Le dernier communiqué de la présidence diffusé à grande échelle dévoile quelques indices sur la nature du malaise entre Tebboune et son premier ministre Benabderamane.
Qui savonne la planche à l’autre ces dernières semaines ? Tout d’abord Tebboune se lave les mains de toutes les mesures impopulaires prises ces derniers mois en plein précampagne électorale pour un deuxième mandat. Très courageux de sa part ! Mais mieux, il accuse le gouvernement et donc en fait il entend faire porter presque la responsabilité à son premier ministre. Ce n’est pas moi, c’est lui, soutient Tebboune.
Il pourrait en toute logique maghrébine et africaine insinuer que Benabderahmane lui est imposé et qu’il ne détient pas le pouvoir de le remplacer. Ceux qui connaissent les arcanes du pouvoir algérien savent pertinemment que Tebboune n’est qu’une façade. Impopulaire, sans assise, il a été intronisé par le défunt Gaïd Salah qui voyait en lui son assurance vie.
Car comment expliquer que tandis qu’Aïmene Benabderahmane se pavane dans les grandes capitales mondiales, comme aux Etats-Unis à la droite de Joe Biden au sommet USA – Afrique ou est reçu par le leader chinois Xi Jinping à Riyadh en marge des travaux du sommet sino-arabe Tebboune inaugure la 30e foire de la production nationale ? N’y a-t-il donc pas ici anguille sous roche ? Sinon tout au moins une inversion des rôles ? Hormis ses séjours médicaux en Allemagne on connaît deux visites importantes à Tebboune à l’étranger, une en Turquie et l’autre chez Kais Saied le Tunisien.
Quand Aïmen Benabderahmane fait don d’un milliard de dollars, bien sûr au nom de l’Algérie et de Tebboune, pour l’aide au développement en Afrique Tebboune décide de mettre le sort des Algériens en matière d’importation de pois chiches et de riz aux mains de l’Etat par le biais de l’OAIC. Qui est le Premier ministre ? Qui est le président ?
L’attitude statique et le désintérêt du premier ministre en matière d’économie, l’absence de mesures vigoureuses pour une réelle relance et les décisions bloquantes adoptées par le gouvernement sont les signes probants de la résistance du gouvernement et donc du premier ministre à toute forme de changement. Cela veut dire que ceux qui soutiennent Benabderahmane sont à la manœuvre pour pourrir les deux dernières années du chef de l’Etat.
Tebboune aurait enfin ouvert les yeux ? D’où la dépêche de l’APS qui lui prête une colère homérique contre le gouvernement. Est-il en mesure ou plutôt détient-il assez de pouvoir et d’autorité pour détourner le cours des événements et donc virer ce gouvernement « d’incompétents », comme il le dit. Rien n’est moins sûr. La teneur de sa dernière sortie médiatique est un indice plus que probable de son incapacité à influer.
Le premier ministre, Aïmene Benabderahmane préparé lancé et bichonné depuis une décennie serait-il le prochain chef de l’Etat ? Rien n’est joué. Wait and see.
L.M.