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Algérie : un pays à vendre ?

TRIBUNE

Algérie : un pays à vendre ?

« Vend pays, 2 millions de km², 1200 km de côte, montagnes, plaines, désert, réserves de  pétrole, de gaz et gaz de schiste, d’or, d’uranium, climat méditerranéen, 42 millions de consommateurs dociles, etc. » !

Ce n’est peut-être pas une nouvelle annonce du site de vente par internet, Oued Kniss, mais c’est ce qui passerait probablement lorsque le pays serait totalement entre les mains de cette oligarchie galonnée qui détient le pouvoir de fait aujourd’hui, au terme de la guerre des clans en cours.

Ce qui se faisait clandestinement depuis 1962, se ferait alors dans les règles de transparence de la respectable OMC (1) !

Pour ceux qui doutent, cette mise en scène des prochaines élections sans le peuple est là pour interpeller chacun(e) de la détermination du système à créer les conditions de la main mise totale sur le pays, quitte à saborder ce pays avant de rejoindre leurs fortunes placées à l’étranger, à la suite des quelques généraux et anciens ministres déjà exfiltrés.

La violence déployée contre les manifestants, les arrestations arbitraires et les mises systématiques sous mandat de dépôt, les sévères condamnations des détenus et certains cas de torture révélés ces jours-ci ne présagent aucun assouplissement du système politique.

Les acteurs potentiels pour la mainmise sur l’Algérie sont légion, et chacun à sa propre stratégie  et ses relais dans le système politique. Quelques exemples, certainement non exhaustifs :

  • L’Union Européenne qui souhaiterait garder la poule aux œufs d’or (contrats de gaz, pétrole, et d’équipements se faisant dans la surfacturation et la corruption systématique), et assurer une certaine stabilité sur sa rive sud, toujours présente dans la mémoire de l’histoire antique (2).

  • La Turquie, qui a toujours voté contre l’indépendance de l’Algérie à l’ONU avant 1962, dans l’espoir de récupérer son ancienne colonie, après la sortie de la France.

  • L’Egypte du maréchal Sissi qui ne désespère pas de recommencer l’opération de fusion avec ses homologues Algériens, dans la suite de Nasser (projet mort-né de fusion avec l’Algérie en 1963… comme celui réalisé avec la Syrie et le Yemen en 1958, qui était en fait une tentative d’absorption de ces deux pays par l’Egypte ; il a été abandonné en 1961). 

  • La Russie de Poutine, pour disposer d’une porte d’entrée sur l’Afrique.

  • Le groupe des monarchies du Golfe (Arabie Saoudite, Qatar, Emirats Arabes Unis, …), chacun jouant sa partie pour ses propres intérêts, qui ont déjà un pied dans le pays, et qui souhaitent annexer l’Algérie dans le package de l’arabo-islamisme pour faire avancer l’islamisme en Afrique et en Europe et les colossaux gains financiers.

  • Etc.

Seulement, il semble qu’il y ait un os dans l’annonce de vente de l’Algérie. 

Les 42 millions d’Algérien(ne)s ne seraient pas des moutons dociles… ni des béni-oui-oui.

 A.U. L.

Notes et liens internet :

(1) OMC : Organisation Mondiale du Commerce. 

(2) Quand Jugurtha fut hors de Rome, il tourna dit-on, plusieurs fois ses regards vers la ville, en gardant le silence, et s’écria enfin : « Ville vénale, et qui ne tardera pas à périr si elle trouve un acheteur » (« Vrbem uenalem et mature perituram si emptorem inuenerit / Ti$remt  usekkak, ad d-yas wass n nnger-is, asmi ad taf debb-is”) ; La guerre de Jugurtha, éditions les Belles Lettres p. 69.

 

 

Auteur
Aumer U Lamara

 




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