucun argument face à l’offensive du Sénat américain mais l’équipe Trump avec à sa tête la cheffe de la CIA n’arrête pas d’intervenir auprès du président turc pour trouver un compromis afin de calmer l’ardeur de la justice ottomane.  

Auteur
Rabah Reghis

 




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