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Agé, le système ne supporte pas les affronts de la rue

CRIMES ET CHATIMENTS

Agé, le système ne supporte pas les affronts de la rue

« C’est ouvrir une digue que de commencer un procès », proverbe arabe

Ce que le peuple réclame et que l’armée redoute c’est l’instauration d’un Etat de droit ouvert sur le monde fondé sur une morale et animé par des dirigeants honnêtes et compétents élus en toute liberté sur la base d’un programme  clair et d’un échéancier précis et sur la base duquel ils seront appelés à être jugés.

Par des manifestations pacifiques grandioses, dans un espace public qu’il lui a été interdit, il affiche sa volonté de se libérer du système répressif et corrompu hérité de la colonisation française  reconduit par l’élite du mouvement de libération nationale au lendemain de l’indépendance. La jeunesse dénonce l’anachronisme du système de gouvernance.

Naguère, dans les temps les plus reculés de l’histoire de l’humanité, les militaires étaient classés au bas de l’échelle sociale, aujourd’hui que le monde est un village planétaire où l’information circule à la vitesse de la lumière, les militaires dominent la nation sans parvenir à jouer le rôle antique du maître vis-à-vis de ses esclaves. De plus, la violence aveugle des années 90 et la corruption généralisée des années 2000 sont les deux facettes d’une même Algérie, celle de l’impunité et de l’arrogance.

Il est vrai qu’un peuple émotif secrète naturellement un pouvoir narcissique. Autant le peuple est généreux, patient, pacifique, vrai autant le pouvoir est égocentriste, violent, menteur, dénué de toute empathie, sans aucune culpabilité ni scrupule, Le crime et la corruption se conjuguent au passé, au présent et au futur. La guerre et la paix cohabitent dans le même palais. L’amour et la haine du pays couchent dans le même lit.

Le pouvoir n’est pas prêt de changer. Il ne scie pas la branche sur laquelle il est assis. Il est comme un poisson dans l’eau. Il se nourrit des eaux troubles. Hier c’était la violence armée, aujourd’hui c’est la violence de l’argent. La transparence l’effraie, l’ombre le rassure. Quand la vérité éclate, l’argent se terre, la politique se dénude, les hommes révèlent leur impuissance, les femmes s’indignent, le couple se déchire, la famille s’effrite, la société se meurt, la viande se drogue à la cocaïne, le pain moisit à domicile,  le lait bronze au soleil, la plume s’assèche, le fusil se rouille, le pouvoir s’avère inutile.

Hier, le dirigeant vendait ses propres biens pour libérer le pays ; aujourd’hui, il vend son propre pays pour acheter de la cocaïne.

On dit que l’argent n’a pas d’odeur ; le pétrole démontre le contraire, il pollue tout sur son passage. Il est l’urine du pouvoir et l’eau bénite de la corruption. L’argent sale navigue dans les eaux glacées de la corruption comme un poisson dans l’eau.

Destruction des richesses par la dilapidation ou déplacement de richesse par la corruption ne sont-ils pas des crimes contre l’humanité ? Que vaut l’opulence d’une minorité au prix de la misère d’une majorité. Quel est le mérite d’une fortune bâtie sur le crime économique couvert par le politique dominée par l’armée.

L’économie étatique constitue le terreau de la corruption. Il n’y a pas de crimes sans argent comme il n’y a pas d’argent sans crimes. Crime et argent se conjuguent à tous les temps et à toutes les personnes.

Un homme séduit par l’argent facile est presque toujours un homme corrompu et par extension corrupteur. C’est un criminel en herbe. Il n’y a pas d’argent propre ou d’argent sale, il y a de l’argent tout court. L’argent n’a pas d’odeur. Entre le pétrodollar et le narcodollar, le dénominateur commun est le dollar. Il corrompt tout le monde. Nous sommes tous drogués. Elle est dans la farine, dans la poudre de lait dans la viande, dans les médicaments. Elle est dans tout ce que le gouvernement importe et que nous consommons sans sourciller.

Déçu par tant de forfaitures et de lâcheté, un poète inconnu aurait lâché ce cri de désespoir au pouvoir algérien : « pleure comme une femme, un pays que tu n’as pas su bâtir comme un homme ».

Un pays ouvert aux quatre vents. L’Algérie n’est pas en marge du reste du reste du monde, Elle subit les de plein fouet les influences extérieures. Son développement a consisté à importer des bâtiments en cartons, des usines tournevis, une autoroute meurtrière.

Un Etat constitué de coquilles vides que l’on désigne sous le vocable d’institutions qui obéissent aux ordres et non aux lois. Une économie dans laquelle le dollar est « le seul décideur » de l’Algérie indépendante. Un dollar qui croit en dieu. Le « système » croit au dollar. Il est son maître. Partout il est chez lui. Il circule librement. Il impose sa loi. Il n’a pas d’opposants. Il n’offre aucune alternative. Le pays est à sa dévotion. Nul ne peut lui résister. Tous s’inclinent sur son passage. Nous sommes tous à sa merci.

Les dinars imprimés ne sont que ses enfants illégitimes. Des enfants « x ». Ils sont orphelins. Le diable est témoin. Il est juge et partie. Qui pourra prétendre laver plus blanc que blanc ? Evidemment personne.
 

Auteur
Dr A. Boumezrag

 




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