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Algérie : la pègre ou la politique ?

TRIBUNE

Algérie : la pègre ou la politique ?

Si l’on avait des doutes sur l’ancrage national et résolument pacifique du mouvement de contestation (Hirak), la dernière liste de prisonniers d’opinion publiée par la CNLD est là pour conforter la justesse du mouvement populaire. L’issue est inéluctable.

Aucun des prévenus ou injustement condamnés n’est poursuivi pour « détention d’arme et de munitions de guerre catégorie IV, des faits prévus et punis par les articles XXXX…du code de la justice militaire » qui caractérisent les acteurs du système, qui cumulent depuis des décennies la pègre, la prédation, le mauvais business et la politique.

C’est cela l’événement majeur qui caractérise le mouvement citoyen depuis février 2019 : en finir avec la « politique de papa » qui gangrène le pays depuis 1962, et dont les mécanismes de formation et de reproduction tiennent plus de la sociologie de la maffia que d’une classe politique d’un pays normal. 

En finir avec la confiscation de la légitimité populaire et les tradition ancrées de ‘’parrains’’, ‘’protecteurs’’, « membre du clan de l’Est ou de l’Ouest », « fils ou fille de… », etc, dont l’unique objectif est la prédation des richesses nationales.

Les règlements de comptes en cours entre clans, par l’intermédiaire de la justice toujours aux ordres, est une illusion de rénovation politique. Ce n’est qu’un épisode parmi d’autres que le pays a subis depuis longtemps. 

L’innovation politique ne vient pas du système mais des citoyens qui confirment l’avènement  de la citoyenneté que cette période de lutte contre la pandémie a révélé et conforté. 

La véritable ‘’distanciation sociale’’ n’est pas celle imposée par la pandémie du Covid-19, entre citoyens, mais la distanciation et l’autonomie par rapport au système politique. Contrairement aux gesticulations et tentatives de manipulations de l’opinion par le système, la société a révélé ses capacités de prise de conscience des priorités, d’auto mobilisation et de solidarités exemplaires.

Cette révélation d’acteurs-citoyens, partout, dans toutes les régions du pays, constitue le fait majeur de rupture avec la politique passée de la pègre, des ‘’clients’’ et des ‘’obligés’’. C’est cette dynamique citoyenne que le système veut casser à tout prix par la répression.

« Si l’on pouvait faire du neuf avec du vieux ça se saurait ». Cette évidence qui est souvent rappelée par plusieurs auteurs, montre que le système politique persiste toujours dans cette voie sans issue pour profiter de la confusion, se repositionner et enfin durer au maximum… jusqu’au prochain replâtrage et règlement de compte, où la violence des armes, par des assassinats, est remplacée aujourd’hui par la violence de l’arsenal juridique de plus en plus répressif. 

Les débats en cours dans la société sur les opportunités et voies de contestation dans l’après confinement montrent qu’on est déjà dans l’après-système et dans le choix des moyens d’y parvenir. 

Gageons que l’intelligence populaire est toujours là pour frayer la voie vers la sauvegarde de la nation et la construction de la nouvelle Algérie… pas celle de la pègre. 

A.U.L.

Auteur
Aumer U Lamara, physicien, écrivain

 




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