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Algérie : exporter « des fossiles », importer des « faux-cils » ?

Pétrole

On se demande parfois si l’énergie produite par des centrales nucléaires est une énergie fossile ou une énergie renouvelable. Et la réponse ni l’une ni l’autre. L’énergie nucléaire est à ce jour du moins pour les experts une énergie dé carbonisée non renouvelable. O

n sous-estime pour des raisons qui nous échappent le risque d’accident nucléaire, le risque encouru sur la santé de la population, l’impact sur l’environnement, le coût exorbitant du nucléaire, le prix élevé de l’électricité produit à partir des centrales nucléaires, sans compter le danger des déchets nucléaires. Les gens qui croient que tout est facile, ce sont les vieux fossiles comme, le pétrole et le gaz.

Aux commandes depuis 1962, les dirigeants algériens ont su faire croire au peuple algérien meurtri que la providence se trouve au sommet de l’Etat et non dans le sous-sol saharien. Ils ont « décidé » de bonne ou de mauvaise foi, seul dieu peut juger, d’assurer le bien-être de la population en s’attribuant d’autorité le rôle de distributeur des richesses et des revenus pétroliers et gaziers par la promotion d’un Etat providence adossé à un Etat gendarme.

Là où il y a la carotte, le bâton n’est pas très loin. L’histoire et la géographie se rejoignent au présent. C’est ainsi que le pétrole va assurer l’osmose entre le régime et l’Etat. Il va favoriser des pratiques mafieuses au profit des clans.

En temps de paix comme en période guerre, dans l’opulence comme dans la disette, les clans ont toujours su trouver un consensus dans la prise de décision et le plus souvent sur le dos des populations présentes et futures. « Un compromis, c’est l’art de couper le gâteau de telle manière que chacun pense avoir la plus grosse part ». Et dans ce domaine, le dirigeant algérien excelle, c’est un des critères qui préside à sa désignation. Un héritage d’un passé lointain, une réalité du présent, et une projection pour le futur immédiat. La nappe de l’Albien se trouve en grande partie dans le Sahara algérien. Elle est la plus grande réserve d’eau douce au monde, l’équivalent de 50 000 km3 d’eau potable accumulées depuis des  millions d’années.

Sous le sable chaud du désert saharien se cache une mer d’eau fraiche grande comme quatre fois la France. « Les villes seront détruites, les déserts construits ». L’Algérie côtière est soumise à une activité sismique régulière. Des villes bâties sur une faille sismique abritent la quasi majorité de la population.

Un schéma d’aménagement du territoire entamé par la France coloniale et poursuivi par l’Algérie indépendante. Ce schéma d’aménagement du territoire d’inspiration coloniale mis en œuvre au lendemain de l’indépendance a eu pour conséquences la concentration des populations dans les villes conduisant au bétonnage des terres agricoles fertiles  du pays sur le littoral et la pollution des côtes de la méditerranée.

A contrario, les hauts plateaux seront abandonnés dans un état de sous-développement plus adaptés à recevoir des industries de transformation avec une répartition spatiale équilibrée de la population par la création de villes nouvelles. Cette gestion autocratique, anarchique et irresponsable de la société et des ressources du pays n’est nous semble-t-il pas étrangère à l’influence et l’attraction de la France sur/par les « élites cooptées » du pays, aujourd’hui vieillissantes pour la plupart, maintenue en activité malgré leur âge avancée et finissent presque tous dans un lit parisien. Elle s’insère parfaitement dans la stratégie de décolonisation du général De Gaulle, engagée dès 1958 à son retour au pouvoir et parachevée en 1962 par la signature des accords d’Evian dont la partie la plus secrète a été semble-t-il largement exécutée.

L’Algérie a arraché son indépendance par l’emploi de la ruse, elle a raté son développement par manque d’intelligence. Avec une densité de cinq habitants au kilomètre carré au sud et deux cents habitants au kilomètre carré au nord, l’Algérie est un bateau qui chavire.

La remise à flots suppose évidemment une répartition judicieuse de la population et une exploitation rationnelle de ses ressources humaines laissées en jachère par les politiques économiques suicidaires menées à la faveur d’une manne pétrolière et gazière providentielle en voie de tarissement dans un avenir très proche. C’est ainsi que l’Algérie s’est installée depuis de nombreuses années dans une position inconfortable d’un pays déficitaire et gros importateur de denrées alimentaires dont l’éventail est très large et concerne pratiquement un nombre important de produits (sucre, huile végétale, lait, légumes secs et notamment les céréales, produit stratégique entrant dans la consommation courante et quotidienne de la quasi-totalité de la population quel que soit le modèle de consommation considéré (urbain ou rural).

L’Algérie est le seul pays au monde à négliger ses paysans, ses artisans, ses travailleurs qualifiés, ses fonctionnaires honnêtes, ses penseurs, ses créateurs alors qu’aujourd’hui en Europe, aux Etats Unis, le revenu des paysans est protégé et subventionné et la terre prend de la valeur. La revalorisation de la terre serait un moyen de redonner à l’algérien le goût du travail et non l’envie de fuir le pays ou de mettre sa vie en péril dans des embarcations de fortune.

