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Affaire Nasser Zefzafi : Sir, vous êtes au coeur du mépris du citoyen !

Coup de gueule

Affaire Nasser Zefzafi : Sir, vous êtes au coeur du mépris du citoyen !

En écoutant une vidéo de Nasser Zefzafi diffusée sur les réseaux sociaux, une espèce d’étouffement m’envahit et une émotion moribonde me ronge.

Voilà une jeune homme, qui n’a rien de méchant, encore moins déloyal et plutôt aimant ses contemporains et son pays natal, qui se retrouve enfermé avec ses semblables pendant 20 ans dans des geôles réservées aux délinquants.

Ce pays va mal, très mal ! Il n’y a pas besoin d’idéologie ou de politique pour ressentir ce qu’il ressent. Et pourtant je ne supporte aucune idolâtrie !

Que dit-il qui ne saurait être autre chose qu’un point de ralliement à ce dont il souffre et qu’il exprime avec tant de simplicité et de clarté ?

Ce pays va mal !

Le chef de tous et de toute chose vivante ou disparue dans ce pays, le roi suprême se rend chez les Rifains pour leur parler des problèmes des autres régions ! 

Qu’a-t-il dit sur les usines qui manquent ?

Qu’a-t-il dit sur l’hôpital qui manque ?

Qu’a-t-il dit sur l’école qui ne répond plus ?

Qu’a-t-il dit sur les routes inexistantes pour relier ces contrées au monde de plus en plus communicant ?

Qu’a-t-il dit sur ces cancers abondants et non soignés ?

Qu’a-t-il dit sur ces forçats du travail, infirmières, médecins, personnels servant dans le service public ?

Et je peux multiplier les précarisés, les precarités et les multiples abandonnés..

C’est ce dont parle Nasser Zefzafi, 

C’est ce dont ont parlé trois de ses compagnons condamnés à vingt ans de prison pour «atteinte à la sécurité de l’Etat», un motif passible de la peine de mort, selon les textes.

Zefzafi a juste été citoyen fier et aimant son RIF natal .

Mais Sir, et ne voyez pas une impolitesse dans ma qualification à votre égard, vous gérez des entreprises et vous êtes au fait de la gestion des grands projets et des stratégies en cas d’échec. 

Zefzafi vous a fait pointer sous votre nez les échecs de vos chargés de missions. 

Vous n’en pipez mot ! 

Vous avez même usé de ce qui peut être vu et interprété comme une sacrée provocation : vous discourez sur les nihilistes et les brasseurs de vents à El Hoceima quand vous faites preuve d’une très mauvaise gestion de l’entreprise Maroc ! 

Et on pourrait être tentés de ne pas en rajouter si sous vos pieds ne sied le nid de la corruption et de la dégradation de toute responsabilité de l’État  dont vous avez la charge sans qu’on vous oblige !

Votre serviteur Akhchichen, je dirais Kachine tout court, est confondu par ricochet d’abus d’usage des biens collectifs.

Vous me direz que vous le Roi  et le Roi est au-dessus de tout ça ! Mais vous avez des ambitions énoncées pour notre pays, car il ne faut pas oublier que ce pays est le nôtre aussi, ambitions de modernité et de modèle de gouvernance. 

Vos relais perroquisés nous squattent l’encéphale en vous mimant ….

Mais vous donnez à tous l’impression que vous ne gérez pas le pays dont vous avez la charge et en le rendant rentable comme vous le faites avec vos affaires fructueuses de sept fois depuis votre accession au trône.

Un autre exemple

Vous  avez dispensé un de vos ministres, ce sont vos mots, de ses charges alors qu’il ne répond à aucun critère pour être recruté pour ces différentes missions abouties à l’échec.

Même dans une PME, il n’aurait pas tenu un mois d’essai.

Vous vouez une confiance aveugle envers votre serviteur, ministre omnipotent, président de parti et régnant en votre nom sur la gouvernance du pays. Vous savez tout sur ses opérations fiscales qui privent l’État marocain de ressources financières importantes..

Et pour tout vous dire, vous n’y êtes plus et vous devriez vous dire comme le dit Kantorowicz, citant Richard III (1) : « Je m’étais oublié…Ne suis-je pas roi ? Réveille-toi, majesté fainéante ! Tu dors. Est-ce que le nom roi ne vaut pas vingt mille noms, Aux armes, mon nom, un chétif sujet s’attaque à ta gloire suprême » !

Des sujets de vous, puisqu’ils ont fait ce choix d’allégeance contrairement aux millions de citoyens qui ne voudraient que la reconnaissance de leur citoyenneté pleine et entière, usent et abusent du bourg à la grande métropole sous vos yeux…et vous narguez les plus démunis en les ignorant….

Kantorowicz rappelle que le roi qui ne meurt jamais meurt toujours et subit la mort plus cruellement que les autres morts. Vous discourez quand d’innocents citoyens croupissent dans les geôles et des voyoux impétueux jouissent de vos protections !

De vos deux corps, naturel et immortel, aucun n’est légal. Disparues aussi, la fiction constatée des prérogatives royales de toutes sortes, et ce qui reste, se fond dans les privilèges de vos voyoux assermentés.

Alors, Sir, jetez de côté le respect, la tradition, l’étiquette et la déférence cérémonieuse, car par votre absence de pertinence, vous êtes au coeur du mépris du citoyen. Comme il vit sans pain, il sent le besoin, il éprouve la douleur (2) 

M. B.

Note

1) Kantorowicz « Les deux corps du roi » – page 676

2) Opus cité – page 678

Auteur
Mohamed Bentahar

 




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