L’Algérie, une grande comédie dans un théâtre à ciel ouvert où les rôles sont distribués d’avance. Le spectacle est terminé. Il ressemble à une opérette de mauvais goût destinée à un public d’enfants attardés.
Nous nous entêtons à reproduire à l’infini les schémas de pensée qui ont fait la preuve de leur inefficacité. Albert Einstein nous a pourtant appris qu’ « un problème créé ne peut être résolu en réfléchissant de la même manière qu’il a été créé ». Nous refaisons à l’infini les mêmes erreurs,
Alors, à quoi bon la lumière du soleil si on garde les yeux fermés ? Le pétrole nous enivre, le gaz nous pollue, l’argent facile nous aveugle. C’est un argent sale. Un argent qui tue, qui corrompt, qui pourrit, qui détruit y compris les consciences.
L’argent coule à flot. Le prix du brut grimpe, les coffres se remplissent, tout coffre a une serrure, toute serrure a une clé, l’argent devient roi, les années fric blanchissent les années noires. La femme investit l’espace public et l’homme s’enferme dans l’espace privé. Il se cache derrière les écrans.
« Nous sommes les meilleurs, nous marquons des buts avec notre langue, nous applaudissons avec nos pieds, nous réfléchissons avec notre ventre ».
L’Algérie est dans une salle d’attente. Celui qui décide n’est pas responsable et celui qui est responsable ne décide pas. Les jeunes couples se forment et se déforment à la vitesse de la lumière. L’argent facile va et vient et fait des enfants.
Les Algériens sont sur un nuage. Avec le plein de kérosène et un ciel dégagé, l’avion Algérie poursuit son vol dans une ambiance bonne enfant. Le pilotage automatique est actionné.
Soudain des perturbations atmosphériques font tanguer l’avion. Il faut reprendre le manche. C’est à ce moment-là que les passagers se demandent s’il y a un pilote dans l’avion ? L’avion a décollé avec un pilote militaire, qui va se charger de l’atterrissage ?
Un message de la tour de contrôle s’affiche sur les écrans, « vous êtes en infraction avec la loi, un militaire ne doit pas piloter un avion civil ». Se trouvant à court de carburant et à basse altitude, l’avion se met à planer tous moteurs éteints. La catastrophe est inévitable. Ni les passagers ni l’équipage ne seront épargnés. Que faire ? Militaires et civils sont dans le même vaisseau. Leur sort est lié.
Les passagers ne peuvent jeter l’équipage par-dessus bord ; l’équipage ne peut pas se débarrasser des passagers à bord. Sommes-nous en présence d’un consensus social pour un suicide collectif ?
Nous sommes nos propres fossoyeurs. Pour sortir du trou dans lequel nous nous enfonçons, chaque jour davantage, nous devons commencer par s’arrêter de creuser car la solution se trouve sur terre ferme et non au fond d’un trou. Pour ce faire, il suffit de relever la tête, se tenir droit, et se regarder les yeux dans les yeux, en toute humilité, sans peur et sans reproche. Il faut s’armer de science et avoir foi en dieu.
La science est la clé de nos problèmes, la religion notre but ultime de notre éphémère existence. Nous sommes habités par des démons. Pour les chasser, nous faisons appel à des charlatans d’un autre âge venus d’ailleurs. Nous devons cesser d’être des marteaux pour devenir des cerveaux. Les cerveaux débattent, les marteaux s’entrechoquent. Si notre tête est ronde comme la terre et non pas linéaire comme le marteau, c’est pour nous permettre de changer de direction. « Si vous ne changez pas de direction, vous risquez de vous retrouver là où vous allez ».
A l’indépendance, dans un contexte de guerre froide entre l’Est et l’Ouest, l’Algérie a clignoté à gauche pour tourner à droite et se retrouver dans le décor L’Algérie sans la France, est ce que le pétrole est sans la bagnole et la France est sans l’Algérie ce que la bagnole est sans le pétrole.
Alors pourquoi se mentir, mentir aux autres, la vérité nous rattrape tôt ou tard Aujourd’hui, le leitmotiv face à la moindre difficulté consiste à différer le problème le plus longtemps possible, pour ne pas payer le prix dans l’immédiat, pour le reporter aux générations futures qui seront malheureusement bien contraintes de le payer et avec intérêt. Où est donc le temps où des générations entières se battaient pour que le sort des générations futures en soit amélioré ?
Dans la conjoncture actuelle, beaucoup de dirigeants sont plus attachés à leur « égoïsme » insatiable et à leur « privilèges » du moment et ne font pas réellement bloc avec leur société en proie à de nombreuses difficultés. Dès que le vent tourne, ils ne voient que leur intérêt propre et tournent le dos à l’adversité. Pourtant, nul n’ignore que l’adversité révèle les grands, et la prospérité produit des faibles. « Quand une nation est remplie de conflits, les patriotes s’épanouissent » nous enseigne la sagesse millénaire chinoise.
Dr A. Boumezrag