Les autorités ont donné le là pour le début de la déconstruction des immeubles en péril situes dans la partie est du centre-ville d’Ain El Hammam en butte à un glissement de terrain depuis de nombreuses années. Désemparés, les commerçants se sentent abandonnés par les autorités. Aucune indemnisation ne viendra apaiser leur désarroi.
Scènes sombres de désolation et de découragement sur les visages des dizaines de commerçants qui appréhendaient ce jour fatidique. Mardi 7 février 2023, que l’opération a été lancée en présence des autorités locales dont le chef de la daïra et le PAPC de Ain El Hammam ainsi du représentant local de la gendarmerie nationale. Un fort contingent de policiers anti-émeutes a été mobilisé par les autorités qui ont appréhendé l’opposition des propriétaires de locaux commerciaux et des logements évacués, voire même de la population locale.
Une appréhension qui s’avérera infondée puisque beaucoup parmi les citoyens qui étaient nombreux à rallier la ville de l’ex-Michelet en ce jour de marché hebdomadaire ont assisté indignés mais silencieux et calmes au lancement du chantier de démolition dont la délimitation s’étend juste en contrebas du croisement du carrefour situé au milieu du boulevard Colonel Amirouche appelé communément La place jusqu’à a la sortie ouest de la ville.
Un périmètre désormais interdit à la circulation automobile et livré exclusivement aux gros engins des travaux publics qui s’acharnent avec une indolente obstination à détruire tout un pan de la mémoire urbaine de Ain El Hammam. En clair c’est toute la partie nouvelle de la ville qui est soumise à la démolition.
L’arrêté de démolition concerne tous les édifices bâtis sur la zone d’une superficie de 10 hectares menacée par le mouvement souterraine du sol.
Seuls 14 immeubles publics construits dans le cadre d’une convention APC-CNEP abritant plus d’une centaine de logements et plus de 300 locaux commerciaux et dont les occupants ont exécuté l’ordre d’évacuation émis par la mairie sont concernées par l’ordre de démolition en cours d’exécution.
Les onze édifices privés situés à l’extrémité ouest du grand boulevard sont pour le moment épargnés par la démolition. « Aucun ordre d’évacuation n’a été donnée aux propriétaires de ces bâtisses qui sont toujours connectés au réseau d’alimentation en électricité, gaz, et d’eau potable », nous a confié une source locale.
Notre source n’arrive à décrypter le sens qui se cache derrière le geste de mansuétude des autorités. Reculade ou simple sursis accordé aux onze propriétaires de ces bâtiments autoconstruits et dont on peut imaginer le stress, l’appréhension et l’incertitude. Leur sort est-il tranché par les autorités ?
Il semble bien que oui si on se fier, aux dernières déclarations du wali de Tizi-Ouzou qui s’était montré inflexible et droit dans ses bottes. Djillali Doumi qui a invoqué son devoir en tant que commis de l’État de ne pas mettre des vies humaines en danger s’est dit bien décidé à appliquer les directives venues des autorités centrales.
Tout porte à croire que leurs mains ne trembleront pas lorsque viendra le moment de passer à l’acte de démolition des bâtiments privés dont les propriétaires se déclarent décidés à s’opposer même au péril de leur vie à la mise à bas de leurs biens.
Cependant, si les habitants ont été relogés (en location), aucune indemnisation ne se profile à l’horizon pour les centaines de commerçants qui ont payé leurs locaux rubis sur l’ongle. L’Etat se montre indifférent à cet état de fait. Tous les responsables parlent de démolition et de risques, mais aucun n’a avancé quelque déclaration sur une éventuelle indemnisation des propriétaires. Comment est-ce possible ? « Sommes-nous dans un Etat de droit ? », s’interrogent les commerçants.
400 millions de dinars pour la démolition et le confortement de la zone classée rouge
Quatre cents millions DA, c’est la somme débloquée pour l’opération de démolition des immeubles classées et le confortement d’une partie du boulevard Colonel Amirouche.
La décision du gouvernement a été annoncée, au mois d’octobre 2022, lors de sa visite à Tizi Ouzou, par le ministre de l’Habitat, de l’urbanisme et de la ville.
Mohamed Tarek Belaribi avait affirmé avoir pris la mesure du danger qui menace la ville de Ain El Hammam. La situation créée par le glissement qui s’est accéléré depuis 2006 mérite un traitement radical, selon le représentant du gouvernement qui a indiqué que la « décision a été prise de financer les travaux de démolition et la réalisation d’une étude de confortement du boulevard Amirouche du centre ville et qui ont nécessite le déblocage d’une enveloppe financière de 400 millions DA ». Là encore aucune déclaration sur une éventuelle reconstruction plus en amont par exemple de la ville.
Samia Naït Iqbal