Le dernier Rapport de suivi de la situation économique – Printemps 2025 de la Banque Mondiale (BM) dresse un état des lieux particulièrement contrasté de l’économie algérienne.
Si la croissance hors hydrocarbures montre des signes encourageants, la dépendance persistante aux recettes issues du secteur énergétique continue de rendre l’économie nationale vulnérable aux fluctuations du marché mondial.
Une croissance hors hydrocarbures solide mais fragile
En 2024, le produit intérieur brut (PIB) hors hydrocarbures a progressé de 4,8 %, soutenu par l’investissement public et la consommation des ménages. Cette dynamique reflète une certaine résilience de l’économie intérieure, en particulier dans un contexte de réformes encore limitées.
En revanche, le secteur des hydrocarbures a enregistré une baisse de 1,4 % de son PIB, sous l’effet des quotas de production de l’OPEP+ et d’une hausse de la consommation domestique qui a réduit les exportations.
Des déséquilibres macroéconomiques persistants
Le rapport souligne également une dégradation des équilibres extérieurs et budgétaires. Le compte courant est redevenu déficitaire (–1,7 % du PIB), après deux années d’excédent, en raison d’une baisse des exportations (–10,2 %) et d’une hausse des importations (+9,7 %). Le déficit budgétaire s’est élargi à 13,9 % du PIB, principalement couvert par les ressources du Fonds de régulation des recettes (FRR).
L’inflation, quant à elle, a ralenti pour s’établir à 4,0 %, contre 9,3 % en 2023. Cette baisse s’explique en partie par une stabilisation des prix agricoles et une ouverture accrue aux importations de produits alimentaires.
Des perspectives 2025 soumises à de nombreuses incertitudes
Pour l’année 2025, la Banque Mondiale prévoit une croissance globale de 3,3 %, portée par un léger redressement du secteur des hydrocarbures (+1,6 %) et une progression plus modérée du PIB hors hydrocarbures (+3,6 %). Toutefois, les déséquilibres devraient s’accentuer : le déficit budgétaire pourrait atteindre 14,5 % du PIB et le déficit courant se creuser davantage (–6,6 %), en raison notamment d’une baisse anticipée des prix pétroliers et de la poursuite de la contraction des réserves de change.
À cela s’ajoutent des incertitudes d’ordre géopolitique et commercial, qui pèsent sur les perspectives du marché énergétique mondial.
Des réformes structurelles jugées indispensables
Face à ces défis, la Banque Mondiale appelle à une accélération des réformes économiques. Elle recommande notamment d’améliorer l’environnement des affaires afin de stimuler l’investissement privé, de renforcer la productivité dans les secteurs non énergétiques et de favoriser l’emploi dans des domaines à plus forte valeur ajoutée.
En matière de finances publiques, le rapport souligne l’importance d’une meilleure qualité des dépenses, en orientant les ressources vers les secteurs prioritaires et en instaurant une gestion plus rigoureuse des subventions.
Enfin, la transformation structurelle de l’économie passerait par la modernisation des politiques sectorielles et le renforcement des compétences de la main-d’œuvre, éléments jugés essentiels pour accroître la compétitivité et soutenir l’innovation.
Entre résilience et nécessité de changement
L’économie algérienne montre des signes de résilience, mais demeure structurellement dépendante des revenus énergétiques. Ce qui constitue une sérieuse faiblesse. Pour assurer une croissance durable et atténuer les risques liés à la volatilité des cours, la Banque Mondiale estime que des réformes économiques profondes sont désormais indispensables.
Samia Naït Iqbal
Source : Rapport de suivi de la situation économique – Printemps 2025″ de la Banque Mondiale