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Algérie-France  quel impact économique de la brouille politique ?

Tebboune Macron

Tebboune et Macron, main dans la main : loin est ce temps.

Les opérateurs économiques sont avant tout inquiets et dans l’attente d’un apaisement depuis octobre et l’aggravation progressive de la brouille diplomatique entre Paris et Alger.

À part quelques signaux récents de tension dans le commerce du blé ou des retards dans le redémarrage de Renault en Algérie, le commerce bilatéral n’a pas subi de perturbation majeure.

Les signaux de tension existent sur le terrain économique entre l’Algérie et la France. Le groupe français Renault n’a toujours pas obtenu l’autorisation de relancer sa production, alors que le constructeur français s’était adapté aux nouvelles réglementations algériennes.

« Renault a fait de gros efforts d’investissement pour demander à ses sous-traitants de fabriquer en Algérie, souligne Michel Bisac, le président de la Chambre de commerce algéro-française. Donc, normalement, Renault devrait obtenir ses autorisations. Mais le contexte politique n’est pas du tout favorable. »

Blé français de mauvaise qualité cette année

Le blé français est également boudé par l’Algérie depuis octobre, un seul bateau est parti sur cette campagne, soit 31 000 tonnes, contre 1,6 million de tonnes habituellement, mais pour des raisons qui sont loin d’être uniquement politiques.

« La qualité était vraiment mauvaise en début de campagne, souligne le courtier en céréales Damien Vercambre. Les silos portuaires ont commencé à la travailler, c’est là qu’il aurait fallu une collaboration entre la France et l’Algérie. Mais la porte s’est refermée. L’Algérie a trouvé d’autres fournisseurs, essentiellement de mer Noire. »

Inquiétude exagérée des opérateurs ?

Pour l’heure, la brouille diplomatique entre Paris et Alger a surtout un impact psychologique sur les opérateurs. « Nous ne voyons pas du tout l’impact aujourd’hui, observe l’homme d’affaires algérien Slim Othmani. En revanche, évidemment, les entreprises françaises s’interrogent sur les conséquences que cela pourrait avoir sur leurs activités en Algérie. ».

Inquiétude palpable parmi les adhérents de la Chambre de commerce algéro-française, qui regroupe 400 entreprises françaises et 2 400 entreprises algériennes. Son président Michel Bisac veut néanmoins temporiser.

« Il faut faire attention à ce qui relève un petit peu du fantasme et de la réalité. Beaucoup d’entreprises mettent sur le dos de la situation actuelle certains blocages, mais c’est peut-être aussi parce qu’il y a des excès de zèle de l’administration algérienne. »

« Il n’y a pas de rupture commerciale »

Concrètement, il n’y a pas de perturbation majeure du commerce bilatéral, en 2024, selon les derniers chiffres des douanes. Les exportations de l’Algérie vers la France ont diminué de 12 %, mais les achats français de gaz naturel liquéfié algérien ont augmenté. Dans le même temps, les exportations de la France vers l’Algérie ont grimpé de 8 %. Et ce sont des fluctuations annuelles courantes.

« Il faut être mesuré parce que les exports comme les imports de la France sont erratiques, rappelle Dhafer Saidane, professeur à Skema Business School. Il y a des années où le taux de croissance des imports et des exports est positif, d’autres années où il est négatif. En l’état actuel des choses, on ne peut pas tirer de conclusions structurelles. Pour moi, il n’y a pas de rupture commerciale. »

Il est trop tôt, estime l’économiste, pour mesurer les conséquences éventuelles du différend politique franco-algérien.

RFI

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