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Algérie, la tragédie du silence

Hirak

Jusqu'à quand la digue policière tiendra-t-elle ?

Il est des pays où le silence est une tragédie. Et l’Algérie, sous le joug de ceux qui se succèdent au pouvoir, en est le plus triste exemple. Tebboune a encore parlé hier samedi. Pendant ce temps, le peuple et l’opposition sont réduits au silence et sommés de se taire.

Le silence, imposé par la répression, devient une ombre mortelle qui engloutit les vérités et étouffe les espoirs. Il y a ceux qui parlent, certes, mais à quel prix ? Ceux qui disent les choses telles qu’elles sont, qui dénoncent la corruption, les abus, le népotisme, finissent dans les geôles de l’État ou contraints à l’exil, comme nous l’avons vu trop souvent dans l’histoire récente du pays.

Le régime d’Abdelmadjid Tebboune ne fait pas exception. Plus de 200 prisonniers d’opinion, des dizaines de citoyens placés sous surveillance et sous interdiction de quitter le territoire national (même d’anciens hauts responsables sont soumis à cet arbitaire).

En effet, derrière la façade d’un homme présenté comme le « renouveau » de l’Algérie, on retrouve les mêmes rouages d’un système grabataire, héritier direct de cette longue tradition d’abus et de trahisons. La rencontre récente entre Tebboune et la presse ne fut qu’une pièce supplémentaire dans le théâtre de l’absurde où les mensonges du pouvoir sont glorifiés et où l’indépendance des médias est mise à mal.

Les journalistes conviés à cette mascarade ont peut-être cru, un instant, qu’ils pourraient jouer leur rôle. Mais il ne s’agissait là que d’un simulacre, d’une énième tentative de maquiller un régime en décomposition avancée, incapable de se réformer ou d’entendre les cris de ceux qui demandent justice. 

L’une des meilleures illustrations de sa sénéscence est sans nul doute l’âge des dirigeants : Tebboune (79 ans), le général-major Saïd Chanegriha (79 ans), le général Benali Benali (94 ans), Salah Goudjil (93 ans)…

Tebboune : l’art de la supercherie

Le chef de l’Etat, Abdelmadjid Tebboune est à la tête d’un État qui se maintient par la ruse, la répression et l’intimidation, comme l’avait si bien décrit Mohamed Benchicou dans ses écrits. Son ascension, loin d’être le fruit d’un vote populaire légitime, est plutôt l’œuvre de ces décideurs cachés, ces généraux qui tiennent les ficelles et orchestrent les jeux du pouvoir à leur avantage.

Dans le discours officiel, Tebboune se présente comme le réformateur, le rassembleur, mais les Algériens savent bien que ce vernis craque de toutes parts. Derrière ce masque de respectabilité se cache un président isolé, déconnecté des réalités et dépendant de l’appareil militaire pour conserver une quelconque autorité. La dernière présidentielle avec un taux de participation qui ne dépasse pas les 20% selon certains observateurs, a montré l’impopularité de Tebboune.

Cette illusion de renouveau est, en réalité, une imposture bien rodée. Et comme Benchicou l’a si souvent souligné dans ses dénonciations des régimes algériens, il n’y a pas de place pour l’indulgence face à de telles manœuvres. Tebboune, comme ceux qui l’ont précédé, se targue de servir le peuple, mais il n’est que l’auxiliaire docile de ceux qui manipulent l’Algérie depuis des décennies, transformant la République en une caricature grotesque.

La presse muselée, la voix des lâches

La presse algérienne, autrefois vivante et vibrante, s’est peu à peu transformée en une institution asservie, où les rares voix dissonantes sont réprimées ou réduites au silence. Il est loin le temps où les journalistes osaient encore défier le pouvoir ouvertement. Aujourd’hui, les quelques courageux qui continuent à dénoncer les abus de ce régime corrompu se retrouvent rapidement confrontés à la censure, aux menaces, et à l’incarcération. Ceux qui résistent le font au prix de leur liberté, car critiquer ce régime, c’est signer son arrêt de mort sociale, voire pire.

Mohamed Benchicou le disait avec une précision chirurgicale : « Ils veulent une presse aux ordres, une presse qui flatte et qui encense, une presse qui ne dérange pas, et surtout, une presse qui détourne le regard des véritables enjeux. » Et c’est exactement ce qu’ils ont réussi à créer. Ceux qui osent encore écrire sur la corruption, les droits bafoués, ou les affaires scabreuses, comme celle des milliards évaporés de Khalifa, sont perçus comme des ennemis de la nation. Ils sont traqués et emprisonnés. La vérité n’est pas bonne à dire aux Algériens, surtout quand elle remet en cause les dirigeants.

Un avenir en suspens, pris en otage

Le peuple algérien, ce peuple qui a bravé la peur pour descendre dans les rues lors du Hirak/tanekra, continue de vivre dans l’ombre de ce régime oppressif. Chaque jour qui passe sans que justice ne soit rendue, sans que les véritables réformes ne soient mises en œuvre, est un jour de plus où le destin de l’Algérie est pris en otage. Tebboune, comme les marionnettistes qui le tiennent en place, cherche à gagner du temps, espérant que la lassitude finira par faire taire le peuple.

Mais la jeunesse algérienne, elle, ne se résigne pas. Cette jeunesse connectée, instruite, qui a soif de démocratie et de justice, refuse d’abandonner l’espoir. Ils savent que leur avenir ne doit pas être confisqué par une poignée d’individus corrompus. Ils savent que l’Algérie mérite mieux que d’être gouvernée par des vieillards coupés de la réalité, nourris d’un pouvoir factice et obsédés par la préservation de leurs privilèges.

Le spectre de la répression toujours présent

L’histoire de l’Algérie est marquée par la répression, comme un fantôme qui refuse de disparaître. C’est l’ADN même du régime algérien et celui de tout pouvoir autoritaire.

Que ce soit sous Bouteflika ou aujourd’hui sous Tebboune, la méthode reste la même : réprimer, intimider, faire taire. Les jeunes qui protestent, les journalistes qui exposent, les militants qui s’organisent, tous sont confrontés à une machine répressive implacable. « La vengeance est leur style de gestion », écrivait Benchicou en parlant de Bouteflika, et cette observation est tout aussi valable aujourd’hui.

Jusqu’à quand la digue policière va-t-elle tenir ? Quels sont les derniers ressorts de l’opposition pour relever la tête et arrêter la machine infernale qui broie les Algériens ?

Où est donc l’espoir ? sommes-nous tentés de nous interroger. L’espoir réside dans ce refus obstiné du peuple algérien à se soumettre. Il est dans chaque manifestation, chaque article dénonçant les abus, chaque appel à la justice. C’est cette révolte silencieuse qui finira par éclater, car il ne peut en être autrement dans un pays où la dignité a été tant de fois piétinée.

La rédaction

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