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Algérie : les réseaux sociaux ont-ils tué la démocratie ?

REGARD

Algérie : les réseaux sociaux ont-ils tué la démocratie ?

Tout le monde s’accorde à dire que les réseaux sociaux, notamment Facebook, ont été les véritables inspirateurs du Hirak. Des réseaux qui ont amplifié la colère de notre jeunesse. Une jeunesse qui grondait déjà dans les stades, avec les tubes de Ouled El-Bahdja pendant les longues années qui ont précédé ce fameux 22 février 2019 « el-moubarak » !

Malgré ce soulèvement rassembleur -du moins le croyions-nous- tout le monde s’étonne qu’aucun mouvement fédérateur sur le terrain ne s’en soit suivi, côté démocrates.

Cela est facile à comprendre, quand on sait que toutes les statures politiques ont leur page Facebook. La distribution du nombre de followers donne un aperçu réel de la popularité des uns et des autres. Derrière son petit écran, chacun se croit maître du monde en pondant des communiqués et des analyses que les followers se dépêchent de liker par milliers, ce qui semble suffisant pour gonfler l’égo de nos démocrates.

D’ailleurs, les réactions des uns et des autres lors de grands évènements sociaux-politiques sont souvent reprises par la plupart des journalistes telles que puisées des pages Facebook des concernés.

En guise de repères comparatifs, ces quelques chiffres qui dévoilent la popularité des uns et des autres. Par ordre croissant, arrondi au millier près, voici le nombre d’abonnés de quelques statures politiques :

Nourredine Aït Hamouda : 1.000 

Ferhat M’henni : 33.000

Sofiane Djilali : 63.000

Nourredine Boukrouh : 67.000 

Saïd Sadi : 75.000 

Ali Belhadj : 202.000 fidèles !

Et, en haut de ce palmarès du web, Mohcine Belabbas totalise plus de 261.000 abonnés. Soit 30% de plus que Ali Belhadj et 3,5 fois plus que Saïd Sadi ! 

Si on ne se tenait qu’à ces chiffres, on peut conclure que la mouvance démocratique se porte plutôt bien. Cependant, il ne faut pas perdre de vue que le pays compte plus de 18.400 mosquées. Il est donc facile d’en déduire que nous sommes loin de sortir de l’auberge islamiste, et que le rêve démocrate n’est qu’une illusion chimérique.

Elle le restera, tant que nos politiciens ne comprendront pas que la révolution se fait sur le terrain et non pas par écrans interposés. Et, tant que ces statures politiques de la mouvance démocratique ne mettent pas leur égo de côté et continuent leur marche en ordre dispersé, ceux d’en face (les Ali Belhadj et autre Abdallah Djaballah) resteront les seuls à émerger de cet océan social en ébullition.   

Et, côté présidence, Abdelmadjid Tebboune affiche un nombre monumental de 1.242.000 abonnés. D’où sort un tel nombre ? C’est toute la magie du pouvoir ! N’oublions pas qu’avant sa chute, Bouteflika se targuait d’avoir récolté des millions de signatures pour un cinquième mandat. Avec ces chiffres, on justifiera un taux de participation plus que satisfaisant aux législatives. Et, la boucle de l’entourloupe est bouclée.

Pour paraphraser notre ami Yacine K., il va bien falloir nous résoudre à solder nos comptes, un jour ! Car, si ce n’est pas Tebboune, ça sera Ali Belhadj, et pourquoi pas Abdallah Djaballah ? 

L’équation n’a pas changé depuis la décennie noire, et sa solution non plus. Elle est unique, et se conjugue toujours au futur antérieur à la djahilia. Changera-t-elle un jour ? Il est permis d’en douter ! 

Désolé pour ce schéma pessimiste, nous sommes les premiers à nous en attrister, mais il ne faut pas nous voiler la face ou cacher le soleil avec un tamis !

 

Auteur
Kacem Madani

 




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