L’Afrique dans sa configuration actuelle, est une création de la colonisation française qui a tracé ses frontières pour en faire un « socle de la France » laquelle a façonné les mentalités des autochtones en les dressant les uns contre les autres. La colonisation a émietté la région pour en faire la propriété des Etats qui vont en faire une propriété privée.
Les Etats africains dans leur configuration actuelle sont les produits de la décolonisation opposant des monarchies aux républiques, des dictatures militaires aux régimes laïcs, des Amazighs aux Arabes, les Marocains aux Algériens, des Tunisiens aux Libyens.
La décolonisation de l’Afrique a donné naissance à des entités étatiques artificielles dominées par des régimes politiques autocratiques et despotiques sans légitimité historique ou démocratique qu’ils soient monarchiques, militaires, ou policier veillant jalousement sur leurs frontières c’est-à-dire leur espace de domination politique, économique et culturelle. et en inculquant au colonisé qu’il est inférieur au colonisateur, qu’il soit marocain, algérien, tunisien ou libyen. L’un ne peut se définir que par opposition à l’autre.
Par conséquent un colon ne peut être qu’un privilégié par rapport aux indigènes ; le colonisé est dépourvu de tout droit, c’est un être inférieur constamment soumis et humilié, en état de carence permanente. Du statut de l’indigénat au statut de citoyen, que de chemin à parcourir, que d’obstacles à franchir, que de pièges à éviter. Le passage de la soumission aux autres au contrôle de soi-même et de la domination à l’autonomie est une œuvre de longue haleine qui exige patience et persévérance.
En imposant un schéma institutionnel dont la logique de fonctionnement était radicalement opposée à celle de la société indigène, et un modèle économique étranger aux réalités locales des populations, le colonisateur préparait en fait la société postcoloniale à l’échec de la modernisation politique et au développement économique. Pour la France, la stabilité des régimes garantit la pérennité de ses intérêts en Afrique.
Aujourd’hui, l’occident domine le monde arabe et musulman grâce entre autres à sa haute technologie de pointe et à ses armes sophistiques de destruction des masses que les dictatures arabes et africaines s’arrachent à prix d’or au détriment du bienêtre de leurs populations affamées et meurtries. Des armes qui visent à impressionner les peuples voire à les réprimer, finissent généralement par être rouillées sans avoir servi. Le temps est une arme redoutable contre les tyrans.
Les despotes finissent par succomber à l’usure du temps. L’histoire est pleine de surprises. Hier envahisseurs, aujourd’hui envahis, les pays dits « d’accueil » ont essayé toutes les politiques que ce soit de cohabitation, d’assimilation ou d’intégration, aucune n’a réussi.
Alors, ils se retournent vers les Etats post coloniaux pour leur ordonner de constituer une « ceinture de sécurité » de l’Europe menacée par un flux migratoire incontrôlé. Une émigration encouragée par une répression aveugle des autorités et l’absence de perspectives pour une jeunesse désœuvrée.
Le mouvement migratoire des peuples est un phénomène marquant de ce XXIème siècle. C’est une revanche de l’histoire des africains dépouillés injustement de leurs richesses naturelles par l’occident triomphant en perte de vitesse vivant de son passé « glorieux », d’un présent tumultueux et pour un avenir incertain. La fin du pétrole va creuser la faim dans le monde.
La famine sera le critère biologique déterminant de sélection des peuples à la survie. C’est dire toute la responsabilité du choix des hommes devant conduire le destin de la nation. Que l’argent du sud retourne au sud, le nord en a fait un très mauvais usage.
Une fois les gisements pétroliers et gaziers épuisés et l’indépendance du pays compromise, le Sahara sera-t-il le futur potager de l’Algérie ? ou sera-t-il de nouveau sacrifié pour produire des hydrocarbures non conventionnelles après avoir servi de terrain d’expérimentation de la bombe atomique française, des armes chimiques et avoir arrosé l’économie européenne d’un pétrole abondant et à bon marché, et ainsi avoir assuré la survie artificielle d’une civilisation matérialiste occidentale en déclin ? Est-ce la fin des temps ?
L’agriculture saharienne, de surcroît une agriculture « bio à bas prix », n’est pourtant pas une utopie avec une lumière abondante, de grandes surfaces à perte de vue, une énergie solaire à profusion, des ressources en eaux souterraines accessibles captées, transportées, traitées, exploitées rationnellement comme dans le passé ancestral ou mieux encore, une main d’œuvre qui ne demande qu’à être employée, les techniques de production modernes existantes, un financement à portée de main.
Des oasis verdoyantes fleuriront. Les populations se déplaceront, les algériens se remettront au travail, des îlots de vie apparaîtront, l’espoir renaîtra. Une ceinture verte de sécurité alimentaire des peuples de la région se formera ; elle sera plus profitable et moins coûteuse que toutes les armées sophistiquées réunies du monde mobilisées pour la protection des puits pétroliers et gaziers, vitaux pour le pays et d’un intérêt indéniable pour l’occident. L’Europe y trouvera certainement son compte et apportera sans aucun doute son savoir-faire pour ne pas courir le risque d’être envahie par les peuplades venant du Sud dans des embarcations de fortune traversant une méditerranée devenue au fil des ans le cimetière des Africains.
« L’Algérie est capable d’accompagner les Etats du Sahel dans l’agriculture et la sécurité alimentaire » a déclaré le Directeur Général de la FAO à la réunion des ministres de l’agriculture des pays membres du Centre international des hautes études agronomiques du bassin méditerranéen (Ciheam). Que les pipelines et les gazoducs prennent la direction du sud.
La paix dans la région passe par le développement de l’Afrique. Il y va de la protection de l’occident. Idées chimériques ou idées prometteuses ? Le pays doit tourner le dos à l’Europe et regarder en direction de l’Afrique subsaharienne. Que l’argent du sud retourne au sud, le nord en a fait un très mauvais usage avec évidemment la connivence du grand Nord qui défend les droits de l’homme, de l’homme occidental évidemment. Un grand Nord qui ne cherche que le pillage du grand Sud.
Dr A. Boumezrag