Des droits de l’homme à la traite des humains ? C’est un fait établi, l’Etat en Algérie est un Etat sous-développé. Le sous-développement économique est une réalité globale multidimensionnelle. On peut parler de sous-développement politique comme on peut parler de sous-développement économique ou culturel.
La précarité de l’Etat est telle que toute tentative de développement autocentré qui dépasse les exigences de profit des élites au pouvoir est généralement perçue par celles-ci comme un manque à gagner ou une menace. Ce qui compte avant tout c’est le maintien du statuquo même si cette situation engendre les germes de sa propre destruction ou liquidation.
Cette élite « pseudo-moderniste », culturellement aliénée, extravertie, modelée par la culture française apparente et de bas étage, échappe difficilement au piège des modèles étrangers, en particulier, sur le plan des institutions, du pouvoir et du développement. Cette fraction de la société qui détient le pouvoir administratif et donc le pouvoir économique, qui a seule les moyens de consommer les produits importés, surtout de luxe, qui a seule la parole, c’est l’Algérie des élites.
Elle se donne en modèle aux couches populaires, elle présente à l’étranger une image très embellie des réalités nationales. Elle prononce des discours sur la souveraineté et sur le développement tout en tirant profit de la dépendance et du sous-développement du pays.
L’Algérie navigue au gré des vents, sans boussole et sans gilets de sauvetage, sur une mer agitée à bord d’une embarcation de fortune dans laquelle se trouve une population jeune à la force de l’âge, serrés comme des sardines, à destination de l’Europe, ce miroir aux alouettes, pour finir soit dans le ventre des poissons soit avec un peu de chance chez mère Theresa implorant la charité chrétienne pour le gîte et la nourriture en attendant des jours meilleurs sur une terre qui n’est pas la leur et où ils ne sont pas les bienvenus, fuyant un beau pays arrosé du sang des martyrs béni de dieu, riche à millions et vaste comme quatre fois la France, qui sacrifie l’avenir de ses enfants et de ses petits-enfants pour un verre de whisky, une coupe de champagne, ou un thé à la menthe.
Le transfert du pouvoir perpétuait indirectement le système de dépendance économique et culturelle vis-à-vis de la métropole. Il s’agissait pour la France d’imposer à l’Algérie indépendante un ordre politique et juridique qui garantisse la prééminence de ses intérêts stratégiques. On peut dire qu’elle a réussi admirablement son pari. Le nationalisme s’est révélé qu’un acte illusoire de souveraineté.
L’indépendance politique n’avait pas suffi à elle seule à briser les liens de dépendance tissés à travers 132 ans de colonisation.
L’Etat centraliste et ostentatoire dérivé du modèle colonial a suscité le régionalisme, les dérives de l’intégrisme de ceux qu’il enferme dans un nationalisme formel et dans un rituel religieux sans esprit novateur.
Si la recherche de l’indépendance fût un principe légitime, les pouvoirs mis en place n’ont pas toujours respecté les aspirations populaires qu’elles impliquaient. La construction d’un Etat national d’inspiration de la mystique soviétique a permis aux dirigeants algériens d’occulter au nom de l’idéologie socialiste ses apparences avec le modèle colonial français, c’est-à-dire un Etat national comme héritier de L’Etat colonial français.
L’Etat français dont les soubassements religieux et idéologiques sont passés sous silence. L’Etat français est le produit de l’histoire du moyen âge et de la religion catholique romaine. Un Etat qui ne fait qu’obéir à l’archétype du « Dieu chrétien » ; lequel, omnipotent, et omniprésent se tient hors du monde et dirige celui-ci par des lois et des décrets qu’il lui impose d’en haut.
L’Etat est d’ailleurs parvenu à prendre la place du « Dieu chrétien » ou du « veau d’or des hébreux » dans la mentalité occidentale en devenant l’Etat providence. Cet Etat providence vise à substituer à l’incertitude de la providence religieuse, la certitude de la providence étatique. L’Etat c’est la providence des gens sans providence. « L’Etat s’est mis à la place de dieu et c’est pourquoi dans cette optique, les dictatures socialistes sont des religions au sein desquels l’esclavage d’Etat est un genre de culte divin » Carl Gustave Jung
Dr A. Boumezrag