Lili Boniche était juif. Il était algérien de naissance, de cœur, de corps et d’esprit. Mis à part Slimane Azem avec son célébrissime «L’Algérie mon beau pays », aucun artiste n’a mieux su déclamer sa flamme à notre cher pays que Lili Boniche avec son tube intemporel « Alger Alger » interdit par les chenapans d’Alger, juste parce que nos maîtres trouvent incongru d’aimer l’Algérie si on n’est pas musulman et pro-FLiN-toc !
Lili Boniche est considéré par ses pairs, à juste titre, comme le chantre de la musique judéo-arabe, encore dénommée, à tort ou à raison, arabo-andalouse ! Sa disparition en mars 2008 a laissé ce genre musical orphelin pour de bon ! On ne peut écouter « Alger Alger » sans se laisser envahir par des vagues de frissons à faire déborder mers et océans : « J’aime toutes les villes, un peu plus Paris, lakine machi comme l’Algérie », déclame Lili dans ce « françarabe » qui lui était si cher. Tout un programme !
Biographie (*)
De son vrai nom Eliaou Élie Boniche, Lili Boniche est né le 29 avril 1922 à Alger et mort le 6 mars 2008 à Paris, au 9e Arrondissement. Chanteur et crooner algérien de musique arabo-andalouse, son répertoire comprend des styles variés comme le chaâbi et les rumbas algéroises très populaires.
Né dans une famille juive, son père, mélomane et musicien convaincu, encourage les dispositions musicales de son fils en l’envoyant comme élève dès son plus jeune âge chez le maître Saoud l’Oranais, maître de hawzi, dérivé populaire de la musique classique arabo-andalouse. Il fréquente ensuite des écoles de musique réputées comme Moutribia et al-Moussilia.
Virtuose du luth à quinze ans, le directeur de Radio-Alger lui confie l’animation d’une émission consacrée au répertoire hawzi. Inventant un genre populaire, mélangeant rumba, paso doble, tango, mambo avec la musique arabo-andalouse, il écrit des chansons en « francarabe ». À la veille de la Seconde Guerre mondiale, Lili Boniche est célèbre au Maghreb, il fait des tournées puis anime le théâtre aux armées. Tous les lundis, galas à l’opéra d’Alger pour les militaires. En 1946, il vient à Paris, se produit au Soleil d’Algérie, cabaret proche de la place Pigalle.
À la fin des années 1950, il abandonne sa carrière en épousant une comtesse qui l’exige, et prend la direction de quatre cinémas à Alger, mais continue à y chanter.
Après l’indépendance de l’Algérie en 1962 et l’exode des pieds-noirs, il s’installe à Paris, se reconvertit dans la restauration et la vente de matériel de bureau, tout en pratiquant la musique en privé, chantant dans les fêtes de la communauté juive.
Il retrouve la scène et les studios au tournant des années 1980-1990. Sollicité par un journaliste, Francis Falceto, il fait une tournée dans toute l’Europe (au Barbican de Londres, à l’Olympia de Paris, en Allemagne, Belgique, Suède, Suisse, Italie, Espagne, etc.) et au Japon. Il enregistre l’album Alger, Alger, produit en 1996, et publié en 1999, sous la direction artistique de Bill Laswell, bassiste et producteur américain expert en world music
La musique de Lili Boniche, celles de ses amis Maurice El Médioni ou Reinette l’Oranaise, redevient à la mode. En 2003, il publie Œuvres récentes, avec la collaboration du chanteur -M- et du batteur Manu Katché.
Cependant, au moment du tournage du film El Gusto, en 2007, un documentaire consacré aux musiciens juifs et musulmans pratiquant le chaâbi, le chanteur n’est plus en mesure de monter sur scène et doit renoncer à participer à cette entreprise. Bien dommage que ce monstre ne nous ait pas gratifié d’un dernier tour de chant dont il a le secret.
Kacem Madani
(*) Source : Wikipédia