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Algérie-Israël : les ambiguïtés diplomatiques d’Ahmed Attaf

Ahmed Attaf.

Ahmed Attaf. Crédit : MAE.

Les précisions apportées par le ministre d’Etat, ministre des affaires étrangères, Ahmed Attaf concernant l’attitude que va adopter l’Algérie au Conseil de sécurité de l’ONU où Israël siège également en tant que membre non permanent, illustre de façon claire les ambiguïtés de la diplomatie algérienne. Alors, nos représentants vont-ils qualifier Israël d’ »entité sioniste » comme ils le font à longueur d’ondes et de communiqués ?

L’Algérie a fait de sa dénonciation d’Israël l’alpha et l’oméga de sa politique étrangère. Au point où ses délégations  boycottent les prises de parole des représentants israéliens lors des assemblées générales de l’ONU ou dans d’autres réunions internationales ou les Israéliens sont invités. N’a-t-on pas vu des sportifs algériens refuser d’affronter des Israéliens ? Alors…

L’Algérie, qui aura à présider le Conseil de sécurité durant une année, se retrouvé désormais devant un dilemme psychologiquement et moralement intenable : que  fera Ahmed Attaf ou Bendjama, le représentant permanent de l’Algérie à l’ONU lorsque l’un ou l’autre aura à distribuer la parole et, à l’occasion, la donner au représentant israélien qui siège, comme l’Algérie, au Conseil de sécurité en tant que membre non permanent ?

Le représentant algérien se fera-t-il un point d’honneur, comme cela arrive habituellement, de quitter son pupitre de président de séance pour boycotter la prise de parole du représentant de l’État hébreu ? Plus prosaïquement, verra-t-on Ahmed Attraf ou Amar Bendjama se  hasarder à qualifier Danny Danon de représentant de l’entité sioniste ? Affaire à suivre.

Pour autant qu’elle peut être cocasse et inconfortable, la situation ne comporte pas moins des risques sur le plan diplomatique. En tous cas, sur le plan symbolique.

En effet, rester en place, et, éventuellement,  croiser le fer avec le délégué israélien, surtout lorsqu’il s’agira de débattre de la Palestine signifie une reconnaissance implicite (du moins sur le plan protocolaire et symbolique) de l’État d’Israël. 

A la presse qui lui a soumis cette lancinante  interrogation (la reconnaissance implicite (symbolique) de l’État d’Israël),  le ministre algérien des Affaires étrangères a eu une réponse qui mérite d’être  décryptée par les spécialistes en relations internationales. 

Il a indiqué que l’Algérie assumera pleinement ses responsabilités de présidente du Conseil de sécurité sans se départir de sa position officielle concernant la question palestinienne ni sur « l’entité sioniste » en elle-même.

« C’est vrai qu’il reste à l’Algérie sa position nationale, et parallèlement, elle a des responsabilités vis-à-vis du Conseil dont elle préside les travaux. Elle doit respecter ses usages, ses traditions et ses dispositions », a clarifié Ahmed Attaf dans une déclaration accordée à la chaîne publique AL24 News. Ainsi donc le langage qu’on sert aux Algériens ne sera pas le même que celui qui sera tenu au Conseil de sécurité !

Rappelant les fondamentaux de la diplomatie concernant les reconnaissances entre pays, Ahmed Attaf donnera une explication qui se veut comme un démenti aux informations colportées dans certains cercles sur la reconnaissance de l’Algérie d’Israël.

« Dans les relations internationales, il n’y a pas ce qui est appelé une reconnaissance implicite. Dans les relations internationales, la reconnaissance entre les États est toujours officielle, transparente et conformément à des dispositions et des restrictions claires », a, ainsi, répliqué le chef de la diplomatie algérienne.

Samia Naït Iqbal

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