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Affaire Khashoggi : Trump perd la main au profit des démocrates

ARABIE SAOUDITE/ PETROLE

Affaire Khashoggi : Trump perd la main au profit des démocrates

Le président américain dans l’un de ses derniers Tweet, mercredi 21 novembre vers 4 h 49 AM, tranche sur l’affaire Khashoggi, critique le pouvoir saoudien assassiné le 2 octobre dernier dans l’enceinte même du consulat du royaume saoudien à Ankara.

Il avait promis le début de semaine lors de sa visite en Californie qu’un rapport exhaustif devrait lui être remis au plus tard mardi et donc il a tenu sa promesse en remerciant l’Arabie saoudite pour toute autre chose mais en rapport collatéral dans cette affaire. En effet, on y lit dans ce tweet : les prix du pétrole baissent. Génial ! Depuis ses vacances à Mar-a-Lago en Floride. «54 dollars, c’était 84 dollars avant,  merci à l’Arabie saoudite mais allons encore plus bas. »

A l’heure où nous écrivons 24 novembre 2018 à 7h59  le baril a pris un bon coup puisqu’il s’est échangé à 50,42 dollars le baril pour WTI Crude oil et 59,22 pour le Brent.

Pendant ce temps, les pays producteurs, OPEP et non-OPEP hormis la Russie qui de suite a compris le manège, ont applaudi la décision de l’Arabie saoudite de réduire sa production, le mois décembre, de 500 000 barils par jour pour donner un coup de pouce au prix qui dégringolait.

En privé, mais enregistré par la presse, le ministre saoudien des Affaire étrangères le même dimanche à Abou Dhabi, lors d’une réunion du comité de surveillance du marché pétrolier réunissant des pays membres de l’OPEP ou extérieurs au cartel, Khalid al Falih a expliqué : »Nous avons augmenté la production en réaction à la demande ».

Mais Il ajoutait: « Je vais vous donner une information qui est que les prévisions de décembre sont inférieures de 500.000 barils à celles de novembre. Nous assistons à une modération qui est liée en partie à la fin de l’année, en partie à des opérations de maintenance, (…) donc nous livrerons moins en décembre que nous ne le faisons en novembre. » Ce qui veut dire clairement que cette annonce n’est qu’un coup de bluff car elle est programmée de longue date et indépendamment de la volonté du royaume.

La veille, la Maison-Blanche avait surpris en publiant un communiqué réitérant un soutien sans faille à l’Arabie saoudite. Or le meurtre du journaliste saoudien a depuis terni l’image du royaume et de son prince héritier, Mohammed Ben Salmane, dont la plupart des observateurs estiment qu’il ne pouvait pas ignorer l’opération. « Il se pourrait très bien que le prince héritier ait eu connaissance de cet événement tragique – peut-être, peut-être pas ! », a pourtant tweeté Donald Trump dans un communiqué. « Nous ne connaîtrons peut-être jamais tous les faits entourant le meurtre de Jamal Khashoggi », un « crime épouvantable que notre pays ne pardonne pas », a-t-il ajouté.

Mais pour le locataire de la Maison-Blanche, pas question de toucher à l’alliance stratégique unissant Riyad et Washington. « Les Etats-Unis entendent rester un partenaire inébranlable de l’Arabie saoudite », a-t-il poursuivi, insistant sur la réactivité de Riyad à sa demande de maintenir le prix du pétrole à des « niveaux raisonnables ».

Le lendemain, le président Emmanuel Macron a emboîté le pas au président américain pour interdire l’accès  de l’espace Schengen à 18 lampistes saoudiens sans toucher les fondements de l’accord avec le royaume wahhabite lié à l’armement.

Il se trouve que face à ces tergiversations sur cette affaire, l’initiative est venue des démocrates américains. Selon l’agence Reuters  La commission du Renseignement de la Chambre des représentants américaine va enquêter sur l’attitude de Donald Trump à l’égard de l’Arabie saoudite après l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi, a promis le député démocrate Adam Schiff, qui devrait en prendre la présidence.

L’enquête portera sur les conclusions des services de renseignement américains et, plus largement, sur les relations entre Ryad et Washington, la guerre au Yémen, le rôle de la famille régnante et la liberté d’expression, précise-t-il dans un entretien publié vendredi par le Washington Post. Adam Schiff, numéro un du groupe démocrate à la commission du Renseignement, devrait en prendre la présidence en janvier, à l’ouverture de la nouvelle législature élue lors le 6 novembre.

Son parti est devenu majoritaire à la Chambre, mais les républicains le restent au Sénat. « Nous allons certainement nous pencher un peu plus sur le meurtre de Khashoggi », dit-il. « Nous voulons examiner ce que les services de renseignement savent à propos du meurtre », a-t-il ajouté. 

En tout cas MBS qui vient d’effectuer sa première sortie du territoire saoudien dans les Emirats arabes unis, traînera cette affaire comme un caillou dans sa chaussure. Pourquoi ? De nombreuses voies s’élèvent contre sa venue prévue le mardi prochain en Tunisie et celle le 6 décembre 2018 en Algérie. Un collectif de 50 avocats tunisien a déposé plainte pour contester cette visite… affaire à suivre                                                                                                             

Auteur
Rabah Reghis

 




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