L’Algérie avance à reculons. Chaque année qui vient s’avère pire que la précédente. Tandis que les discours officiels de Tebboune et ses porte-voix continuent de promettre un avenir radieux, le pays s’enlise dans une crise politique et économique profonde, alimentée par une gouvernance autoritaire, des décisions irrationnelles et un immobilisme institutionnalisé.
Dépourvu d’imagination et sans courage politique, le régime de la diarchie Tebboune-Chanegriha a renforcé sa mainmise sur toutes les sphères de la décision, muselant l’opposition, neutralisant la société civile et criminalisant l’expression libre.
Avec près de 250 détenus d’opinion, un nombre indéterminé d’Algériens placés arbitrairement sous interdiction de quitter le territoire national, une presse vouée à louer les réalisations imaginaires de Tebboune et compagnie.. on ne peut pas dire qu’on est toujours dans une démocratie. Bien au contraire, on macère dans une démocrature dangereuse.
L’arbitraire est devenu la norme. La punition des voix dissidence une gouvernance. Le cynisme un état d’esprit assumé. Dire que des militants pacifiques, des journalistes, des lanceurs d’alerte se retrouvent derrière les barreaux sous des prétextes fallacieux relève désormais d’une banalité renversante.
Les institutions, censées jouer un rôle d’équilibre et de contrôle, ne sont plus que des coquilles vides, entièrement soumises au pouvoir. La justice, instrumentalisée, n’assure plus ni indépendance ni équité. Sous Tebboune, elle est devenue un instrument de vengeance sur la société. Le pacte social, déjà fragile, se délite face à une population de plus en plus désabusée.
L’économie, quant à elle, est en état de paralysie. Aucun investissement sérieux. Malgré la manne énergétique toujours précieuse, aucune stratégie cohérente de diversification n’a vu vraiment le jour. Tebboune annone les mêmes annonces à chacune de ses sorties: développement de l’agriculture, soutien aux startups, relance industrielle. Mais sur le terrain, c’est l’inertie. Le vide abyssal.
L’administration est sclérosée, corrompue. Les banques ne jouent plus leur rôle. L’investissement privé découragé par une instabilité réglementaire chronique, un accès au crédit verrouillé et une fiscalité dissuasive. À cela s’ajoutent des décisions absurdes qui révèlent le décalage inquiétant entre les dirigeants et les réalités économiques : fermeture soudaine de marchés, restrictions commerciales contre-productives, lois improvisées sans consultation ni évaluation d’impact.
La jeunesse, quant à elle, n’y croit plus. Elle n’a qu’un seul horizon : quitter le pays à tous prix. Quitte à jouer sa vie sur une barque de fortune en Méditerranée. Les promesses de réformes structurelles, d’amélioration du climat des affaires ou de modernisation de la gouvernance ne se sont que chimères. L’exode continue, et le chômage massif pèse comme une chape sur l’avenir. À force d’attendre, beaucoup ont renoncé.
Dans un contexte international marqué par l’instabilité géopolitique, un Sahel particulièrement fragilisé, le repli nationaliste et les bouleversements énergétiques, l’Algérie pourrait jouer un rôle stratégique. Elle en a les moyens. Mais encore faut-il une vision claire, un État de droit effectif, et un pouvoir qui accepte de partager le destin du peuple plutôt que de le confisquer. Or, en 2025, rien n’indique que ce tournant soit amorcé. Bien au contraire, le pays s’isole. Il incarne désormais l’absurdistan.
C’est indéniable. L’Algérie est en panne de gouvernance. Le sursaut viendra, mais à quel prix, et quand ? Voilà la véritable question que tout Algérien se pose.
Rabah Aït Abache