« La terre est comme la femme, plus on la laboure, et plus elle donne du blé ». De toute façon, on ne peut se passer d’une ressource négligée par le passé de par sa discrétion, à savoir l’eau. L’eau est un facteur décisif pour la solution des problèmes du citoyen d’une part et pour la construction d’une économie de survie d’autre part. Car, l’élévation de la production agricole et l’amélioration de la productivité nécessitent des besoins accrus en eau pour irriguer plus de sept millions de terres agricoles asséchées ou en voie d’assèchement et étancher la soif de 44 millions d’habitants.

De plus en plus, l’eau devient « un problème politique et social ». Aussi semble-t-elle être prête à céder les réserves de pétrole et de gaz se trouvant dans le sous-sol contre tout bonnement un peu d’eau et beaucoup d’oxygène car considère-t-elle, que si le pétrole et le gaz « polluent »,  l’eau et l’air « purifient », consciente de plus en plus que la terre algérienne n’a pas besoin du sang des guerriers mais de la sueur des hommes. Pour ce faire, elle est à la recherche d’une nouvelle idéologie fondée sur le travail créateur de richesses et d’une pensée libératrice productrice de valeurs et de symboles pour la tirer de cette léthargie qui lui colle à la peau depuis plus de cinq décennies. Que de temps perdu ? Que d’énergie gaspillée ? Que d’opportunités ratées ?

Dans un pays où s’accumulent des fortunes et où l’homme dépérit, on ne peut que méditer cet adage populaire : « une richesse amassée est un tas de fumier puant et que par contre une richesse répandue est un engrais fertile ». Autrement dit une fortune entre les mains des gens sans esprit sans scrupule et sans moralité est un danger public.

La possession des biens ne signifie pas nécessairement jouissance de ces biens et encore moins en tirer profit pour le bien de tous et de chacun. Face à cette situation contraignante où le taux de dépendance croit rapidement d’une manière alarmante (Le covid-19 n’y est pour rien) est-il possible de renverser la vapeur ? C’est-à-dire d’augmentation l’offre locale. Pour augmenter l’offre alimentaire on peut soit étendre la superficie cultivée soit améliorer les rendements. L’agriculture saharienne offre des perspectives rassurantes pour peu que la volonté politique soit manifeste.

Les pays développés soutiennent la production, les pays rentiers soutiennent les importations c’est-à-dire financent la dépendance du pays aux variations des prix vers la hausse sur les marchés internationaux rendant vulnérables leurs populations. La fin du pétrole va creuser la faim dans le monde.

Une fois les gisements pétroliers et gaziers épuisés et l’indépendance du pays compromise, le Sahara sera-t-il le futur potager de l’Algérie ? ou sera-t-il de nouveau sacrifié pour produire des hydrocarbures non conventionnelles après avoir servi de terrain d’expérimentation de la bombe atomique française, des armes chimiques et avoir arrosé l’économie européenne d’un pétrole abondant et à bon marché,  et ainsi avoir assuré la survie artificielle d’une civilisation matérialiste occidentale en déclin ? Est-ce la fin des temps ?

L’agriculture saharienne, de surcroît une agriculture « bio à bas prix », n’est pourtant pas une utopie avec une lumière abondante, de grandes surfaces à perte de vue, une énergie solaire à profusion, des ressources en eaux souterraines accessibles captées, transportées, traitées, exploitées rationnellement comme dans le passé ancestral ou mieux encore, une main d’œuvre qui ne demande qu’à être employée, les techniques de production modernes existantes, un financement à portée de main.

Des oasis verdoyantes fleuriront. Les populations se déplaceront, les algériens se remettront au travail, des ilots de vie apparaîtront, l’espoir renaîtra. Une ceinture verte de sécurité alimentaire des peuples de la région se formera ; elle sera plus profitable et moins coûteuse que toutes les armées sophistiquées réunies du monde mobilisées pour la protection des puits pétroliers et gaziers, vitaux pour le pays et d’un intérêt indéniable pour l’Occident. L’Europe y trouvera certainement son compte et apportera sans aucun doute son savoir-faire pour ne pas courir le risque d’être envahie par les peuplades venant du Sud dans des embarcations de fortune traversant une méditerranée devenue au fil des ans le cimetière des africains.

« L’Algérie est capable d’accompagner les Etats du Sahel dans l’agriculture et la sécurité alimentaire » a déclaré le Directeur Général de la FAO à la réunion des ministres de l’agriculture des pays membres du Centre international des hautes études agronomiques du bassin méditerranéen (Ciheam). Que les pipes line et les gazoducs prennent la direction du sud. La paix dans la région passe par le développement de l’Afrique. Il y va de la protection de l’occident. Idées chimériques ou idées prometteuses ?

Le pays doit tourner le dos à l’Europe et regarder en direction de l’Afrique subsaharienne. Que l’argent du sud retourne au sud, le nord en a fait un très mauvais usage avec évidemment la connivence du grand Nord qui défend les droits de l’homme, de l’homme occidental évidemment. Un grand Nord qui ne cherche que le pillage du grand Sud.

Avec une densité de cinq habitants au kilomètre carré au sud et deux cents habitants au kilomètre carré au nord, l’Algérie est un bateau qui chavire. La remise à flots suppose évidemment une répartition judicieuse de la population et une exploitation rationnelle de ses ressources humaines laissées en jachère par les politiques économiques suicidaires menées à la faveur d’une manne pétrolière et gazière providentielle en voie de tarissement dans un avenir très proche. « Il n’y a pas de richesse sans créativité, ni de créativité sans démocratie » nous dira Jacques Attali, un pied noir né le 1er novembre 1943 à Alger..

Dr A. Boumezrag

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