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Affaire Lamine Belghit : vers la libération conditionnelle du prévenu ?

Mohamed Lamine Belghit

Le nihiliste et raciste Mohamed Lamine Belghit

Incarcéré pour atteinte à l’unité nationale, outrage aux symboles de la nation et incitation à la haine… va-t-on vers la libération conditionnelle de Mohamed Lamine Belghit ?

Si c’est le cas, le camp arabo-baathiste qui s’est mobilisé derrière ce sinistre négationniste de la civilisation amazighe aura prouvé sa puissance au sein des hautes sphères du pouvoir.

L’affaire de l’enseignant d’histoire Lamine Belghit continue de faire couler beaucoup d’encre. À quelques jours de la délibération décisive prévue pour le 21 mai 2025 par la chambre d’accusation de la cour d’Alger, de nombreux observateurs s’interrogent : se dirige-t-on vers une libération conditionnelle de l’universitaire, actuellement placé en détention provisoire ?

Le dossier, enrôlé de manière remarquablement rapide, a été examiné récemment par la juridiction compétente   dans un climat de vives tensions politiques et sociales. L’enseignant, qui exerce à l’université d’Alger, fait face à de lourdes accusations après des propos polémiques tenus lors d’une interview diffusée sur la chaîne « Sky News Arabia ».

Il y affirmait avec un cynisme diabolique que « l’amazighité est un projet sioniste et français ». Des propos jugés comme une atteinte à l’unité nationale et à la Constitution par le parquet, qui a immédiatement ouvert une enquête judiciaire.

Mohamed Lamine Belghit est poursuivi pour des chefs d’inculpation graves : atteinte à l’unité nationaleoutrage aux symboles de la nation et incitation à la haine et à la discrimination à travers les médias.

Des accusations qu’il a catégoriquement rejetées au cours de l’enquête, affirmant que ses propos avaient été sortis de leur contexte et qu’il abordait la question amazighe d’un point de vue strictement académique.

Mais au-delà des aspects judiciaires, l’affaire a pris une tournure éminemment politique. Plusieurs partis et associations, notamment issus du courant arabo-islamiste, exercent une forte pression pour obtenir la libération du professeur. Parmi eux, le président du Mouvement de la construction nationale, le sinistre Abdelkader Bengrina, a appelé le chef de l’État à intervenir, invoquant le parcours patriotique de l’enseignant et dénonçant une dérive autoritaire contre la liberté d’expression.

L’islamiste Bengrina serait bien inspiré de méditer ceci : le statut de fils de chahid de Belghit ne le place pas au-dessus des lois, encore moins quand il s’attaque à la dimension amazighe, fondatrice de l’Afrique du Nord et aux constantes nationales — ces mêmes fondements qu’il brandit habituellement en étendard.

À l’opposé, des formations progressistes, à l’image du Front des forces socialistes (FFS), estiment que les propos de Belghit dépassent les limites acceptables du débat public et constituent une agression directe contre l’un des fondements de l’identité algérienne. La question amazighe, inscrite dans la Constitution comme composante essentielle de la nation, ne saurait, selon eux, faire l’objet de tels amalgames.

Dans ce climat tendu, la justice algérienne se retrouve à la croisée des chemins. Doit-elle maintenir en détention un universitaire controversé au nom de la cohésion nationale, ou au contraire, céder à une partie de l’opinion qui voit dans cette affaire une menace pour la liberté académique ?

Il est à noter que le statut même de Lamine Belghit en tant qu’ »historien » fait débat : plusieurs universitaires remettent en cause sa légitimité scientifique, soulignant une approche jugée militante et peu rigoureuse dans ses interventions médiatiques.

La décision attendue le 21 mai ne tranchera pas définitivement sur le fond, mais elle donnera un signal fort sur la manière dont les autorités entendent gérer ce dossier explosif. En attendant, le débat continue de diviser profondément la société algérienne traversée par de larges fractures, aggravée depuis que le défunt Ahmed Gaïd Salah a décidé de mener la traque des militants amazighs et leur emblème. Ce même général qui a imposé Tebboune à la présidence en décembre 2019. On en est là, si Gaïd Salah est enterré, le poison de la Badissia Novembria est dans la société algérienne désormais.

Samia Naït Iqbal

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