C’est un Ahmed Attaf remonté comme une montre suisse contre le soutien d’Emmanuel Macron au plan d’autonomie du Sahara occidental que défend le voisin marocain.
La décision de la France de s’aligner sur le plan d’autonomie marocain pour la résolution du conflit autour du Sahara occidental, position exprimée dans la lettre adressée par le Président, Emmanuel Macron, au roi du Maroc Mohammed VI, était au centre de la conférence de presse organisée, ce mercredi 31 juillet 2024, tenue par Ahmed Attaf, ministre des Affaires étrangères et de la communauté nationale à l’étranger.
Il s’agit d’une démarche « dangereuse » en raison du fait qu’elle « contribue à perpétuer le statu-quo au Sahara occidental », s’alarme le chef de la diplomatie algérienne. Pourtant ledit statu-quo dure depuis presque un demi-siècle déjà. Ahmed Attaf considère qu’en portant sa caution au plan d’autonomie marocaine comme seule base pour le règlement du conflit du Sahara occidental, la France se met en porte-à-faux avec la légalité internationale et les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU.
Cette logique « exclut toute effort pour une solution alternative en application des résolutions onusiennes et de la légalité internationale, dont les résolutions du Conseil de sécurité adoptées également par la France », observe-t-il dans la déclaration liminaire d’Ahmed Attaf.
Ressortant les vieux moulins, le ministre des AE avance quelques évidences que tout le monde sait déjà. « La France a adopté pleinement l’approche marocaine concernant la question du Sahara occidental et fait de cette question une priorité qu’elle s’engage à défendre aux niveaux national et international (…) C’est comme si la proposition marocaine concernant le Sahara occidental était devenue une proposition française », maugrèe le ministre algérien. Il estime même que le plan marocain « n’a jamais été pris au sérieux au sein de l’ONU ». Pourtant, la réalité internationale est tout autre. L’Espagne, les Etats-Unis, l’Allemagne et maintenant la France soutiennent ledit plan. C’est dire qu’Ahmed Attaf tente de cacher le soleil avec un tamis.
Dans la foulée de ses attaques, le ministre impute au Maroc la responsabilité de l’enlisement de ce conflit : « Il s’agit d’un statu quo directement provoqué par le plan d’autonomie présenté par le Maroc », qui avait comme objectif, d’ »anéantir le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui en avortant l’organisation d’un référendum (…) anéantir les solutions politiques alternatives et empêcher l’émergence de toute initiative sérieuse (et) gagner plus de temps pour consolider le fait accompli colonial », argumente le MAE algérien qui considère que « la décision française de soutenir la réalité coloniale imposée au peuple sahraoui va à contre-courant des récents efforts diplomatiques déployés par les Nations unies et par d’autres acteurs internationaux dans le but de relancer le processus politique pour mettre fin au conflit ».
L’alignement de la France sur la position marocaine est un « accord » conclu entre deux parties « aux dépens d’une autre partie, qui est le peuple sahraoui » et qui « n’est pas valable légalement, politiquement ou moralement » persifle-t-il.
Dans une dernière tentative de convaincre la presse, Ahmed Attaf s’est dit convaincu que le positionnement de la France ne changera rien de la validité de la question du Sahara occidental au sens du droit international. A ce titre, elle reste « une question de décolonisation », s’insurge Ahmed Attaf qui laisse la voie ouverte à d’autres mesures de rétorsion à l’égard de la France. Lesquelles ?
Il est difficile de croire que l’Algérie puisse aller plus loin que ce rappel d’ambassadeur. On se souvient de la crise avec l’Espagne suite au soutien de Madrid au plan de Rabat sur le Sahara occidental. Après quelques coups de mentons et de déclarations comminatoires, l’Algérie a rappelé son ambassadeur pendant quelques mois avant de revenir sur sa décision et de renvoyer à Madrid un nouvel ambassadeur sans faire le moindre du monde plier le chef de gouvernement espagnol.
Beaucoup de paroles pour peu d’efficience. Ahmed Attaf a brassé beaucoup de vent au cours de cette conférence de presse. Il vient de montrer que l’Algérie n’a plus de carte de pression sur la France. A contrario de la remise en cause de la visite d’Etat de Tebboune en France, le roi Mohammed VI vient d’inviter Emmanuel Macron pour une visite d’Etat au Maroc. C’est dire le changement de paradigme.
Samia Naït Iqbal